Épilogue

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Caenar était parti rejoindre ma mère, vingt ans que j’étais de retour et lentement, mais sûrement, les souvenirs et les cauchemars du sud avaient disparu de ma vie. Vahagn et Itham non par contre. Mes deux loups restaient toujours près de moi. Je ne pouvais me passer d’eux, ni de l’un, ni de l’autre. Aalrika m’avait demandé de venir, et je savais pourquoi, elle commençait à souffrir de la vieillesse… et elle en avait plus qu’assez. Je chevauchai, bien droite, sur ma monture, suivit par mes trois plus grands enfants. J’en avais eu sept. Plus ou moins un tous les deux ans. Mes deux mâles me suivaient, discutant joyeusement l’un avec l’autre. Ils avaient accepté la situation, surtout que je ne les retenais nullement, s’ils voulaient aller voir ailleurs, ils pouvaient. Ma sœur avait eu aussi des enfants que je voyais peu. Je vivais alternativement avec les loups et avec les Hommes. À la cours. Maintenant… je devais prendre ma place de reine des montagnes et des neiges.


Je mis pieds à terre dans l’enceinte du château. Eoran sourit et s’approcha, me saluant avec un sourire. Je posais mon front contre le sien. Son épouse était morte il y a dix ans, maladie et accouchement ne faisait pas bon ménage. Mais elle lui avait laissé deux fils, aussi vigoureux que mes propres enfants. D’ailleurs ses neveux et sa nièce ne tardèrent pas à le saluer.


« Tu as laissé les autres avec la Grande Meute ?

- Oui. »


Il sourit et me serra doucement la main avant de saluer son frère, Aolis s’avança à son tour, tenant le bras de son épouse. Elle aussi était belle, je la serrais brièvement contre moi.


« Saorsa… tu… es vraiment obligée ?

- Aalrika me l’a demandé. Je le ferais. »


Elle grimaça, mais… ne rajouta rien, rajustant sur sa hanche leur dernière fille. Quand bien même elle n’aimait pas son époux, et de ce que je savais une de ses servantes avait sa préférence, elle semblait être heureuse d’être une mère. Enfin bon… Je regardais ce château sans rien dire avant de suivre les trois frères en silence. Je m’inclinai poliment devant Aalrika qui avait ses cheveux striés de blanc.


« Tu es là.

- Tu m’as demandé Aalrika. Je suis là. »


Elle se leva lentement de son trône et me fit signe de sortir dans la cours. C’était elle qui avait demandé ce combat à mort. J’avançais derrière elle jusque dans la cours.


Aalrika était, malgré son âge, encore une très bonne guerrière. Et malgré les années d’entraînements que j’avais eu… Aalrika… était puissante. Nos glaives dansaient ensemble alors que j’étais fatiguée par le voyage et elle par la vieillesse. Elle voulait rejoindre le phénix. Et il n’y avait qu’une manière de faire : périr l’arme à la main. Quand bien même il y avait eu des conflits en interne, nous n’avions pas eu de conflit avec nos voisins, les politiques des mariages et des alliances continuaient. Tout comme notre danse mortelle. La pointe de sa lame dessina un trait de sang sur mon torse. Toutes les deux nous nous battions pour notre vie. Son pied frappa avec violence au creux de mon ventre et je bondis en arrière en grimaçant de douleur. La garce :


« C’est tout ce que tu peux faire ?! Frappe plus fort ! Si t’en es capable louveteau ! »


Je poussais un hurlement de rage avant d’attaquer à nouveau. Ma lame passa sous sa garde et s’enfonça dans son abdomen pour ressortir dans son dos couvert de sang. Elle s’arrêta brusquement et eut un hoquet de surprise. J’observais ses yeux se plonger dans les miens et je l’accompagnais au sol retirant l’épée de sa chair, refermant sa propre main autour du manche de sa propre arme. Du sang dégoulina le long de son menton et souffla :


« Je vais enfin… rejoindre… ta mère… Je vais rejoindre… le phénix.

- Tu as brillamment combattu Aalrika, tu as été une excellente reine… je marcherais dans tes traces et celles de ma mère. Tu peux te reposer et partir en paix… »


Elle eut un hoquet et je sentis son souffle devenir de plus en plus tenu jusqu’à s’arrêter. Je lâchais enfin sa main pour caresser son visage et fermer tout doucement ses yeux. J’embrassais son front.


« Ton feu renaîtra, mon amie. »


Je levai les yeux vers les trois garçons qui s’approchèrent en silence. C’était le choix de leur mère, mais je pouvais comprendre… qu’ils m’en veuillent. Je me redressais lentement, attrapant mon glaive pour le ranger dans mon fourreau.


La crémation d’Aalrika venait d’être fait, l’air sentait encore la cendre et la chair brûlée… J’avançais au milieu du grand hall jusqu’au trône du royaume. Je posais ma main sur l’accoudoir avant d’inspirer profondément et de m’asseoir, toisant les seigneurs et les chefs de meute.


« Faîte vos serments de fidélité et continuons les affaires du royaume. Nous n’avons pas a traîné. »


J’avais encore du sang sous les ongles.

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