Aegnor Mar'Lectra - Naissance

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 Aegnor se rendait dans sa chambre après une interminable journée passée à s’entrainer. Sa cape flottait autour de lui, couverte de poussières alors qu’il grimpait les dernières marches menant à l’étage des novices. Il rêvait d’un bon bain chaud après toutes ces heures passées sous un soleil de plomb à manier les armes lourdes. Il poussa la porte de sa chambre dans un grincement qui lui agressa les oreilles. Il faudrait vraiment qu’il songe à s’occuper de cela. Il n’allait plus pouvoir sortir en douce la nuit avec le boucan qu’elle faisait ; la lévitation ne faisant pas partie de ses pouvoirs, il ne pouvait pas, comme certains de ses frères et sœurs, faire l’école buissonnière en passant par la fenêtre. Il referma derrière lui, et parcourut son refuge du regard. La chambre était petite et peu meublée, comme toutes celles des novices ; un lit, une table de chevet, un secrétaire, une chaise et une énorme penderie à côté de laquelle reposait son armure. Son regard s’arrêta sur son lit. Quelque chose clochait. Le cœur battant il s’approcha, priant pour que rien n’ait disparu. Cela serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase. Dire qu’Aegnor était sous pression n’était qu’un doux euphémisme. Entre les brimades de ses camarades, les exigences de leurs entraineurs, de ses parents… Il se demandait souvent comment il faisait pour ne pas craquer. La pression qui reposait sur ses épaules était écrasante. Une simple tâche de survie, il l’appliquait avec l’automatisme d’un robot. Tout comme mécaniquement il réalisait ses entrainements : courir, sauter, rouler, parer, attaquer et ainsi de suite jusqu’à ce que sonne l’heure de rentrer. Ses rares instants de bonheur, il les passait avec…

 Un cri de rage, mêlé de jurons, lui échappa. Il avait disparu ! Il retourna la pièce de fond en comble sans réussir à mettre la main dessus. On l’avait forcément volé ! Mais qui ? Qui aurait osé s’en prendre ainsi à lui ? Certes, on se moquait de lui, le persécutait, mais tous le craignaient sans exception. La maîtrise quasi parfaite de ses pouvoirs télékinésiques, électriques et magnétiques avait de quoi effrayer et compensait bien souvent ses lacunes en combat armé. Il ressortit de sa chambre, la rage grondant en lui comme un orage naissant, et dévala les escaliers qu’il avait eu tant de mal à monter quelques instants plus tôt. Qui que cela soit, ils payeraient. On ne volait pas impunément Aegnor Mar’lectra. Arrivant dans la salle commune emplie de ses frères et sœurs d’armes, ses yeux vairons brillèrent de colère :

– Qui est entré dans ma chambre ? hurla le jeune homme aux cheveux brun foncé.

Les voix se turent tandis que des visages perplexes se tournaient vers lui. Un novice aussi grand que gras prit la parole.

– Qu’est-ce qui t’arrive ? T’as perdu quelque chose ? commença-t-il d’une voix ironique.

– On m’a volé, que le coupable de ce forfait se dénonce immédiatement.

– Oh… pauvre petit chou… On t’a volé quoi ? Ton habileté au combat ?

– Très drôle. Et toi le monorchide, tu as retrouvé la seconde ou tu la cherches toujours ? répondit Aegnor sur le même ton.

 Rafik pâlit. C’était petit, Aegnor le savait mais ce gros plein de soupe l’avait bien cherché. Il avait beau être doué au maniement de la hache, c’était l’un de ses seuls atouts.

 Les yeux vert-feuille et améthyste d’Aegnor parcoururent la salle. Cela allait s’avérer bien plus ardu que prévu. La simple peur de ses pouvoirs n’allait pas encourager le voleur à se dénoncer surtout s’il avait le soutien des autres… Le garçon d’un mètre quatre-vingt-treize de muscles inspira profondément avant de reprendre, l’air se chargeant d’électricité alors que le ciel au loin se couvrait de nuages noirs…

– Vous n’êtes qu’une bande de puceaux espérant un jour avoir le courage et le culot des grands chevaliers, mais n’ayant que celui des lâches ! Vous avez osé me voler alors que je m’échine à la tâche, bien plus qu’aucun d’entre vous ! Si on ne me rend pas dans la demi-heure qui suit ce que l’on m’a dérobé, je vais déchainer les Sept Enfers sur le royaume ! J’en ai plus qu’assez d’être votre souffre-douleur, plus qu’assez d’essayer de satisfaire des incapables comme vous !

 Cette catilinaire fut interrompue par un éclair déchirant le ciel, faisant voler en éclats les vitres fragiles de la salle commune.

– Vous avez trente minutes, ou je réduis en cendres chaque être vivant de ce château… et cela ne sera que le commencement !

 Il se retourna, sa cape volant derrière lui en émettant un claquement sec, avant qu’il ne ressorte de la salle dans un silence médusé.

 Le teint hâlé du jeune homme était cramoisi. Les éclairs, ainsi que les coups de tonnerre, pleuvaient autour du château, reflet de l’humeur massacrante du guerrier-mage. Il perçut un mouvement non loin de lui, tourna la tête juste à temps pour voir un sabot argenté disparaître dans un angle. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il s’élança à sa poursuite. Sa traque les mena à la sortie du château. Il vit alors une silhouette fine, enveloppée d’ombres courir en direction du pont-levis. D’un simple geste de la main, Aegnor redirigea un éclair qui s’écrasa à quelques centimètres d’elle, la faisant se retourner.

– Toi, grinça Aegnor.

– Moi, dit la jeune femme avec un sourire goguenard.

– Rends-la-moi, gronda l’homme en désignant ce que tenait la voleuse.

– Oh, ça ? dit-elle en l’agitant devant elle. Certainement pas ! C’est ce qui va me permettre de valider mon examen…

 D’une pirouette, elle s’écarta d’Aegnor qui tentait de récupérer son bien.

– Si tu la veux, il va falloir venir la chercher… Preux chevalier, ricana-t-elle avant de s’évanouir, ne laissant derrière elle que des volutes de fumée.

 Quelque chose se rompit en Aegnor en la voyant ainsi maltraiter son ami de toujours, son confident, mais surtout disparaître avec lui. On lui avait dérobé Monsieur Sparkle ; sa précieuse licorne en peluche. Le monde entier allait payer pour ce crime !


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NDA : Ce texte a été écrit pour le concours organisé par l'auteur Michael Bieilli sur Instagram en avril 2022.

Il fallait créer un méchant aussi charismatique que ridicule avec une raison totalement non crédible pour justifier tout le mal qu'il fait. Le texte doit faire entre 500 et 1000 mots.

J'ai choisi de créer Aegnor et de raconter sa "naissance" en tant que méchant.


J'ai écrit cette nouvelle de 987 mots lors d'un live sur mon Twitch durant lequel deux mots m'ont été imposé :

Monorchide et catilinaire.


Et pour le Bonus Monsieur Sparkle existe bel et bien, c'est ma peluche licorne, et si vous souhaitez la rencontrer rendez-vous sur mes réseaux et plus précisément mes lives Twitch !






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