Il était une fois, une jeune femme venant d'accéder à la majorité. Cette dernière, Emma, jouissait de son nouveau statut depuis quelques semaines à peine quand tout à coup, sa mère lui indiqua fébrilement la nécessité de posséder sa propre Carte Vitale.

Horreur et damnation !

La jeune femme tourna de l'oeil. Cette malédiction ne prendrait alors jamais fin !

Sa famille était encore traumatisée de l'expérience de son pauvre frère, quelques années auparavant, quand il s'était lancé dans les démarches afin d'obtenir la précieuse carte. Il n'était âgé alors que de 16 ans. C'était beaucoup trop jeune pour s'engouffrer dans de telles péripéties ! Il en revint changé à tout jamais ...

Alors, bien que sa mère eût repoussé le délai à son maximum, à 18 ans, la jeune fille n'avait plus le choix : elle devait affronter l'Administration.

Elle déglutit. Quels monstres et épreuves allaient-elles devoir affronter ? Le trou noir à formulaires ou bien le relai infernal des téléconseillers ? Elle n'avait pourtant pas le choix, elle devait passer ce rituel centenaire du passage à l'âge adulte.

Comme pour se protéger, elle ria d'elle-même :

• Ha ha ! Quelle sotte je fais ! Ce n'est pas si terrible, enfin. Il existe bon nombre de personnes qui y arrivent sans encombre, pourquoi ce ne serait pas mon cas ?

Il y avait deux chemins à emprunter afin d'obtenir la Sainte Carte. Il y avait le chemin simple, droit, parsemés de quelques entitées pas très voraces, et le chemin boueux, remplis de ronces et de bruits menaçants. En clair, soit on répondait au formulaire que l'on recevait à 16 ans, soit on procédait à la même démarche depuis Internet. Tout le monde sait dans quel état sont les sites Internet du royaume ...

Alors, le plus simple eût été de répondre au formulaire, puisque son existence se résumait essentiellement à demander la Carte. Cependant voilà, la jeune fille partait déjà avec un désavantage : ses parents étaient divorcés. De plus, sa mère, une organisatrice hors pair, ne possédait pas le précieux papier. Cela voulait dire que c'était son père, un organisateur un peu moins talentueux, qui le détenait.

La première étape de l'aventure était la suivante : attendre la semaine d'après, quand le tour de garde de sa mère s'échangerait avec celle de son père. Puis, elle partirait en reconnaissance afin de trouver le formulaire.

Cela semblait si simple ! Qui aurait pu se douter de la suite des événements ?