JOURS 3.

Il regarde sa femme en silence. Depuis hier, elle ne cesse de regarder par la fenêtre du salon. Elle épie les vas et viens de leurs nouveaux voisins. Il se demande pourquoi elle ne sort pas faire leur rencontre à la place. Il demeure silencieux et la regarde faire son petit manège. En fait, il pense par la suite qu'il n'est pas mieux. Il regarde sa femme observer des gens...

- Veux-tu aller te promener dans les alentours ?

Elle se retourne vivement. Ses yeux verts expriment de la colère.

- Pour qu'ils se moquent de moi ? Sais-tu comment les gens sont méchants ?

Lucas n'argumente pas. Lucy a toujours raison. 

JOURS 4.

- Tu as vu ? s'écrie soudainement Lucy. Je savais que Marcus avait une maîtresse !

- De quoi tu parles ?

Lucas est assis sur le petit divan en cuir. Il regarde son fil d'actualité sur les réseaux sociaux. À chaque matin, il fait sa petite routine en buvant son café. Puis, il se prépare pour sa journée de travail. Il n'a pas terminé de tout placer et il veut s'assurer que Lucy est bien dans leur nouvelle maison. Donc, pour le premier mois, il travaille à partir de la maison.

Mais ça fait deux jours qu'elle passe ses journées devant la fenêtre du salon. Sa femme s'invente des noms et des scénarios. 

- Que Marcus à une maîtresse ! Je viens de voir la femme sortir.

Il secoue la tête, mais ne dit rien. 

- C'est un vrai salopard... Elle travaille comme une folle pendant que lui...

- Et qui te dit qu'il est marié ? C'est peut-être sa petite amie...

- Hier, sa femme est venue me porter des petits gâteaux. 

Il fronce les sourcils.

- Mais quand ? J'étais ici.

JOURS 5.

- C'est samedi aujourd'hui, je refuse de rester à l'intérieur. Il y a un parc au bout de la rue.

- Je te l'ai déjà dit Lucas ! Je ne veux pas que personne me voit comme ça...

- Tu penses qu'ils n'ont jamais vu quelqu'un en fauteuil roulant ? Tu prévois rester enfermée chez toi pour les 25 prochaines années ? Allons faire la rencontre de nos voisins... En plus tu sembles apprécié la femme du voisin.

- Je l'apprécie, car elle est dans la même situation que moi. Sauf que moi, je suis au courant.

Lucas ouvre la bouche et la referme immédiatement. Il n'a rien à dire. Ça fait des mois qu'il a mis un terme à l'autre relation. Combien de fois il s'est excusé ? Va-t-elle le pardonner un jour ? Il ferme les yeux et prendre une grande respiration. 

C'est dans ces moments précis qu'il sent une rage grandir en lui. Puis, il se souvient de la grande croix en bronze en dessus de leur lit. 

Dieu te regarde, Dieu te juge. Il sait tout.

Il n'est pas innocent, il sait ce qu'il a fait et Lucy à besoin du temps pour guérir. Alors, depuis quelques mois, il accepte ses regards froids, sa distance, ses insultes. Car il l'aime, mais elle doit penser le contraire malheureusement. 

- Peut-être que nous pourrions l'inviter au parc ? 

Un petit sourire étire les lèvres pulpeuses de sa femme. C'est rare qu'elle sourit. Ses yeux verts pétillent de vie.

Après s'être préparés, ils sortent enfin. Il fait chaud, mais un doux vent vient rafraîchir l'air. Le ciel est bleu et le soleil brille fort. 

Le quartier est un coin tranquille, la rue est paisible. Il y a quelques enfants qui s'amusent dans la rue. Certains font du vélo, d'autre se poursuit en poussant des cris de bonheur. Un couple de l'âge d'or travaille dans leur jardin, les fleurs sont magnifiques. La dame salue Lucas et Lucy. Plus loin, un groupe de femme tous en robe d'été, semble jaser de tout et de rien. Elles boivent des cocktails colorés. Elles arrêtent de parler et saluent le couple qui passe dans la rue. Lucy leur renvois la main, mais elles regardent seulement Lucas.

Ils s'arrêtent devant la maison de son ''amie.'' Il monte les quelques marches et sonne à la porte. Une grande femme métisse vient lui ouvrir la porte. Très belle et ses grands yeux sont impressionnants. Un brun qui tire vers le vert. Il reste sans mots quelques secondes avant de lui sourire et de pointer Lucy plus bas.

- Nolah ! Veux-tu venir au parc avec nous ? Demande Lucy. Il fait tellement beau auj...

- Non merci.

Et elle ferme la porte au nez de Lucas. 

Lucy éclate de rire. Le groupe de femme éclate de rire, le vieux couple et les enfants éclatent de rire.

- Je te l'avais dit ! 

- Tu m'as absolument rien dit ! cri Lucas rouge de honte. 

Il descend les quelques marches en vitesse. Il pousse le fauteuil de sa femme en direction du parc.

- Mais il va pleuvoir, le ciel devient gris.

- Pas grave. Prendre de l'air fait du bien. Je n'aime pas être enfermé.

Lucy hausse les épaules et n'ajoute rien. Son mari à raison. Ça fait du bien de prendre de l'air. La maison est magnifique, mais les murs sont épais et parfois il fait sombre chez eux. Des fois, elle n'arrive pas à ouvrir les fenêtres. Souvent il fait soit très chaud ou soit très froid. Néanmoins, la jeune femme adore sa maison. Et aime surtout regarder ses voisins par la grande fenêtre du salon. Ainsi, elle apprend à les connaître sans les côtoyer. 

Un ballon frappe la roue. Lucas s'arrête et voit une petite gamine courir vers son ballon. 

- Désolé, dit-elle.

- Pas de soucis ma belle, sourit Lucas.

Les grands yeux verts de Lucy observe l'enfant. La petite reste figée quelques secondes puis baisse la tête. Elle tourne les talons s'apprêtant à rejoindre ses amis.

- Papa est méchant avec maman, mais il l'aime beaucoup. Hier, le nez à maman saignait, mais papa pleurait. Maman pardonne toujours papa.

Lucy hoche la tête en souriant.

- Ton père est un salaud et ta mère est une pauvre conne naïve. Dit leurs qu'ils font beaucoup de bruit et que ça m'empêche de dormir. Et que la prochaine fois, qu'ils ferment les rideaux.

Les yeux de la petite se remplissent de larmes.

- Mais quand les rideaux sont fermés, papa devient méchant avec moi...

- Alors cache-toi dans le sous-sol. Ton père à peur du sous-sol... surtout quand il fait noir.