Rêver ta peau

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J'ai déjà écrit, je le sais. J'écris encore et tu ne le sais pas.

La violente présence de ce trou noir, immense et immensément vide, dans le coin de mon cœur où tu étais blottie. Tu ne sais pas, car je ne le savais pas non plus. C'était si tendre, toi et moi, si pétillant. Je m'en rends compte maintenant, j'ai cru que la fin serait aussi douce pour moi. Mais j'étais bien naïve... Peut-être que tout le reste de ce gros cœur pathétique va s'effondrer sur lui-même à l'infini, tant que tu ne reviendras pas remplir ce vide en forme de toi. Je me traîne et j'attends, et je ne sais pas quoi. Je finirai probablement par comprendre - ou je comprends déjà mais je ne veux pas - à quel point c'est définitif : je ne poserai plus jamais ma bouche sur ton épaule nue, je ne sentirai plus jamais ton dos enroulé contre mon ventre, je ne caresserai plus ton sourire aigu. Je n'ai plus le droit, je crois. Et à chaque fois que je te vois, maintenant qu'on ne se touche plus, ton rire me fait venir les larmes aux yeux, du bleu de compète, du bleu de soulagement forcené. C'est si bien, comme ça, t'avoir là, savoir que tu n'es pas complètement loin. C'est doux et corrosif à la fois. Un mal pour un bien. Pleurer quand tu t'en vas et que le vase déborde, ça n'est pas grand chose au fond, quand on a ri ensemble et qu'enfin, j'ai pu respirer. Peut-être qu'un jour, quand je n'aurai plus peur que tu t'enfuies, quand je serai sûre que tu pourras m'entendre sans voir poindre l'inquiétude ou pire, la gêne, sur tes traits délicats... un jour où il fera beau, comme la première fois que je suis sortie de chez toi, le sourire aux lèvres et le soleil dans l'œil ; peut-être que ce jour-là, j'oserai te dire à quel point tout s'emballe encore en moi, quand je pense à toi. Le gentil tourbillon des sens qui se sont emmêlés dans ma tête, ces lumières fabuleuses braquées sur moi et dans lesquelles j'ai envie de noyer mon regard. J'ai voulu croire qu'on serait éternelles ou presque, et je savais que non, mais je ne veux - non, toujours pas - comprendre pourquoi. Je ne veux pas, parce que je vis avec mon espoir comme on vit avec un mal incurable, et que tant que dans mon corps, il en restera la moindre trace... on ne pourra rien pour moi. Mais ça ne m'empêche pas de vivre, de remplir ma vie de gens, de remplir mes jours de sourires qui, si je les chéris, brillent bien moins que les tiens. Qui sait, je pourrais finir par guérir et ne garder que les rires sans faire déborder le vase ? Mais d'un autre côté...

Peut-être que j'ai raison ? Raison de rêver ta peau. Allez, viens, cours dans mes bras sous la pluie comme dans les films. Il y a des rêves qui se réalisent, parfois.

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