Un ami

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Pour un ami, je peux faire beaucoup de choses. Je peux trouver des mots qui ne me seraient jamais venus à l'esprit s'il n'en avait pas eu besoin. Je peux mettre de côté ma peur pour affronter les siennes avec lui, mes soucis pour me pencher sur les siens, ma peine pour me réjouir avec lui ou mon bonheur pour tenter de le réconforter, ma pudeur pour lui dire ou essayer de lui faire comprendre qu'il compte pour moi. Je peux accorder du temps. Je peux prendre mon mal en patience, faire taire mon énervement. Donner de l'attention, donner de l'énergie. Je laisse parfois de côté mon sourire pour une angoisse dont je ne vois pas le bout.

Avec un ami, je peux rire au point d’avoir des crampes, pleurer ou faire les deux en même temps. Je peux sortir une dizaine de conneries à la seconde comme tenir une conversation sérieuse. Je peux discuter un peu, beaucoup, à n’importe quelle heure et jusqu’au beau milieu de la nuit. Je peux regarder un film d’horreur en pleine journée et avoir peur quand même, tout en faisant des commentaires incessants pour tenter de déstresser sans me faire engueuler. Je peux rire à des blagues débiles, soupirer en réprimant un sourire à celles qui le sont trop. Je peux improviser en deux minutes un moment pour se voir. Je peux être moi-même sans avoir peur du jugement. Je partage des photos et des souvenirs qui nous feront rire ou honte même après des années.

Vis à vis d'un ami, je fais des erreurs. Bien plus souvent que je ne voudrais l'admettre, et plus le temps passe, plus ça me saute aux yeux. J'oublie de demander des nouvelles, je laisse le lien se distendre, je parle trop souvent de moi, je ne sais pas toujours quoi répondre. Je suis maladroite, je blesse. Je suis peu perspicace : je ne vois pas assez les signes qu'il envoie, les messages qu'il veut faire passer, les choses qui devraient me faire réagir. Je suis à côté de la plaque, à la bourre. Agacée, jalouse, j’éprouve de la rancœur. Je sais que ça passe vite, mais je déteste en ressentir, je trouve ça… nul, idiot. Pour tout ça, j'espère être pardonnée.

Grâce à un ami, on prend des claques et des leçons. On apprend à mieux se connaître soi-même, à voir ce qu’on fait de travers pour mieux pouvoir le redresser. Grâce à un ami, on peut rire de tout, la vie est plus belle, moins plate. On sait qu’il y a toujours quelqu’un pour nous pas loin. Prenons soin des nôtres, c’est un trésor qu’on a peut-être trop tendance à considérer comme acquis en oubliant la chance qu’ils représentent.

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