La chambre bleue aux draps blancs

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Nous marchions sur des pavés cassés et froids. Les pieds nus et l'âme en liberté, nous voguions sur des marées d'incertitudes. Ses yeux reflétaient ses amours perdus et mes phalanges tenaient toujours une cigarette. Maladie incurable.

« Tes mains ne servent qu'à fumer. »


Nous ne nous regardions pas, nous ne nous regardions plus. L'immortalité de l'instant. Le cas échéant. La mortalité dans nos veines, nous avancions coûte que coûte, nous traînions notre peine, d'être humains. Les bons à rien sont tous humains. Les mélancoliques se noient dans les abysses du cercler infernal, des torpeurs grandissantes et du bonheur mangeur d'Hommes.
J'étais seule, parmi la foule. Il était grand et fort, et j'étais en permission. 2 heures. J'avais le droit à 2 heures par semaine. De temps « libre ».

Mais qu'est-ce que la liberté lorsque nous sommes enchaînés le reste du temps ?


Je ne profitais même pas du moment. Il ne m'aimait pas, il ne m'aimait plus. Et je savais bien qu'il me trompait. Par ennui, en quête de soutien, en quête de rien.

Je rentrais dans ma modeste chambre bleue aux draps blancs. Mon petit bureau, au fond de la pièce, quelques cahiers ouverts, mon dictionnaire fermé et deux stylos par terre.
Mon lit était défait, la fenêtre peu ouverte,( nous n'avions pas le droit d'ouvrir vraiment nos fenêtres, elles étaient bloquées par une sorte de loquet) et mes états d'âme transpirant sous mes aisselles.
Je me déshabillais, me dirigea vers la salle de bain. Pris une brève douche, me rhabilla.


18h45.


L'heure des médicaments. Xanax, Valium, Tercian, Abily.. Je voyais les « fous » faire la queue. Des bêtes à l'abattoir. De pauvres pantins. Le goût amer me restait dans la bouche, trois bouchées de pain, repas terminé.
J'étais cette ombre face au mur. J'étais ce décolleté plongeant dans lequel les hommes aimaient s'aventurer. J'étais cette petite fille ayant peur des monstres sous son lit. J'étais ce soldat prêt au combat. J'étais tout, j'étais rien.


Je dansais,dans ma chambre, serrant mon oreiller contre moi.


Hurler au désespoir, me taper la tête contre les murs. Je l'ai fais, bien trop souvent, dans cette chambre bleue aux draps blancs.


L'hôpital était devenu ma maison. Ils me surveillaient, à longueur de journée, épiant la moindre faiblesse, contrôlant ce que je disais, me disputais parce que je ne mangeais plus grand chose. Me réprimandais par ce que je flirtais trop avec les autres.


J'avais besoin d'affection, besoin de tendresse.


Alors, l'heure du repas des infirmiers sonnaient et moi, et moi, je dansais nue sous les mains d'un homme différent chaque soir.


Et moi, et moi, je pleurais seule, dans mon lit lorsqu'il faisait noir.

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