Au front rien de nouveau

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24 mai 19...
Angleterre

Ma très chère Lucy,

Ces dernières semaines loin de toi n’ont fait qu’accroitre la passion qui m’anime lorsque je pose le regard sur ce souvenir de nos vacances en Californie, emporté pour ma traversée. La douceur de ton sourire dans cette magnifique robe me donne la force de continuer à défendre le monde du joug allemand, au nom de notre patrie.

Notre vaisseau a accosté hier soir, grâce à un vent favorable, dans un port anglais qui m’était inconnu, mais dont l’accueil chaleureux ragaillardit nos troupes. Les effectifs sont faibles mais ils travaillent tous avec cette hargne militaire qui permet de repousser nos ennemis. Tu n’as rien à craindre, ma promise, car aucune des femmes qui nous épaulent n’ont ta grâce ni ta vivacité d’esprit. Toutefois, je perçois ton ombre dès que je me retrouve seul, chassant l’amertume de l’isolement par ton visage radieux.

Nos logements sont sommaires mais nous suffisent amplement. Je côtoie autant de collègues que de locaux, et cette diversité apporte beaucoup de rires à nos soirées. Les Britanniques ont un palais particulier, mais leur humour est cinglant, je l’adore. En dehors de cela, nous avons une bonne entente et une cohésion qui améliore notre travail de groupe. Car nous aurons besoin d’une confiance sans faille pour ce qui va suivre.

Je ne peux rien dire de la mission qui nous éloigne, au cas où mon courrier tomberait entre de mauvaises mains. Cependant, laisse-moi t’annoncer que l’Amérique va rentrer dans l’Histoire. Les officiers, tout comme moi, sont nerveux à l’idée de ce qui nous attend, et la récompense n’en sera que plus belle.

J’ai appris, peu avant mon départ, le décès de ta mère. J’en suis profondément désolé. Madame Jenkins était une femme remarquable et je regrette qu’elle ne puisse assister à notre mariage. La maison doit être si vide sans sa poigne de fer. Je sais que la mort de ton père, durant la Grande Guerre, vous avait déjà beaucoup affectées (c’était l’une des raisons de ton refus de me voir partir, je me souviens, cependant je n’avais pas le choix). J’espère juste que Monsieur Hannam, cet ami si cher à feu Monsieur Jenkins, saura prendre soin de toi et te garder en bonne santé jusqu’à mon retour.
Si tout se déroule comme nous l’espérons, je serai bien au chaud dans notre demeure au Texas pour fêter Noël. Je me languis déjà de ce moment à tes côtés.

Jusque-là, ne prends pas de risques inutiles, prie pour moi tous les dimanches et protège-toi de cette chaleur estivale qui harasse déjà les côtes. N’importe quel mot sur un papier ne saurait égaler toute l’affection que je te porte et tout l’amour qui entoure mes yeux lorsqu’ils se posent sur toi. Ma douce, ma bien-aimée Lucy, le bonheur ne subsiste que dans le silence de l’être adorée.

Écris-moi dès que tu le peux, le service du courrier passe régulièrement dans le camp. Je patienterai.

À très vite,

Arthur

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