Prologue

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Une brosse est posée sur une table de chevet quelconque. Une petite table qui semble avoir été fabriquée il y a plusieurs, plusieurs années. Le bois est épais, semble être véritable. Avec le temps, la table de chevet à perdu de sa brillance. C'est un peu triste, car tous les meubles se ressemblent. Vieux, ternes et abandonnés.

Mais la brosse posée sur la table de chevet est lumineuse. Comme si elle était remplie de vie. En bronze avec quelques cheveux blonds pris dans ses pailles. Mais les cheveux blonds sont fades, secs, morts. Peut-être que ça fait longtemps qu'ils sont coincés dans la brosse. Peut-être que ça fait des années qu'une jeune fille a utilisé cette brosse pour se coiffer les cheveux.

Tout comme ça doit faire des années que personne n'a vécu dans la sombre maison. Les fenêtres sont barricadées, il y a une forte odeur de renfermée. Les vermines et les araignées sont maîtres des lieux.

Pourtant, la maison est grande et a déjà été magnifique. Comme la brosse, elle était vivante, rayonnante et chaleureuse. Les familles qui y ont vécus ont déjà été heureuses. C'est un peu comme si Dieu les avait bénis de cette demeure. Rien ne pouvait leur arriver. Car la maison était belle et les protégeait du mal.

Cependant, veille et craquée, le mal s'introduit facilement entre les murs, les plafonds, le sol, les fenêtre... Comme la moisissure.

***

- Tu n'aimes pas ?

- Euh... C'est grand pour deux...

- Nous prévoyons avoir des enfants...

Lucas a les sourcils froncés. Il semble confus, mais je demeure impassible. Ce trou du cul veut fonder une famille avec moi ? Il est sérieux ? Veut-il aller sur la Lune aussi ?

Il me pousse vers la cuisine. Les comptoirs et l'îlot sont à mon hauteur. Les armoires sont bases. Je dois dire, la cuisine est époustouflante. Tout est neuf, ça sent encore le nouveau. Ça m'arrache un sourire et j'entends Lucas rire.

- Tu es enfin contente !

- J'adore la cuisine, je pourrais faire à manger plus facilement.

- Effectivement !

Nous demeurons silencieux, comme toujours. Cela fait plusieurs années que nous n'avons plus de conversation. Les premières années de notre mariage ont été fantastiques. J'ai vraiment cru que c'était l'amour de ma vie, l'homme avec qui j'allais finir ma vie. Vieillir et mourir. Mais...

J'ai eu un accident à l'âge de 25 ans et j'ai perdu la motricité de mes jambes. Ça fait presque cinq ans. Notre mariage en a pris un sale coup. Je crois que Lucas en a plus souffert que moi. Depuis mon accident, nous passons moins de temps ensemble. Parfois, il ne couche pas dans le même lit que moi. Je le retrouve souvent couché sur le divan et je ne sais jamais à quelle heure il est entré.

Il ne me fait plus rire, il n'est plus séduisant à mes yeux. Même s'il m'aide, je sais qu'il se sent obligé. Il a promis à mon père mourant de s'occuper de moi. Je n'ai jamais osé demander comment sa maîtresse se nomme. Je n'ai jamais osé demander à quoi elle ressemble. Est-ce qu'il l'aime ? M'aime-t-il ? Est-ce que je l'aime encore ?

C'est certain que j'ai ma part de responsabilité. Mais après mon accident, j'ai perdu mes parents. J'ai fait une dépression, cette période de ma vie n'a pas du tout été facile. J'ai peu d'amis, donc c'était difficile d'extérioriser ma peine. Et à cause de tout ça, je suis devenue sombre, insensible et très renfermé sur moi-même. Je suis complètement le contraire de Lucas. Il est le Soleil, je suis la Lune.

J'ai toujours rêvé de vivre dans une grande maison dans un quartier paisible. Il continue de me faire la visite des lieux et à chaque fois, je suis émerveillée par la beauté de la maison. J'imagine mes futures enfants grandir ici. Peut-être que cette demeure donnera une nouvelle chance à notre couple.

Finalement, c'était une bonne idée.

- Regarde au-dessus de notre lit, dit-il en pointant le mur.

Il y a une grande et magnifique croix accrochée au mur. Je dis accroché, mais j'ai plus l'impression qu'elle est dans le mur. Il serait très difficile de l'enlever. C'est un peu comme si le mur a été construit autour de la croix. C'est étrange, mais j'adore.

- J'aimerais que tu dors avec moi cette nuit.

Lucas écarquille les yeux. Je lui ai déjà dit que si un train l'écrasait, je serais heureuse. Il doit être surpris par ma requête.

- Je suis nerveuse de dormir seule.

Il doit être déchiré entre le choix de dormir avec sa femme ou sa maîtresse. Mais il me sourit, il a fait le bon choix.

- Nouvelle maison, nouvelle vie, nouveau départ.

Je hoche la tête et il m'embrasse.

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