Ce désir charnel

2 minutes de lecture

Célia

La soirée du 14 janvier


Elle a accepté ma proposition, néanmoins, je la sens encore déstabilisée par celle-ci. Lorsque je déverrouille la porte, elle fixe l'horizon comme perdue dans ses réflexions. Je l'invite à se mettre à l'aise, elle s'installe sur mon canapé d'angle. Elle enlève son perfecto noir laissant découvrir son léger décolleté. J'ai conscience que tout cela fait partie de ce plan que j'ai soigneusement orchestré pour la faire tomber sous mon emprise. Mais au regard de ces sentiments nouveaux que j'éprouve, j'ai davantage de questionnements sur ce qu'elle représente pour moi. Puis-je prévoir une vie amoureuse avec elle, alors que sa propre sœur a succombé de mes mains ?

Elle possède ce côté sombre qui la rend irrésistible, mais cette noirceur n'entache pas la pureté de ses sentiments. Qui pulvériserait tout ce qu'elle a bâti afin de venger son neveu ? Cette situation transforme la barbare loi du Talion en un acte splendide d'amour comme le chantait Michel Sardou. Attention, je m'oppose fermement à la peine de mort contrairement à lui dont la position demeure ambiguë, le droit à la vie étant indissociable d'un individu à mon avis. De plus, j'applaudis infiniment la mémorable plaidoirie de l'avocat Robert Badinter contre cette peine, qui l'a conduit à devenir un grand ministre de la Justice.

Je découvre l'embarras de Célia, en me libérant de mes pensées, je me décide alors à me rendre à la cave pour choisir une petite collation. À la suite d'une mûre réflexion, je me résous à choisir un vin du Château Mouton Rothschild Magnum datant de 1947. Je vais chercher deux verres à vin en cristal, puis lui en sers un et m'assis à côté d'elle. Elle commente la couleur cerise ainsi que les odeurs de thé, de noisettes et d'amandes du vin.

Sans faire attention, elle fait tomber une goutte de vin sur ma chemise. Cela ne me pose pas de soucis et je l'enlève immédiatement, je la vois se mordre la lèvre. Je sens ce désir charnel m'envahir, contemplant son teint fragile de porcelaine qui contraste avec sa force naturelle. Je m'empresse de l'embrasser fougueusement et elle se laisse faire. Pourtant, son corps tendu ne semble pas prêt à accepter mes douceurs comme si elle était davantage soumise à mon plaisir qu'au sien. J'ouvre la fermeture de sa robe et ma langue dessine des baisers sur son cou, afin de s'aventurer dans le creux de ses seins puis le ventre... D'un coup sans raison apparente, elle me pousse violemment contre la table. Je me paralyse devant ce comportement brusque, je ne comprends pas ce qui vient de se passer. Elle s'habille rapidement, prend la porte et s'enfuit probablement chez elle. Ne prenant pas la peine de m'habiller, je m'avance vers sa maison.



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