Poème, "Page blanche"
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"Maudit l'homme, penché sur sa table chancelante,
qui, dans la nuit et sous la bougie dansante
pose devant lui encore son cahier blanc,
sort sa plume et la plonge dans l'encrier de sang,
recommence à écrire, hésitant et pensif,
laisse filer sa main et souffre comme Sisyphe,
d'un poème, paresseux, qui ne veut pas naître,
farouche, sauvage, insensible au talent du maître
qui, au désespoir, déchire la page rebelle
et la jette, vierge des lignes qu'il rêvait si belles.
Alors dans l'ombre, conquise par tant de révérence,
donnant à l'homme un nouveau souffle d'espérance,
la Muse amoureuse tend vers la sienne sa main pâle,
et caresse la page, chatoyance d'opale,
où l'âme du poète tout à coup peut fleurir,
son cœur déborder et sa joie enfin s'écrire."
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