Première prise de force.

10 minutes de lecture

-Alors, toujours pas mort ?

Je me forçai à ouvrir les yeux pour voir le visage de l’homme qui venait de prononcer ces paroles sur un ton sarcastique, comme si tout ceci l’amusait beaucoup. À la voix déjà entendue, je devinais qu’il s’agissait sans aucun doute de cet Adrien avec qui Nael s’était disputé. Il avait les cheveux noirs comme le jais, coupés très courts, lui donnant un air sévère. Mais ses yeux bleus étaient rieurs, contrastant étrangement avec son allure un peu militaire. Nael m’avait expliqué qu’Adrien et sa sœur faisaient partie de ses descendants, d’où l’air de famille que je remarquais. Cependant, Adrien ne dégageait absolument pas la gentillesse et la douceur de Nael, cet air de famille n’était que léger !

-Qu’est-ce… que vous… me voulez ? réussis-je à demander.

Il s’approcha et son regard s’attarda sur moi, évaluant ma situation.

-Rien en particulier. Je me satisfais de votre souffrance, petite chose fragile.

À mon regard étonné, il partit dans un éclat de rire.

-Vous n’y pouvez rien, je vous déteste tous pour ce que vous incarnez. Vous êtes liés aux êtres les plus répugnants qui soient. Et le pire, c’est que vous en êtes heureux. Et pas la peine de me sortir le couplet sur votre destinée, je le connais par cœur ! s’exclama-t-il en me voyant ouvrir la bouche, prêt à répliquer.

-Vous… ne… comprenez rien… à… notre lien… Votre sœur, si… pourtant.

-Ma sœur est juste sensible parce qu’elle est une femme, c’est tout. C’est pour cela que je ne lui en veux pas. Elle ne peut rien contre les faiblesses de son sexe.

Raciste envers les calices et les vampires, et également sexiste voire peut-être misogyne… Ce type a vraiment tout pour lui !

Il n’y avait rien à en tirer. Je décidai donc de l’ignorer et tournai ma tête pour ne plus le voir. Je me sentais assez mal comme ça, je n’avais pas besoin que quelqu’un en rajoute ! Un autre petit rire se fit entendre.

-Eh bien, le petit calice a son caractère, on dirait ! Je suis sûr que ton vampire doit bien s’amuser avec toi… Tu dois être à ses pieds, exécutant le moindre de ses désirs… Même les plus pervers, sans aucun doute !

Quel mépris j’entendais dans sa voix ! Ses propos me prouvaient qu’il n’avait réellement pas compris ce qu’était le lien, ce qu’il représentait, sa force et son amour inconditionnel et éternel, d’une telle puissance que les mots me manquaient pour réussir à décrire ce qu’il nous faisait ressentir. Surtout… que je ne le sentais plus, maintenant… C’était comme si on m’avait retiré une partie de moi… Je me sentais si vide…

-Ne vous inquiétez pas, petite chose. Vous n’êtes pas le seul à souffrir. C’est ce qui me rend si joyeux. Imaginer ce vieux vampire dans un état pitoyable. Bientôt agonisant… Dans très peu de temps, il souffrira le martyre, n’ayant aucun semblant de force, aucune énergie pour venir à votre secours…

D’entendre ses paroles sur mon vampire me pressait le cœur. Pourquoi cet homme faisait-il cela ? Comment pouvait-il être si heureux de nous faire du mal ? Je ne le connaissais même pas ! Et j’étais sûr qu’Éric ne lui avait jamais rien fait !

-Il sera si faible… si pathétique… Si… vulnérable…

Quoi ? J’avais senti une menace dans ses derniers mots.

-Comment pourrait-il se défendre face à une attaque ? Je ne sais pas, moi… Si j’avais envie de le trouver et de profiter de son état pour le tuer, qui m’en empêcherait ?

NON !

-Ha…

Quelque chose… Il se passait quelque chose dans mon corps… J’avais des picotements absolument partout ! Une colère comme je n’en avais jamais ressentie, dévastatrice, s’emparait peu à peu de moi. Comment cet homme pouvait-il menacer celui que j’aimais ? Jamais je ne le laisserai faire de mal à Éric ! JAMAIS !

Dans un état second, je levai mes bras et tirai le plus fort possible sur mes chaînes qui finirent par céder dans un cliquetis.

-Qu’est-ce que…

Une force surhumaine m’ayant envahi, je me redressai sur le lit, enfin libéré. Mes yeux se posèrent sur ce déchet que représentait cet homme imbu de lui-même. Il avait l’air… effrayé. Ça me ravit au plus haut point et j’en souris sans doute de manière effrayante, si je me fiais à son regard apeuré et à son recul vers la porte.

-Vos yeux sont rouges ! Non, c’est impossible…

Je me levai et émis un grognement animal. Plus rien d’autre ne comptait en ce moment que de lui faire du mal.

-Humain, tu crois que je vais te laisser faire ce que tu désires à l’homme que j’aime ? dis-je d’une voix méconnaissable en commençant à m’avancer doucement, tel un prédateur vers sa proie.

Il continuait, en retour, à reculer vers la porte. Je sentais sa peur et c’était… délectable…

Tout d’un coup, il se tourna et se précipita vers la sortie. Ce fut le déclic pour moi. Je courus et lui sautai dessus. Je ne me rendis même pas compte de la rapidité inhumaine avec laquelle je l’avais rattrapé, trop concentré sur sa tentative de fuite.

-Tu crois que je vais te laisser fuir et faire du mal à mon vampire ? lui dis-je d’une voix emplie de colère et toujours étrangère.

-AU SECOURS ! À L’AIDE !

Face à sa peur, je partis dans un rire sadique. J’avais perdu le contrôle de moi-même. Ma main se posa sur son cou et je commençai à presser. Il commença à s’étouffer sous mes yeux, et ça me remplit de joie. Des bruits se firent entendre et la porte s’ouvrit violemment, nous frappant au passage et me faisant tomber du corps de l’humain que j’entendis tousser.

-Vite… Tuez-le ! Il n’est plus lui-même ! ordonna Adrien aux deux hommes armés qui venaient d’arriver.

Je me levai et grognai en jaugeant ces hommes. Je ne leur laissai pas le temps de m’attaquer et d’un bond, les jetai violemment contre le mur, l’un après l’autre. Un bruit me fit me tourner vers la porte d’entrée. Ce déchet essayait encore de s’éloigner ! Je l’attrapai et le jetai sur le lit, là où il avait pris plaisir à me voir sans défense, coincé entre ses mains. Là où Thomas avait pu me toucher alors que je ne le voulais pas. Là où il s’était moqué de ma douleur… Je me mis sur lui, le bloquant. Sa peur était telle qu’elle m’enivrait. Je ris de nouveau. Cette situation était si satisfaisante…

Mes mains se retrouvèrent sur son cou qui me paraissait si frêle en cet instant. Je me mis à serrer, doucement, pour me satisfaire de voir ses yeux se révulser. Jamais je ne le laisserai faire du mal à l’homme que j’aimais ! Jamais ! Jamais ! Jamais ! En me répétant ce mot, je serrai de plus en plus fort. Ses mains qui tentaient de m’empêcher de continuer, tombèrent enfin sur le lit et…

-Sébastian !

Cette voix tant aimée ! Je lâchai le corps inerte et me tournai vers la porte pour y découvrir avec bonheur mon vampire ! Ses yeux étaient dorés, je sentais que ses canines étaient sorties, et mon instinct de calice en était plus que ravi ! Je descendis du lit à toute vitesse et lui sautai dessus, le faisant tomber sur le sol. Ma bouche s’empara de la sienne sans perdre une seconde. Je voulais le dévorer, ne faire qu’un avec lui ! Je le voulais tellement que j’étais certain d’en mourir si je ne satisfaisais pas mon désir tout de suite !

Le lien était restauré, je ne m’en rendais compte que maintenant. C’était sans doute parce que j’avais brisé mes chaînes contenant le bloqueur de lien, l’azurite ! Mon vampire avait ainsi pu me retrouver ! J’étais si submergé par la haine que je ressentais que je ne m’en étais pas aperçu avant. Mais je ressentais de nouveau notre connexion. ENFIN ! Sans pouvoir m’en empêcher, je me mis à frotter mon entrejambe contre le sien.

-Calme-toi, Sébastian. Je suis là, tout va bien.

Pour toute réponse, je poussai un grognement en accélérant mes mouvements qui en devenaient presque frénétiques.

-Sébastian !

Sa voix… Mon doux vampire essayait de prendre le contrôle mais ça ne marchait pas. Pas cette fois. Le contrôle était pour moi, et j’allais lui montrer… D’un coup sec, j’arrachai sa chemise avant d’ouvrir son pantalon pour en faire sortir son sexe dur.

-Ne bouge pas, ordonnai-je de ma voix toujours étrange, et je le vis se figer avec étonnement.

L’étonnement était pour lui, pas pour moi. Éric était parfaitement immobile, figé. Sans doute pour la première fois de sa vie, le beau vampire était à la complète merci d’un autre, et qui plus est, son calice ! Ça rendait toute cette situation encore plus excitante… Sans plus attendre, je me levai et me déshabillai entièrement sous son regard dans lequel un mélange de désir et de désarroi se reflétait. Je ne perdis pas de temps pour me jeter comme un affamé sur son érection. Il gémit mon nom, ce qui me grisa encore plus. Cependant, mon but n’était pas de le satisfaire mais de ME satisfaire. Une fois que j’eus fini de déposer assez de salive, je pris position au-dessus de lui, mis mes doigts dans ma bouche, me penchai et commençai à me préparer rapidement en ne le quittant pas des yeux.

-Vampire, veux-tu de moi ? demandai-je en continuant mes gestes.

Ses yeux se réanimèrent, il bougea, m’attrapant les hanches.

-Viens… murmura-t-il.

À vrai dire, s’il m’avait refusé ce que je désirais plus que tout en cet instant, je n’étais pas sûr que j’aurais eu la force de m’arrêter…

Sur un autre grognement animal de ma part, je m’empalai sur son sexe d’un mouvement sec. La douleur me fit gémir. Habituellement, je n’aimais pas avoir mal, mais là, je trouvai cette sensation délicieuse, et la tête en arrière, j’entrepris des mouvements brutaux et rapides. Le bruit de nos peaux qui s’entrechoquaient remplit la pièce. Nos râlements, nos gémissements suivirent. Je n’étais plus que sensations. Douleur, plaisir, tout se mêlait… Mais ce n’était pas suffisant. Je voulais qu’il me morde. Et qu’il le fasse sauvagement !

-Mords-moi ! ordonnai-je.

Il me renversa, retira son sexe en entier de moi, se baissa et plongea violemment ses canines dans mon pubis, me faisant hurler, avant d’aspirer à une vitesse folle mon sang. Toutes ces sensations mélangées, ce plaisir et cette douleur, me firent jouir contre lui. Éric se redressa et en me regardant droit dans les yeux, retira mon sperme de son cou et le lécha, n’en laissant pas une goutte. Mon érection en reprit de la vigueur, et un sourire un peu narquois apparut sur le beau visage de mon vampire. Il m’attrapa alors fermement les cuisses qu’il écarta sans ménagement, plaça son sexe contre mon entrée et me reprit durement, me faisant crier. Ses mouvements étaient saccadés, j’arrivais à peine à respirer. Et c’était ce que je voulais... Cette violence, son désir, j’en avais terriblement besoin. Mon vampire le savait. Lui, qui habituellement était si doux, me donnait ce que je désirais. À chaque va-et-vient violent et rapide, j’avais l’impression que j’allais me déchirer en mille morceaux entre ses bras, c’était grisant, et le plaisir montait de plus en plus haut, si haut que j’avais l’impression que j’allais en mourir… Je n’avais même plus la force de crier. Et je perdis pratiquement connaissance lorsque je jouis une seconde fois…

Lorsque je repris un semblant de conscience, ma respiration était apaisée, je me sentais enfin moi-même. Toute cette colère qui m’avait envahi et cet instinct animal qui s’était emparé de moi avaient disparu.

-Éric… murmurai-je, les yeux clos.

Je sentis une main caresser délicatement mon visage et j’ouvris les yeux. Il était là, au-dessus de moi, me regardant avec amour. Ses yeux avaient revêtu leur couleur sombre, et il semblait calmé lui aussi. Il me sourit et je lui rendis son sourire.

-Il nous faut partir, Sébastian. Nous ne sommes pas en sécurité ici.

Il avait raison. Je me redressai et gémis de douleur. Nos… retrouvailles avaient été si brutales que j’avais mal partout, et je me doutais que le lendemain serait pire… Mon vampire m’aida à me lever et surtout à m’habiller. Je n’arrivai même pas à me baisser pour enfiler mon pantalon ! Mais je me sentais tellement mieux maintenant que mon vampire était à mes côtés et que le lien était rétabli.

Une fois terminé, je pris soudainement conscience des corps qui se trouvaient dans la même pièce que nous.

-Ho non…

J’étais catastrophé. C’était vraiment moi qui avais fait ça ? Adrien gisait toujours sur le lit, inconscient. L’avais-je… tué ?

-Non, son souffle est faible mais stable, dit Éric qui avait dû sentir mon angoisse, notre connexion étant rétabli. Les deux autres hommes aussi, rajouta-t-il en suivant mon regard qui avait dévié sur eux.

Les hommes que j’avais brutalement jetés contre le mur avaient du sang qui coulait sur leur visage. Le choc avait dû être terrible…

-Allons-nous-en… murmurai-je, le cœur serré.

Tout ce que je voulais à présent, était de rentrer chez moi et de rester à l’abri dans les bras de mon vampire, aussi longtemps que possible. Je voulais tout oublier, même si je savais qu’il allait falloir régler toute cette affaire avec la confrérie et ses alliés. Mais surtout, et c’est ce qui me faisait peur, avec Sergueï… Si son calice n’avait pas réussi à le convaincre de laisser John et son entourage tranquille, comment allions-nous faire ?...

(Enfin un nouveau chapitre après tout ce temps !! Désolée pour cette longue attente mais j'essaie de mettre de l'ordre dans ma vie ! En tout cas, je n'abandonne aucune de mes histoires. Des bisous !)

Annotations

Vous aimez lire Asylene ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0