Chapitre 22H: avril 1774

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Ce mois d'avril, France m'apporta une lettre d'Amédée, qui allait fêter ses douze ans en décembre, il avait quelques problèmes de poumons, dû à sa pneumonie lors de sa naissance, et cela l'affectait beaucoup.

Chère maman, cher père, chère Louise,

Je ne vais pas bien, j'ai d'horribles douleurs à la poitrine, comme des crampes qui m'empêche de bien respirer, mais Me Tatin a pensé à une grippe, mais il dit qu'avec les soupes chaudes et les tisanes je guérirait vite. Pour l'instant je suis alité, j'espère pouvoir reprendre mes leçons au plus vite. Pensez-vous qu'il s'agit d'une pneumonie ? J'ai peur, je voudrais pouvoir vous rassurer quant à mon état mais mentir sur la réalité n'est pas bon non plus. Ici il fait froid, je supporte de moins en moins bien mes deux camarades qui ne cessent pas leurs jeux enfantins bruyants et insupportables, même si je les côtoie depuis six ans. Comme j'aimerais vous retrouver dans la chaleur du foyer familial ! retrouver mes deux frères complices et ma sœur, vous ma mère, vous mon père, et vous Louise. En attendant je vous écris, mes mots interrompus par de douloureux maux,

Amédée.

Ce fus sa dernière lettre avant que nous n'apprenions son décès. Je me souviens que France était venue bouleversée me voir chez moi, et m'avait montré le papier qui déclarait la mort de son petit garçon, survenue le quinze avril, vers dix heures du matin. La vie n'avait plus de saveur, je venais de perdre en l'espace de quelques mois ma sœur chérie et mon petit cousin que j’adorais, comment continuer à vivre ? A l'enterrement nous revîmes Élisabeth, accompagnée d'un homme qui devait être son époux, d'un jeune homme fort bien vêtu, Charles, de deux petits garçons blonds, issus de son second lit et d'une jeune fille, sans doute Berthe. Elle ne me reconnaissait pas ou alors elle se fichait de moi, je penche plutôt pour la seconde proposition, bien malheureuse.

C'est pour France que ce fus vraiment dur. Elle ne se levait plus le matin, mangeait à peine, pleurait sans cesse, son fils ne comprenait pas pourquoi sa mère était comme cela.

—''Relevez-vous France, pour Philippe, pour vous, vous ne pouvez pas vous laisser abattre. Je vous en prie, sortez de ce lit, habillez-vous. De quoi vous avez l'air toute la journée en chemise de nuit ? De mon côté, le départ de Camille a été terriblement, atrocement, douloureux, mais j'ai su me relever, aujourd'hui elle me manque toujours énormément, mais j'ai cinq enfants à la maison qui comptent sur moi. Ce n'est pas pour autant que je l'oublie, et je pense que pour Amédée, c'est pareil, il n'aurait pas voulu voir sa mère dans cet état, regardez-moi ces cheveux...

Ma cousine, qui n'avait plus que son petit garçon de six ans et demi à la maison, n'allait pas bien. Je tentais de la raisonner, mais j'avais moi aussi une vie, plutôt mouvementée, avec cinq bambins à la maison et un dans le ventre dont le sort dépendait des trouvailles de mon mari pour un nouveau logement. Chaque soir il revenait en hochant la tête, tout était trop cher ou trop petit.

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