Chapitre 20 - Liliraele

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Le froid commençait à partir un peu… Cela faisait trois mois qu’elle était partie… Et toujours aucune nouvelle de Sadralbe. C’était tant mieux après tout, moins on en aurait mieux c’était. Mais à cet instant j’aurais aimé que ma sœur soit là… Mon père m’avait fiancé avec Aolis et même si j’avais lu beaucoup de choses sur son royaume, ce n’était pas pareil. Et surtout… Quoi que non ! J’allais la revoir ! Bien sûr ! Elle serait dans la délégation du royaume ! Je l’imaginais avec son petit sourire supérieur, habillée comme elle voulait… J’eus un rire et ma mère leva les yeux vers moi en plantant son aiguille dans le tissu de la robe.


« Qu’y a-t-il ?

- Je me disais qu’on allait pouvoir revoir Saorsa, puisqu’elle sera dans la délégation du nord. »


Ma mère eut un rire et hocha la tête en reprenant les broderies avec soin, il avait été difficile de trouver les motifs des robes du royaume des montagnes et des neiges. Tout comme les couleurs… La dynastie dirigeante de ce pays semblait changer très régulièrement sans pourtant complot… Il y avait anguille sous roche sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Mais soit, j’imaginais que j’allais être au courant lorsque je fréquenterais Aolis, peut-être que Saorsa aurait pu m’en dire plus sur lui ? Au travers des lettres que j’avais reçus il semblait être un homme gentil, de mon âge, réservé… Je me frottai la base du nez avant de reprendre les broderies avec soin, j’avais choisi des teintes bleues et grises, ne sachant réellement quoi prendre, le ciel et les montagnes. Je me demandais où était Saorsa dans cet endroit quand même : dans les montagnes ? Non, elle m’avait dit un jour que sa meute venait des forêts, de grandes forêts dans les montagnes, mais pas les montagnes nues elle-même. Elle devait être retournée dans ses forêts chéries, chasser et profiter de sa vie, peut-être retrouver une meute ? J’espérais vraiment qu’elle se soit retrouvée une famille, ou alors elle était allée au palais du nord ? Elle m’avait dit un jour qu’elle les avait côtoyés, mais quand même, assez pour revenir vers eux maintenant et vivre là-bas ? Je me massai les tempes avant de reprendre l’aiguille et la parole :


« Mère, est-ce que vous pensez que cette alliance est profitable ?

- Ils ont tissé des alliances dans tous les autres royaumes. Je n’ai jamais vu ça, une rapidité de… de faire… Vraiment, je n’ai pas compris, et surtout cette vitesse… Est-ce qu’ils avaient tout prévu ? Saorsa n’avait pas l’air étonnée de la situation.

- Mmh… Elle ne parlait très peu de politique, mais je suis persuadée qu’elle était plus qu’attentive et assez maligne pour savoir parfaitement ce qu’il allait se passer.

- Pourquoi n’aurait-elle rien dit ?

- De une : elle n’a jamais aimé père, de deux : personne ne lui a posé la question. »


C’était Saorsa, elle ne répondait à aucune question si on ne lui avait pas posé. Et encore, même si on posait des questions parfois elle refusait quand même de répondre. Elle avait son caractère, c’était certain, mais moi il me plaisait, elle n’avait jamais perdu sa combativité. Je ne savais pas comment elle avait fait ! Mais elle l’avait fait clairement. Après est-ce qu’elle ne s’était pas mêlée de mon mariage ? N’aurait-elle pas glissé un mot à la reine ?


« Mère ? Vous pensez qu’elle aurait pu se mêler de mon mariage ?

- C’est toi qui l’as connu mieux que moi ma puce, je ne sais pas trop ses liens avec la famille royale de là-bas. »


Mouais… Elle connaissait beaucoup de chose et surtout beaucoup de gens, alors je me disais que tout était possible. Surtout avec son côté débrouillard.


Concernant les relations avec mon père, tout c’était encore plus tendu, mais… c’était surtout la « capture » de Saorsa qui l’avait mis hors de lui. Il n’arrivait pas à accepter qu’elle ne soit plus là. Je me demandais pourquoi… Après tout, elle n’avait clairement jamais été proche de lui et l’avais toujours lourdement repoussé montrant, littéralement, les crocs dès qu’il était là. Peut-être qu’il n’acceptait pas qu’elle soit mieux sans lui ? En même temps… il n’y avait rien d’illogique avec cela. D’ailleurs, il précipitait un peu les choses, d’ici deux mois, je rencontrerais mon fiancé. Le temps que leurs propres routes soient dégagées et praticable. Pourvu que Sadralbe y soit mort, dévoré par un loup… Il n’y avait eu absolument aucune nouvelle, pas un mot, pas une lettre. Ni lui, ni elle… Même si une de ses lettres à elle aurait été une vraie provocation, quoi qu’elle en aurait été parfaitement capable si elle le voulait.


« Altesse ? »


Je levai la tête vers un serviteur qui avait sur un plateau un rouleau de parchemin, de là où j’étais je pouvais voir le caché, Aolis m’avait à nouveau écrit, c’était régulier, il essayait vraiment de créer un lien. Je saisis le parchemin, brisai la cire avant de l’ouvrir. Il avait une écriture très fine et délicate, je passais les formules de politesse sans attendre, je n’avais pas que cela à faire.


« J’ai été heureux de lire votre lettre et que vous me contiez la beauté de votre royaume. Le nôtre est quelque peu… plus rustique ! Mais il reste magnifique également, à sa manière cependant. En ce moment, les montagnes sont couvertes de neige, tout comme les forêts. Mais les routes commencent à être praticables. Pas assez pour quitter le royaume, mais assez pour que nous puissions reprendre les ballades avec mes frères. Il y a un grand lac à quelques distances, on y va avec nos chevaux pour aller patiner avec Itham. Eoran ne fait que nous regarder.»


Je m’arrêtai un instant, pourquoi Eoran ne patinait pas avec ses frères ? Est-ce qu’il ne savait pas patiner ? Il avait l’âge quand même ! Il me semblait même qu’il avait l’âge de Saorsa. Je repris machinalement ma lecture :


« Eoran ne fait que nous regarder. Notre mère nous sortions un peu plus, mais aucun de nous n’aime trop la laisser seule, bien qu’elle soit capable de tout gérer toute seule, mais il est de notre devoir de prince du royaume des Montagnes et des Neiges, d’être présent, de servir et de travailler au même titre que n’importe qui d’autre. »


De ce que j’avais compris, les liens entre les familles importantes et le peuple étaient très forts, si bien qu’ils n’hésitaient pas à mettre la main à la pâte, ça aussi mon précepteur me l’avait appris, tout comme une partie des guerres qu’il y avait eut, mais Aolis n’en parlait pas et jamais je n’avais osé lui écrire au sujet de Saorsa, s’il ne la connaissait pas j’aurais l’air d’une idiote et s’il la connaissait que pourrais-je lui dire ? « Elle a disparu », j’aurais à nouveau l’air très maligne et cela pourrait compromettre aussi l’union. Dans le reste de sa lettre il n’évoquait que peu de choses sur lui, il parlait en revanche de son frère et donc de son épouse venant des terres de l’ouest. Mais pas celle de son jumeau. J’imaginais qu’il n’en avait pas encore, ce n’était pas étrange, mais non, même pas une fiancée. Ma mère quitta la pièce en entendant du bruit et revient, elle était livide :


« Sadralbe est de retour. »

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