Chapitre 3

5 minutes de lecture

L'homme se lève lorsque j'entre dans la pièce, son visage arborant une expression sérieuse. Ses cheveux bruns descendent jusqu'à sa nuque, et il porte des lunettes qui apportent un contraste avec son apparence masculine. Avec une confiance tranquille, il s'approche de moi et me tend la main.

"Bonjour, Madame Foret," dit-il d'une voix grave. "Je suis Elijah Greenwood, mais vous pouvez m'appeler Elijah."

Il esquisse un sourire poli, et sa poignée de main est à la fois ferme et douce. Je le remercie et m'installe dans le siège en face de son bureau. Il prend place à son tour.

Elijah s'assoit en face de moi, sa posture attentive, prêt à écouter mon récit. Je prends une profonde inspiration, rassemblant mes pensées avant de commencer.

"Je suis venue vous voir, Elijah, parce que mon frère m'a dit que vous pourriez m'aider.”, commence-je d'une voix légèrement tremblante. "Cela a commencé il y a dix ans. J’avais 17 ans.”

Il se penche vers moi attentif. Sans un mot, il attend que je reprenne le cours de mon récit. Je n’avais plus reparlé de cette histoire à qui que ce soit depuis l’incident. Les jambes croisées, je me renfonce dans mon siège. Mon pied tape sans relâche sur le tapis qui étouffe le son de mon anxiété. Après une longue inspiration, je reprends :

“J’ai grandi avec mon grand-père, mon petit frère Alex et…ma sœur jumelle, Sophie”.

Je ravale la boule qui c’était formé dans ma gorge et poursuit :

"Mon père est décédé dans un accident de voiture. Notre mère n'avait pas pu supporter la culpabilité de survivre à l'accident, de survivre à notre père. Elle a disparu sans laisser de traces, nous laissant seuls avec notre grand-père."

Le souvenir de ma mère, brisée par le chagrin, me revient en mémoire, et mon regard s'égare un instant vers la fenêtre. Elijah reste silencieux.

“Il a y a maintenant dix ans, à l’occasion de notre anniversaire à ma sœur et moi, notre grand-père nous avez donner une certaine somme d’argent. C’était le rêve. Sophie et moi adorions faire des emplettes dans les boutiques du centre commercial. Nous avions suffisamment pour nous acheter quelques articles.” Je m’arrête et j’inspire.

Je continue, les souvenirs de cette journée traumatisante ressurgissant avec une netteté surprenante.

"Ce jour-là, une alerte à la bombe a retenti dans le centre commercial. La panique s'est emparée de tout le monde, et nous avons été évacués en hâte. C'était le chaos, et j'ai très rapidement perdu de vue ma sœur. Une fois dehors, je l'ai cherchée frénétiquement, mais en vain. Dans ma panique grandissante, j'ai bousculé un policier. Après lui avoir expliqué la raison de ma détresse, il a insisté pour que je m'installe dans sa voiture pendant qu'il partait à la recherche de ma sœur. Le policier m'a fait promettre de ne pas bouger du véhicule, et alors, j'ai attendu, ignorant tout ce qui se passait à l'intérieur du centre commercial."

Elijah m'observe avec attention, son visage traduisant son intérêt pour la suite de l'histoire. Je continue à parler, essayant de rassembler mes souvenirs, et les mots sortent plus facilement maintenant que j'ai commencé à partager cette expérience.

« Le temps semblait s'étirer à l'infini, et chaque minute était emplie de terreur. Les sirènes des véhicules de police hurlaient en écho dans l'air chargé d'angoisse, leur présence chaotique se faisant sentir partout. J'étais figée par la peur, et ma sœur demeurait introuvable, perdue dans ce tourbillon de panique. Le policier n'était toujours pas revenu, et l'incertitude s'emparait de moi. C'est alors que..."

"Le centre commercial a explosé," complète Elijah, ses mots résonnant comme un sombre rappel de cette journée cauchemardesque.

J'acquiesce, sachant que cet événement avait été largement médiatisé à l'époque, faisant la Une de plusieurs journaux pendant des semaines. C'était un événement marquant, difficile à oublier.

"Oui," je continue, "sauf que l'histoire ne s'arrête pas là pour moi. J'étais prête à tout pour retrouver ma sœur, même à affronter les flammes si nécessaires. J'ai quitté la voiture, et la cendre épaisse m'a enveloppée, provoquant une toux violente. À chaque inspiration, la poussière s'engouffrait plus profondément dans mes poumons. Les sirènes retentissaient de tous côtés, créant un concert assourdissant de détresse. Le centre commercial avait été englouti dans une épaisse obscurité, et seules les lumières intermittentes des véhicules de secours, rouge et bleu, perçaient l'obscurité de temps en temps."

Je me réinstalle dans mon siège, le regard toujours perdu au-delà de la fenêtre.

"C'est à ce moment que j'ai senti une chaleur se répandre dans ma nuque, puis se propager dans tout mon corps," je poursuis. "Mes genoux ont heurté le ciment, et tout est devenu noir. J'ai à peine eu le temps de sentir des bras me soulever que je me suis évanouie."

Le silence règne dans la pièce, la tension palpable. J'ose enfin rencontrer le regard d'Elijah, qui semble captivé par mon récit.

“Je ne sais pas combien de temps j'ai été inconsciente, mais quand j'ai rouvert les yeux… j’étais ligotée à une chaise. Et à côté de moi, il y avait ma sœur, Sophie.”

À ce moment-là, ma gorge se serre, et mes mains se crispent involontairement sur les accoudoirs de la chaise. Mon cœur bat plus fort, et l'angoisse de ce souvenir douloureux refait surface.

"Le cauchemar ne faisait que commencer," je continue, ma voix teintée de tristesse. "Nous étions dans une pièce sombre, à peine éclairée par une lumière vacillante suspendue au plafond. Les murs étaient en béton brut, froid et humide. L'odeur de la suie et de la poussière brûlée imprégnait l'air. Je me souviens des cris étouffés de ma sœur, des larmes silencieuses qui coulaient sur son visage. Nous ne savions pas où nous étions ni pourquoi quelqu'un nous avait pris."

Je marque une pause, ressentant la tension grandissante de ce moment effrayant. Elijah prend des notes, attentif à chaque mot.

"Nous avons tenté de crier à l'aide, de lancer des appels désespérés à travers la porte verrouillée, mais personne ne nous a répondu. Le temps s'étirait, notre inquiétude montait."

La pièce est plongée dans un silence solennel, seulement rompu par le tic-tac de la pendule sur le mur. Je prends une profonde inspiration et annonce :

“Quelques heures plus tard, notre geôlier est finalement apparu. Je n’eus aucun mal à le reconnaître."

Annotations

Vous aimez lire Mysie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0