Sur le sentier de la gloire

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Ses victimes n’avaient guère eu le temps de quoi que ce fût. Elle avait donné la charge d’une telle manière, qu’elles avaient été saisi, presque paralysées par le choc que provoquait l’événement plus qu’improbable. Acculées aux bords du large promontoire, elles avaient bien tenté de se défendre, mais en vain – bien qu’elles fussent à quatre contre une. Leurs armes, de facture rudimentaire, s’étaient liquéfiées au premier contacte : la roche et le bois fondaient si aisément dans la fournaise de son bouclier biotique. Jouant de ses poings-gauss – afin de céder au plaisir d’un corps-à-corps superflus – Harga avait fait taire les derniers cris terrifiés qu’elle inspirait. La nuit naissante s’apaisa, posant un sombre linceul sur ses actes. Elle avait été utile pour la premier fois.

Elle avait peu dormi – cela était une récurrence. Après chaque combat, en sa mémoire, se bousculaient les expériences que lui cédaient les vaincus : elle parvenait à vivre de nouveau le moindre instant, la moindre sensation ; à corriger mentalement la moindre erreur commise. C’était son rôle, la raison de sa présence dans la troupe : certains portaient les mots, d’autres suivaient les chemins, elle, elle devait tuer et elle le faisait bien. Son esprit était fait de tous ceux qui n’étaient pas parvenus à la vaincre. Une sorte de tableau de chasse mnémique, qu’elle mettait à jour régulièrement : la liste était d’une certaine longueur, ce qui lui inspirait une certaine fierté. Comme d’habitude donc, elle patienta silencieusement. Ses compagnons n’allaient pas tarder à reprendre conscience et ils pourraient repartir. Bien sûr, elle fermerait la marche, comme il se devait, afin de s’assurer que Saber et Sénder atteignissent l’objectif. Elle ignorait tout de se dernier d’ailleurs et cela lui allait très bien. Elle n’avait qu’à suivre, nettoyer le chemin et engranger l’expérience – c’était simple, clair, précis. Un rôle qui lui allait comme un gant.

Le porte-mots se réveilla le premier. Encore allongé, il marmonna son nom plusieurs fois, avant d’oser ouvrir les yeux. Il avait été prudent cette fois-là et il avait bien fait – Sénder encore endormi, elle, elle ne lui aurait été d’aucune aide dans les recherches qui devaient le menées jusqu'à son nom : elle avait déjà bien du mal à se rappeler le sien. Le chasse-chemin ne tarda pas non plus, la route était encore longue et ils avaient peu de temps. Leur planète, lentement, avait à peine tourné sur elle même, mais l’astre lumineux se montrait déjà : l’heure était avancée ; il allait faloir forcer l’allure. Le dernier passa devant, fier de son allure, suivi du deuxième, bien à sa place – Harga, elle, ferma la marche. Qui aurait pu penser sainement que les derniers seraient les premiers et les premiers les derniers ? Pour Harga, loin d’être une impasse philosophique, c’était sa réalité, son quotidien.

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