chapitre 3.2

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Il était brisé.

– Hey… hey… chuu… ça va aller Type, doucement…, lui murmurait- il à voix basse.

Reprenant ses esprits, il ignora son sauveur et se dirigea vers la salle de bain pour se débarbouiller le visage.

– Type… Tu veux de l’eau ? demanda Tharn, inquiet.

Il laissa un blanc ne sachant pas lui-même quoi penser...

– Type…, reprit son colocataire, réponds-moi. Tu vas bien ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

– Laisse-moi tranquille purée ! Je t’ai pas demandé d’aide, s’écria-t-il.

– Écoute, je comprends que tu ne m’apprécies plus, mais ça m’arrive d’être sympa. J’voyais que tu n’allais pas bien.

– Ça va, ne t’en fais pas.

Au petit matin, encore dans les vappes il sentit la main de Tharn se poser sur son front, elle était fraîche et agréable. Il posa sa main par dessus, pour la garder encore un peu puis celle-ci se retira doucement. Des vibrations l’extirpèrent de son somme, difficilement ses yeux s’ouvrirent et son buste se redressa mais tout aussi tôt il eut l’impression qu’on lui assomait la tête avec une massue et qu’il faisait au moins une cinquantaine de degré.. Avec peine, il allongea le bras et attrapa son téléphone, ce qui lui demanda un effort surhumain. C’était un texto de son meilleur ami.

Deux jours passèrent. Il se sentait légèrement mieux grâce à Techno qui passait lui déposer de la nourriture et des médicaments pendant son sommeil. Heureusement d’ailleurs, car avec ses vertiges, il n’était pas prêt d’aller chez le médecin ni à la pharmacie. On toqua à sa porte, voilà Techno qui débarquait.

– Ah Type, tu te réveilles enfin ?, dit-il avec son sourire jovial.

Derrière lui, il zieuta Tharn, qui ne prit même pas la peine de le regarder. Il déposait ses affaires sur son bureau.

– Oui, au fait merci de m’avoir ramené du porridge et des médocs ! Avec les vertiges, ça aurait été compliqué...

– Ah… Ouais. De rien… dit-il, gêné, en regardant Tharn qui filait à la douche. Mais comment ça se fait que tu n’aies encore rien avalé ? Non non non, ça fait combien de temps que t’as pas mangé ?

– Euh… Depuis hier midi ?

– Mais ça va pas ! Tu veux te tuer à ce rythme ou quoi !

– Eh, fais attention à ce que tu dis. J’te signale que t’es dans ma chambre.

– T’énerves pas, je m’inquiète juste... Bon j’te réchauffe ton plat, dit-il en se dirigeant vers le micro-onde.

Pendant que Type mangeait, Techno lui racontait comment le professeur de droit était captivant mais que Champ, un de ses amis, l’empêchait de se concentrer. Il lui raconta aussi son envie d’aller s’inscrire à un club et, qu’avec Champ, ils avaient passé leur temps de pause à en trouver un. Cela faisait un bon moment qu’il n’écoutait plus. En fait, il était concentré sur Tharn qui venait de sortir de la douche, ayant un jean et le torse nu, les cheveux encore mouillés, la serviette sur son épaule. Il ne l’avait pas lâcher du regard une seule seconde.

– Eh Type ! Tu m’écoutes au moins ?

– Non, il y a quelqu’un qui me dérange ici, j’arrive pas à me concentrer, rétorqua-t-il en fixant son coloc.

Techno tourna sa tête pour voir la réaction de l’autre.

Tharn ne dit rien, mais sourit de plus belle, ce qui eut don de l’énerver encore plus. Toujours sous le regard de Type, il ouvrit son placard, choisi un t-shirt ample et sa veste en jean. Il se coiffa et mit même du parfum.

– Woah Tharn, tu te fais vachement beau, tu vas en date ? s’exclama Techno, sur le ton de la curiosité.

– Tu parles, qui voudrait sortir avec lui, pouffa Type.

Le concerné haussa un sourcil et sourit en coin à cette remarque. Si seulement il savait.

– Non Techno, je joue au Blue Night ce soir, répondit-il, amusé.

– Oh c’est cool, on serait bien venu te voir jouer si ce mec n’était pas malade !

– Qui a dit que je voulais le voir jouer…, se défendit Type.

– Tu pourras venir quand tu veux Techno, je joue souvent alors c’est pas l’occasion qui va manquer, répondit le musicien, en se tournant vers lui.

Il prit son sac et s’en alla aussitôt. Techno donna une tape sur la cuisse de son ami.

– Il est drôlement charmant ton coloc’ Type, lança Techno à son ami.

– Ah ouais, tu veux pas sortir avec lui aussi? dit-il en le fusillant du regard.

– Non, t’inquiète, tu sais bien que j’aime trop les filles pour ça. Mais je te laisse la place, dit-il du tac au tac.

Celui lui balança son oreiller en guise de réponse.

– Soit un peu plus gentil avec lui bon sang.

– Gentil, mon cul ouais !

– Je te signale qui t’a apporté des médocs et qu’il a pris soin de toi tout l’après-midi au lieu d’aller en cours !

– Q-Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu viens de me dire que c’était toi qui…,

– Non mec. C’était Tharn, répondit Techno tout en pianotant sur son téléphone.

Type ne savait plus quoi penser. Il n’en revenait pas. Depuis deux jours, les médicaments, la nourriture, c’était Tharn ? C’était vraiment lui ? pensa-t-il, troublé.

– Je lui ai jamais demandé son aide d’abord ! Il n’avait qu’à rester à sa place.

– Ayy, t’es vraiment sans cœur !

Il se leva de son lit et alla à son tour prendre une bonne douche. Ça lui fit un bien fou. L’eau ruisselait sur sa peau emportant avec elle sa fièvre. Ses muscles se détendirent. En plus de cela, les cauchemars avaient cessé. Il se sentait revivre. Il entendit au loin un « J’y vais Type, à plus ! ». Quand il sortit de la salle de bain, son ami avait disparu.

Mais une question le taraudait encore. Pourquoi Tharn avait-il fait ça ?

Je me fais chier…, pensa Type, assit sur sa chaise, la tête renversée en arrière. Il avait le cafard. C’était le week-end, il avait bien avancé ses devoirs, son meilleur ami s’était évaporé et son colocataire jouait dans un bar. Le temps semblait long. Debout, il contempla le bureau de Tharn, toujours si bien rangé que c’en était agaçant. On dirait que c’était le mec parfait, qui rangeait tout parfaitement, qui faisait ses devoirs parfaitement, qui s’habillait parfaitement. Il trouva un paquet de biscuit non entamé, un petit mot le décorait « n’y touche même pas ». Un sourire narquois se dessina sur son visage. D’un geste brutal, il ouvrit le paquet, en dévora la moitié et laissa le reste traînait sur son bureau, pleins de miettes.

Le jeune homme attrapa son ordinateur et ouvrit la page Facebook. Sur le moteur de recherche il tapa le nom de Tharn. Comme on disait : « Soit proche des tes amis...mais encore plus proche de tes ennemis ».

Il cliqua sur le profil de Tharn et tomba sur sa page. De ce qu’il voyait, Tharn était populaire. Likes, commentaires, partages, son profil en était rempli. La plupart, c’était des filles, ou plutôt des groupies. Si seulement elles savaient de quel bord il était, pensa Type. Il souffla, agacé. Il continua à faire défiler son profil et tomba sur une photo de lui avec un garçon qu’il n’avait jamais vu. Curieux, il s’approcha de l’écran. Quelque chose le gêna en voyant cette photo. Son coloc était gay, mais il ne l’avait jamais vu en compagnie d’hommes. Et sur cette photo, les deux semblaient plutôt proches, bras dessus bras dessous et faisaient le signe V de leur main. Il fixa le sourire éclatant de Tharn qui crevait l’écran. D’un geste brusque, il referma l’ordinateur. Exaspéré et fatigué de n’avoir rien trouvé d’exploitable, il s’allongea. Les courbatures étaient encore présentes et sans plus réfléchir, il se laissa emporter dans le monde des rêves.

Le claquement de porte le réveilla. Tharn rentrait bien tard du bar où il jouait. Il ne dit rien, mais ses oreilles étaient à l’affût et ses yeux entre-ouverts. Il l’entendit s’avancer jusqu’à son lit, s’asseoir sur le bord et sentit sa main froide? sur son front, puis son cou. A son contact, le corps de Type fut parcouru de frissons. C’était froid?.Ce que Techno lui avait dit était donc vrai. A cette pensée, il se sentit quelque peu mal. Il continuait de faire semblant de dormir mais entendait toujours Tharn, jusqu’à ce qu’il éteignit la lumière et alla se coucher. Sa tête était en effervescence, tant ses pensées fusaient dans son esprit.

***

Le lendemain,Type ne fit aucune remarque quant à sa découverte. Il préférait ne pas y penser se sentant beaucoup mieux. Il se complut à se dire que c’était parce qu’il s’était reposé et non parce qu’on avait pris soin de lui.

Quand il sortit de la douche, habillé d’un t-shirt manche longue et d’un jogging, il remarqua une bouteille d’eau vitaminé sur sa table de chevet. Il tourna la tête vers Tharn qui se trouvait à son bureau, concentré. Ses dents se serrèrent. Il attrapa la bouteille et la jeta sur la table. Celui-ci releva la tête, remplit d’incompréhension.

– Putain Type qu’est-ce que tu fous ?

– Je sais que ça vient de toi. Et sache que j’en veux pas.

Un blanc s’installa.

– Je ne t’ai jamais demandé de t’occuper de moi quand j’étais malade, alors arrête.

– Type, même si tu ne me l’as pas demandé directement, j’ai un minimum d’empathie pour les autres. Et ce, même envers une personne qui ne m’apprécie plus. (répétition)

Type rit, sarcastique. Empathie ? Comme si il n’en avait pas. C’est juste qu’il n’en voulait pas venant d’une personne comme lui.

– Quoi, qu’est-ce qui t’arrive Tharn ? Ton père ne t’a pas assez donné d’attention quand tu étais petit ? C’est pour ça que tu te tournes vers les mecs maintenant ? cracha Type.

Tharn démarra au quart de tour, se leva et l’attrapa par le t-shirt. Il le provoquait.

– Qu’est-ce que tu viens de dire ?

– Tu as bien entendu, répondit Type, le ton défieur.

Tharn le plaqua contre le mur. Leurs corps, à présent, se trouvaient à quelques centimètres l’un de l’autre. Type commença à se sentir oppressé.

– Qu’est-ce que tu fais ?

– Ne t’avises plus jamais de parler comme ça de mon père, répondit Tharn, furieux.

– On dirait que j’ai touché un point sensible, je me trompe ?

Il ne s’arrêtait plus. Quand il était mauvaise langue , il était dur de le stopper. Type essayait de se dégager quand Tharn emprisonna ses poignets.

– Lâche moi Tharn !

– Tu m’insultes et tu crois pouvoir t’en tirer comme ça ? Répliqua t-il. Surveille tes paroles, ma patience a des limites.

Ce dernier approcha son visage du sien, montrant le sérieux de sa mise en garde. Type recula, alarmé. Il ferma les yeux, d’anciens souvenirs lui revinrent en mémoire. Il voulait s’enfuir, disparaître, se désintégrer s’il le pouvait. Il essaya de nouveau de se libérer des griffes de son tortionnaire puis, épuisé, finit par arrêter de se débattre. Il se sentait impuissant et vulnérable. Il supplia Tharn de le lâcher.

– S’il te plaît. Tharn, lâche moi… Je t’en supplie.

Sa voix se brisa. Tharn fronça les sourcils, visiblement dérouté.

– Laisse moi... partir…, implora-t-il une dernière fois.

Il avait du mal à respirer. Tharn finit par le lâcher, perplexe. Il s’écarta pour lui laisser de la place. Il semblait plus confus que jamais.

– Qu’est-ce que tu as, Type ? tu fais moins le malin d’un coup ?

– Mêle toi de tes affaires, et comme je l’ai dit, ne t’occupe plus de moi, lâcha-t-il en reprenant son souffle.

– Très bien.

Tharn, agacé, s’en alla de la chambre tandis que Type se laissa tomber sur son lit.

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