Chapitre 12E: décembre 1763 - janvier 1764

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Au matin du vingt et un décembre, Amédée souffla sa première bougie, celle de la victoire contre la pneumonie qui l'avait menacé grandement un an auparavant, et dont il s'était remis, gardant juste une fragilité certaine, qui le suivrait assurément toute sa vie. A cette occasion, ses parents lui offrirent sa première robe, signe qu'il était désormais devenu un vrai petit garçon et non plus un bébé. C'est devant une assemblée attendrie qu'il fit ses premiers pas, bien maladroits mais vraiment adorables. Malgré le fait qu'elle soit un peu fatiguée, France assista aux progrès de son fils, non sans une certaine fierté.

Lorsque nous fêtâmes la nouvelle année 1764, nous innovâmes en envoyant pour la première fois une carte de vœux. Plébiscité par la Poste, cette initiative venait de voir le jour en France. Je me souviens, nous en avons envoyée à trois personnes, chacune des cartes portait un symbole sur la page principale, respectivement une branche de gui, une étoile et un flocon de neige.

Janvier fus doux, nous sortîmes, avec Marguerite et Célestin, prendre l'air. Nous nous rendîmes même au boulevard, pour acheter des biscuits, ce qui me procura un plaisir sans nom.

Février fus de même, je commençais à lire un livre intitulé '' Chroniques de greniers'', un ouvrage passionnant sur les trésors inestimables découverts dans de vieilles granges, dont le propriétaire avait eu l'idée merveilleuse un jour d'aller y faire du rangement. Une anecdote me marqua particulièrement, elle racontait l'histoire d'une dame sans âge qui vivait seule dans sa maison natale, ses enfants ayant désertés depuis longtemps et son mari étant mort.

Un jour très froid d'hiver, elle découvrit devant sa porte deux jeunes orphelins, presque morts de froid, qui vendaient des allumettes. Généreuse, elle les fit entrer, leur donna à manger, et leur promis de les élever comme ses propres enfants jusqu'à la fin de ses jours. Ne sachant pas où les faire dormir, elle pensa au grenier, mais, ne l'ayant pas fréquenté depuis son enfance, elle n'osa pas y monter. Elle finit par leur trouver une place où dormir dans un autre endroit de sa maison. Alors que le temps passait, et que les enfants grandissaient, ceux-là devenaient plus curieux, et un jour, ne sachant pas comment s'occuper, ils montèrent au grenier.

Là-haut, a priori rien a part de la poussière, et de vieux bibelots sans valeur, mais soudain, l'un d'entre eux tomba sur une pièce d'or, puis deux, puis trois, jusqu'à tomber sur un énorme sac de toile rempli de pièces et déchiqueté par les rats, dissimulé toutes ces années par les bibelots. Les deux enfants partagèrent équitablement entre eux, sans jamais penser à la grand–mère, puis cachèrent soigneusement leur butin pour le ressortir une fois devenus adultes. Devenus de grandes personnes, les deux ressortirent le trésor qu'ils avaient soigneusement rangés, et, se considérant comme les découvreurs, refusèrent de partager avec la vieille femme. Ils s'accaparèrent vite la maison, puis tout l'argent de la dame, en insistant sur le fait qu'ils soit ses enfants. La généreuse mourut de faim et de froid devant la porte de sa maison, et les égoïstes menèrent une vie riche et prospère jusqu'à la fin de leurs jours. Voilà où pouvait mener une trop grande générosité.

Cette histoire, vraie, me choqua, si bien que je dû la relire plusieurs fois, mots par mots, me demandant si aussi peu de scrupule était possible de la part de personnes normales. Apparemment oui.

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