Chapitre 27D: septembre 1778

5 minutes de lecture

J'allais sonder mon mari le soir de la réception de la lettre, qui fut ravi de notre invitation à ce mariage mais à ma grande surprise m'autorisa seulement à m'y rendre avec les enfants.

—''Pourquoi ne venez-vous pas avec moi ? C'est votre belle – famille, cela vous permettrait de mieux les connaître ?

—''La voiture est trop petite et puis Gustavine et moi n'avons aucun intérêt à y aller. Les cousins de la belle – sœur du frère à la tante de Germaine, bonjour la famille.

—''Pour la voiture, nous pouvons nous serrer, vous parlez d'un long trajet, quarante minutes c'est vivable. Et puis vous êtes bien moqueur, c'est le fils de ma cousine qui se marie, ce n'est pas si compliqué. Ma mère avait une sœur qui avait quatre filles, deux de ces quatre-là se sont mariées, elles ont eu des enfants dont l'aîné se marie. J'avais sept ans quand Charles est né. Venez donc Léon...

—''Non, non, pas la peine d'insister, emmenez-y les enfants, ils seront contents, mais moi, je travaille.

—''Nous irons donc avec Michel, Malou, Léon – Paul et Émile. Peut – être Gustavine voudrait -elle venir ?

—''Laissez – là ici, elle sera mieux à l'école. Le mariage risque de l'ennuyer.

—''Bon j'ai compris, vous ne voulez pas qu'elle voit ma famille c'est ça ? Elle vous fait honte ma famille ? Mais c'est qui Léon entre vous et moi, qui avait choisi le mariage ?! C'est moi peut – être ?!

Particulièrement énervée, je quittais la pièce en claquant la porte. Couchée à plat ventre sur mon lit, je finissais par m'endormir, je crois que c'était parce que ma tête était trop remplie pour aujourd'hui.

France m'envoya plus tard ce courrier :

Louise,

Ce billet vise à vous faire état de l'annulation des noces de Charles et Emma. La pauvre petite est tombé subitement malade de la variole, ses boutons sont énormes et malheureusement, nous ne pouvons que prier pour qu'elle se rétablisse. Emma est mourante et elle n'est plus du tout en état d'épouser Charles. Les parents ont annulé les noces au en espérant qu'elle se rétablisse et qu'elle ne nous quittera pas. Charles est inquiet pour sa fiancée, il passe beaucoup de temps à son chevet, chez ses parents, elle habite le quartier. Je vais bien, mais Joseph ne reviendra pas, il a décidé de rester dans son appartement avec Marie, je suis dégoûtée, j'ai demandé le divorce auprès de Frère Ours, qui exerce depuis vingt ans à la paroisse Sainte – Geneviève, où je me suis mariée en 1760, il a dit qu'il pourrait tenter de rompre le contrat, mais qu'il fallait que je prouve l'adultère. Comme je ne veux pas que Joseph ailles en prison, je crois que vais abandonner l'idée.

France

Je n'avais pas eu le temps d'écrire ma réponse que je recevais la lettre qui annonçait ce que personne ne voulait entendre.

Cette courte lettre pour vous annoncer Louise, avec douleur et peine,

Le décès d'Emma dans la nuit du seize au dix – sept septembre, dans son sommeil, de la maladie. Charles était désemparé et lui à même promis de ne pas se remarier avant les dix ans de sa mort, promesse folle, qu'il va tenir j'en suis sûre, c'est un bon garçon, honnête et fidèle envers ceux qu'il aime. J'ai enfin reçu des nouvelles de Georges, mon fils aîné se porte bien, mon fils de presque quatorze ans retrouvera mes bras d'ici quelques mois, j'ai terriblement hâte. Vous souvenez - vous de ma mère ? Morte le jour de l'annonce de la grossesse de Camille pour son premier enfant, elle avait gardé des lettres que j'avais conservé mais oublié, elles révèlent des choses intéressantes que j’ignorais, si vous pouvez, passez à la maison un de ces jours, nous les lirons ensemble.

France


France,

Toutes mes condoléances, je n'avais jamais vu Emma mais je partage votre douleur quant à son décès. Je viendrais chez vous, c'est promis, en espérant revoir Georges, qui doit être méconnaissable depuis les sept années où je ne l'ai pas vu. Je ne sais pas vous, mais nous avons eu un bel été, chaud et ensoleillé, les enfants ont profité de l'étang pour se baigner, c'est vraiment agréable quand il fait chaud de lire au bord de l'eau !

Portez-vous bien, je vous embrasse ma cousine,

Louise.

Quand pour la première fois, je voyais Léon fumer la pipe, cela m'interpella.

—''Vous fumez maintenant ? Lui demandais – je

—''Cela vous dérange peut -être ? N'ai – je donc pas le droit de faire ce que je veux chez moi ?

—''Ce n'est pas ça, mais des médecins ont prouvé que le tabac apportait le cancer, vous savez ce mal qui a emporté votre femme il y a quelques années…

—''Ne parlez pas de ça Louise ! Caroline ne fumait pas. Que je prenne la pipe ou non ne changera rien, alors mêlez-vous de vos affaires je vous prie.

Léon – Paul, un dimanche par grande chance, avait fait une crise d'asthme devant son père, alors que nous étions en promenade avec Tentation. Dès qu'il avait commencé à suffoquer, son père l'avait descendu du dos l'animal et avait commencé à lui donner de grandes tapes dans le dos, pour le forcer à reprendre sa respiration. Sur le moment, je cru voir mon fils mourir, mais son père le sauva, de justesse. Après sa crise très impressionnante, mon mari me questionna, lui qui n'avait jamais auparavant assisté à cette démonstration de sa maladie.

'' —Ça lui arrive souvent de faire ce genre de choses ?

—''Je vous en avait parlé, vous ne m'avez pas écouté. C'est une crise d'asthme, il suffoque et peut en mourir.

—''Ne faudrait-il pas voir le médecin ?

—''La première fois que Léon – Paul a fait une crise, il est venu, mais il m'a clairement dit qu'il ne pouvait rien faire, il fallait attendre qu'il grandisse, cela passerait.

—''Mais il ne peut tout de même pas laisser mon fils mourir ! Quel bonhomme celui-là, je vais emmener Léon – Paul à l'hôpital, on s'occupera mieux que n'importe où de son asthme et de sa jambe aussi, qui ne guérie pas.

—''A quoi bon ? Que voulez-vous qu'il fassent de plus là – bas? Pour l'asthme on ne pourra rien faire, ni pour sa jambe.

—''J'ai pris ma décision Louise. J’y emmènerais le plus vite possible Léon – Paul, avant qu'il ne refasse une crise.

Que mon mari fume ne me dérangeait pas à proprement parler, mais qu'il fasse goûter à mon trésor de cinq ans asthmatique le goût du tabac, cela m'horripilait. Léon – Paul avait l'air d'apprécier, il m'en avait parlé comme s’il s'agissait d'un exploit, la première fois.

—''Maman, Léon m'a fait goûter sa pipe et ce n'est pas bon.

—''Que me racontez-vous ? Il me prend pour une cruche ?

Le soir venu, je m'énervais sur mon mari, qui disait vouloir soigner de son asthme Léon – Paul mais qui lui faisait goûter le tabac, et je me prenais une gifle, comme une punition pour mon audace d'avoir exprimé mon énervement contre lui.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Lanam ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0