Chapitre 23

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— Ma Dame, mère avait raison. En t'envoyant cette traînée de femme de chambre tu ne pourrais t'empêcher de vouloir venir ici la venger. En plus, qu'est ce qu'elle était bonne.

Il avait le regard encore plus perdu et se léchait les lèvres en repensant à ses souvenirs. Je n'osais même pas imaginer bonne dans quel sens.

— Tu ne dis rien ? Dommage ... J'aurais aimé t'entendre me supplier ... Mais ça viendra et ça sera encore meilleur dans ce cas.

Il redressa le chevalet sur lequel j'étais attaché et la douleur irradia rapidement dans mes poignets. Il colla son corps répugnant contre le mien. Je pouvais sentir l'excitation dans son bas ventre. Et je ne pouvais strictement rien faire. Il plaça sa main derrière ma nuque et je me pris pour un lama. Je lui crachais au visage.

Il fit un bond en arrière puis m'asséna une claque magistrale qui me fit voir les étoiles. Son regard n'était plus seulement habité par la folie mais aussi par la haine.

— Fais ta maligne garce. Tu finiras par aimer ce que je vais te faire, tu oublieras jusqu'au nom de mon frère si parfait.

Je devais gagner du temps pour espérer qu'Ash me trouve. Je me mis à rire, ce qui l'enragea encore plus.

— Aimer ce que tu vas me faire ? Dans tes rêves. Tu n'arriveras jamais au niveau de ton frère malgré tout ce que tu pourras tenter ...

Il feula d'énervement. Est-ce que c'était la bonne solution ? Aucun idée. Sauf qu'à un moment il faut agir. J'espérais que ça le pousse à l'erreur.

— Ta gueule !

Il se rua sur moi pour m'étouffer, puis me lâcha rapidement avant de grommeler pour lui même qu'il n'avait pas le droit de me tuer.

— Tss tss tss, brave petit chien à sa maman. On a du mal à sortir de ses jupes ? Mooooh pauvre petit.

J'avais peut être été trop loin. Il attrapa une lame et je cru ma dernière heure arrivée. C'est hallucinant d'où le soulagement peut venir d'une situation aussi horrible : il préféra taillader mes vêtements et en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, je me trouvais nue devant lui. Je ne m'étais jamais trouvée nue devant un homme. A aucun moment je n'aurais pensé que ma première fois se passerait comme çà. En même temps, qui aurait pu ?

— Fait ta maligne tant que tu veux. Tu hurleras mon nom, que ce soit de douleur ou de plaisir, ça m'importe peu. Et ne compte pas sur ta transformation pour t'aider, je sais ce que tu es et nous t'avons injecté de quoi la calmer pour un bon moment, ricana-t-il.

Je ne pensais pas qu'Asher arriverait à me sauver avant que cet énergumène n'abuse de moi. Je fis tout mon possible pour couper mon esprit de mon corps. Détacher tout lien existant entre les deux. Au moins, si je m'en sortais vivante, je pourrais tout faire pour me reconstruire. Si j'étais morte, je ne pourrais pas me relever de cette épreuve. Je n'aurais aucune opportunité de vivre tous les petits plaisirs que la vie peut apporter.

Je ne me rendis pas compte que je fermais les yeux avant qu'il ne m'ordonne de les ouvrir. J'avais du mal à garder une façade calme et résolue, au fond de moi j'étais terrifiée. Il pressait mon sein droit dans sa main et promenait l'autre sur ma peau quand la porte vola en éclat. Je ressentis un tel soulagement que ma pudeur fut complètement jetée aux orties. Qu'ils se rincent l'oeil tant qu'ils voulaient, du moment qu'aucun d'eux ne me touchait.

— Ellie !

C'était Ash qui se précipitait vers moi. Je ne pu m'empêcher de me crisper quand il s'approcha et tendit la main vers ma joue. Un éclat de tristesse passa fugacement dans ses yeux. Remarquant ma tenue, il s'empressa de prendre le drap du lit pour me couvrir. Ensuite il me détacha et je m'effondrais dans ses bras. Mes muscles étaient tétanisés d'être restés dans cette position. Nous n'échangeâmes aucun mot jusqu'à ce qu'il m'amène dans ses appartements. Il ordonna aux gardes de rester en faction devant sa porte et de ne laisser entrer personne. Sous aucun prétexte.

Il me posa délicatement sur son lit où je restais prostrée sans émettre un son. J'en étais incapable. Après mon acte de résistance, j'étais vidée de toute substance. Il vint s'installer près de moi et m'enroula dans la sécurité de ses bras.

Je restais crispée. En profiterait-il pour me toucher ? J'avais beau savoir que la réponse rationnelle était non, mon corps ne l'entendais pas de cette oreille.

— Ma chérie, je suis tellement désolé. Nous avons dû mettre le palais sens dessus dessous. Selana connaissait cette pièce mais pas son emplacement. Il lui bandait toujours les yeux. Mais nous avons fini par lui faire faire le trajet les yeux bandés et elle a reconnu les grandes lignes du tracer. Tu n'imagines pas à quel point j'ai eu peur ! Je m'en veux tellement de t'avoir laissée faire ça !

Je me raclais la gorge pour tenter de faire passer la boule d'anxiété qui l'obstruait.

— Tu n'as pas à t'en vouloir. C'est moi qui ai insisté alors que tu étais contre. Il va me falloir un peu de temps mais je ne regrette pas ce que j'ai fait. Ta mère a confirmé que j'étais loin d'être la première. Et il semblerait que parfois ton frère n'ait pas réussi à se contrôler et ait tué ses conquêtes ...

— Oh mon dieu, comment est ce que nous n'avons pu rien voir ? J'avais des soupçons mais jamais je n'aurais pensé que ça allait aussi loin ! Je m'en veux tellement de ne pas avoir creusé plus que ça !

— En même temps, qui aurait pu imaginer qu'il en était là ? Et couvert par tes parents ... Maintenant que les gardes sont intervenus, ils ne pourront plus cacher tout ça.

Il acquiesça mais il lui faudrait du temps pour digérer sa culpabilité. J'appréhendais les jours qui allaient venir. Ash m'expliqua que son frère avait été enfermé dans les geôles du palais où il était sous bonne garde. La comparution ne traînerait pas. L'idéal aurait été de trouver des jeunes femmes souhaitant témoigner des sévices subis mais rien n'était gagné. Elles avaient beaucoup à perdre dans ce royaume plutôt conservateur. Nous n'étions même pas surs que Selana oserait témoigner. Elle savait que je ne lui tiendrais pas rigueur si elle ne présentait pas. Sa famille pouvait décider de la renier.

Alors que je ne pensais pas du tout y arriver, je m'endormis comme une masse serrée dans les bras d'Ash. Depuis que nous étions revenus à Arenlone, nous n'avions pas eu cette chance. Je me sentais tellement bien que la contrariété perdit la bataille contre le sommeil.

Le lendemain, l'agitation régnait dans le château et s'étendait à toute la ville. La rumeur de l'arrestation du Prince Héritier Galaeron s'était propagée à la vitesse de la lumière. La colère grondait et la sanction se devrait d'être exemplaire. On me regardait la plupart du temps avec compassion. Il s'en trouva malgré tout quelques uns pour me traiter de traînée, de fille facile. Je regrettais presque d'avoir souhaité sortir un peu de l'ambiance oppressante du château.

— Vous l'avez aguiché et au dernier moment vous vous refusez à lui ! Sale pute allumeuse ! Vous méritiez ce qui vous est arrivé ! me cracha un badaud à moitié ivre.

Ni une ni deux, Oregon l'égorgea en pleine rue. Je ne sais pas par quoi je fus le plus choquée. Personne n'osait dire quoi que ce soit.

— Lui par contre a mérité son sort ! Y a-t-il d'autres pour penser comme cet idiot ? Que c'est comme ça qu'on traite une femme ? gronda-t-elle en balayant la foule du regard.

Voyant que personne ne répondait et détournais les yeux, elle poussa le cadavre du bout du pied. Dédaigneuse au possible.

— Gardes, jetez moi ce déchet dans la fosse commune.

Le reste de notre promenade fut beaucoup plus calme et nous l'écourtâmes. Je n'avais pas envie de devoir une nouvelle fois devoir défendre ma vertu.

Je ne me déplaçais nulle part seule. Nous ne savions pas si les partisans de Galaeron seraient nombreux et voudraient le venger, je ne souhaitais pas prendre le risque. Le procès eu lieu l'après midi même.

— La Cour déclare ouverte la mise en accusation du Prince Galaeron, ici-présent, pour violence et tentative de viol sur la personne de l'Enfant de Lune Elisabeth, ici-présente.

La foule se massait dans la pièce, c'était plein à craquer. Les témoignages des gardes m'ayant secouru apportèrent du poids aux accusations. La marque qui apparaissait sur ma joue également. De plus, nous étions mis sous un sort de vérité, ce qui permettait d'être surs de l'authenticité de nos paroles.

Selana osa venir témoigner également. C'était une joie pour moi de la voir se relever de ce qu'elle avait subi même si ça me faisait mal de l'obliger à revivre tout ça. Son récit me donna froid dans le dos et me fit monter les larmes aux yeux.

— Le Prince m'a approché avec de bonnes intentions dans un premier temps. De jolies paroles, des petites attentions ... Rapidement, ça s'est transformé en enfer. Il m'a bandé les yeux en promettant une surprise que j'allais adorer. Flattée par ces attentions, je ne me suis pas posée de questions. Il m'a fait faire de nombreux détours puis m'a fait entrer dans cette pièce.

Elle commençait à hyper ventiler et avait du mal à trouver ses mots. Heureusement, sa mère avait pu rester près d'elle et la soutenait du mieux qu'elle pouvait. Puisant dans ses forces, elle repris.

— J'ai ... Je ... J'ai du mal à vous raconter ce que j'ai vécu. Des mots, des coups, jusqu'à ... me ... me ... forcer à avoir des relations sexuelles avec lui, lâcha-t-elle dans un souffle avant de s'effondrer, en larmes.

Le silence était de plomb dans la salle. Elle ne pouvait pas mentir. Au delà d'une question d'honneur, c'était une question d'Ambus.

— Mademoiselle, pouvez-vous poursuivre ? demanda l'un des jurés d'une voix douce.

Elle prit une grande inspiration pour se donner de la force.

— Dissimuler les bleus et les bosses était devenu monnaie courante. Quand cacher n'était plus possible, je devais mentir, inventer une maladresse, une maladie. Je ne pouvais rien dire à personne. Il m'avait menacé de s'en prendre à ma famille si je faisais quoi que ce soit. Il en aurait très bien eu les moyens.

Le juge la remercia et elle put retourner dans l'écrin protecteur de sa famille qui pourrait l'aider à se reconstruire. Ma gorge était nouée. Comment pouvait-on faire subir ça à une personne ? Et comment ceux au courant pouvaient ne rien dire et couvrir ça ? Je lançais un regard assassin au couple royale qui ne laissait toujours rien transparaître.

Deux autres jeunes femmes osèrent venir témoigner et racontèrent une histoire similaire. L'une d'elle ajouta qu'il s'était vanté auprès d'elle de s'être « oubliée » avec la précédente quand il avait découvert qu'elle était enceinte de lui. L'horreur frappa durement la foule qui découvrait, ébahie, le revers de la médaille de son ex-futur roi.

Face à tous ces témoignages accablants et aux preuves physiques encore présentes sur le corps de mon amie, il fut condamné à la prison à perpétuité.

J'aurais aimé qu'on puisse lui couper les couilles et que je puisse le décapiter ensuite, non sans l'avoir fait souffrir, mais apparemment ce n'était pas possible. La peine de mort n'était pas applicable au sang royal. Quel dommage. Sur un malentendu ...

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