Traquée

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 Mon cœur battait la chamade. Voilà plusieurs heures que je fuyais à travers la forêt pour rejoindre la civilisation. Je venais d’atteindre les limites d’un lotissement ou d’un village peut-être. Le jour tombait. J’apercevais des lueurs tremblotantes alors que je m’en approchais. Des cris et des rires aussi. De la vie. Il y avait donc des gens ici ! Peut-être que quelqu’un pourrait m’aider ? Je pressais le pas. Il ne fallait pas qu’il me retrouve. Surtout pas. Des années que j’étais enfermée dans cette maison sordide à subir tout ce qu’il voulait, à faire tout ce qu’il m’ordonnait. J’avais profité d’un moment d’inattention pour m’enfuir… Mais très vite, il s’était mis à me poursuivre. J’avais réussi à m’échapper tant bien que mal. Récupérant de nouveaux bleus, des vêtements déchirés mais toujours vivante. Bonne ou mauvaise chose, je n’aurais su le dire. Peut-être que mourir était une solution plus simple pour mettre fin à ce calvaire ? Je clignais des yeux alors que j’entrais en ville. Je repérais plusieurs choses une fois mes yeux habitués à la lumière. D’abord, un nombre incalculable de personnes, enfants, adolescents, adultes, personnes âgées qui déambulaient en ville dans de drôle d’accoutrement. Puis, l’origine des lumières tremblotantes, des centaines de bougies : certaines mises dans des citrouilles stylisées, d’autres simplement mis dans des photophores… Halloween. Je m’étais enfuie le soir d’Halloween. Je m’approchais d’un premier groupe, qui s’éloigna vers une maison, sans me voir, alors que j’allai les aborder. Et ainsi de suite avec plusieurs groupes. Je sentais l’angoisse envahir à nouveau ma gorge, me couper le souffle. J’allais frapper à la porte d’une maison. Les yeux exorbités par la panique. Je l’avais aperçu dans la foule. Il me cherchait. J’attendais dans la peur devant la porte de la maison. Alors qu’elle s’ouvrait, je vis d’abord le visage surpris de la femme face à moi.

- Je ne donne de bonbons qu’aux enfants… Même si je dois dire que votre costume est très réussi.

- Non… S’il vous plaît, aidez-moi, réussis-je à articuler. Mais je vis la femme sourire, disparaître derrière sa porte, revenir et passer derrière moi pour donner des bonbons au groupe d’enfants qui était arrivé.

- Passez un joyeux Halloween !

Et elle referma sa porte. Les enfants s’éloignèrent. Tandis que je restais stupéfaite devant la porte. On ne m’avait même pas écoutée... Ignorée et pire on m’avait crue déguisée ! Mes vêtements en lambeaux, mon teint pâle, mes bleus…

- Mila !

Je sursautais, sortant de ma torpeur au simple son de sa voix.

- Non… murmurais-je en me retournant. Il était là. En bas de l’allée menant à la maison.

Je reculais de quelques pas, trébuchant sur les décorations au sol. Avant de me tourner et de me mettre à courir. M’échapper. Je devais m’échapper. Il ne fallait pas qu’il m’attrape. Un cri de rage se fit entendre derrière moi et des bruits de course. Il me pourchassait. Je courus au milieu de la foule sans que personne ne se soucie de moi ou même de mon poursuivant. Regardant partout autour de moi à la recherche d’une échappatoire n’importe quoi qui me permettrait de me sortir d’ici. Là. Une ruelle avec un panneau indiquant « gendarmerie ». Je la pris au pas de course. Vite, trop vite, si vite que je me pris à nouveau les pieds dans quelque chose et m’écroulais à terre. Une brûlure vive se fit sentir au niveau de mes genoux et de mes mains.

- Tu ne m’échapperas plus maintenant Mila, dit-il alors qu’il arrivait derrière moi. Ma tête fut violemment tirée en arrière. Et je sentis le métal froid de son arme contre ma tempe. Tu vas me suivre gentiment Mila… Et je te promets que je ne te punirais pas trop.

Je sentais les larmes me brûler les yeux mais je refusais de me rendre sans me battre. Pas cette fois. Je réussis, je ne sus comment, à le faire tomber en essayant de m’échapper. Son arme fit un bruit sourd en tombant à quelques mètres de nous alors qu’un juron franchissait les lèvres de mon tortionnaire. Nos regards se croisèrent, le sien brillant de colère et de haine, le mien sûrement hanté par la peur, avant de se poser sur l’arme. D’un même mouvement, nous nous précipitâmes vers elle. Un coup de feu retentit. Un cri indéfinissable brisa les rires et la gaité de cette soirée d’Halloween.

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