La pluie

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Ce matin-là, comme tous les autres matins de cet horrible mois de mars, Gaël avait été réveillé par la pluie. La sombre et intriguante pluie. Son plic-ploc régulier ne manquait jamais de le réveiller. Et comme si cela ne suffisait pas, tous les matins sans exception, quand la pluie venait le tirer de son sommeil, il pleurait. Seulement, il ne savait pas pourquoi. Il n'arrivait même pas à se souvenir de quoi il avait rêvé.

Et ce matin-là, cela n'y manqua pas. Le vieil homme se leva en sursaut, les habits trempés de sueur, une larme perlant le long de sa joue. Il reprit son souffle, et se mit à écouter la mélodie aux mille notes de la pluie. S'il n'avait pas été réveillé par ce bruit, il aurait pu le trouver relaxant pensa-t-il. Et tandis qu'il écoutait, il regardait par-delà la fenêtre, il observait les rues encore endormies de la ville. Des rues qui ne tarderaient pas à devenir actives et à grouiller de monde. Une voiture passa, suivie d'une autre. Gaël se demanda où elles pouvaient bien aller, et commença à imaginer une petite histoire. Les voitures étaient toutes deux plus noires que la nuit. Peut-être était-ce la mafia ? Il se surprit à rire de sa propre blague.

Il se désemberlificota de sous son amas de couettes, avant de récupérer sa montre qu'il avait posé sur la table de nuit: 5h45.Il fallait qu'il se dépêche s'il voulait arriver à temps. Il s'habilla en quatrième vitesse, courut vers la cuisine afin d'avaler une bouchée de pain beurré, puis, enfilant son grand manteau demi-saison, il passa la porte d'entrée et la referma à clef derrière lui.

"Tu ne pouvais pas me réveiller plus tôt, satanée pluie ?" hurla-t-il dans les rues désertes.

...

"Salut.

- S'lut.

- Eh ben dis donc, c'est pas la grande forme aujourd'hui ! T'as encore fait ce rêve ?

- Oui, je crois bien, mais comment en être sûr ? Tout ce dont je me souviens, c'est que dans mon rêve, quelqu'un meurt. Je ne sais plus qui.

- Allez, te prend pas la tête avec ça Gaël ! Viens, y a du travail qui nous attend."

Gaël suivit Arnaud dans le corridor, et ils entrèrent tous deux dans la salle où étaient entreposés les balais et les chiffons, les produits multiples et variés, les serpillières et les raclettes... et tout cela bien organisé dans des chariots. Ils enfilèrent tous deux leurs blouses et leurs gants, puis, ils se partagèrent la surface à nettoyer en deux. Arnaud au premier et au deuxième, et Gaël au troisième et au quatrième.

Ils partirent donc chacun de leur côté, s'activant déjà. Gaël prit l'ascensceur et arriva bientôt aux étages concernés. Il regarda autour de lui et constata qu'effectivement, ici, la propreté n'était qu'une seconde occupation parmi tant d'autres. "Le travail passe avant tout, pensent les grands patrons, Du moment que l'argent rentre, ce n'est pas un problème." On se croirait dans un dépotoir, pensa-t-il, et dire que je n'ai qu'une heure et demie pour nettoyer tout ça.

Aujourd'hui, le vieil homme n'était pas gâté. Il avait même droit aux chewing-gums sous les tables, et aux rouleaux de papiers toilettes coincés dans le conduit des toilettes. Une vraie porcherie ! Exténué, Gaël s'accorda une petite pause avant de reprendre le travail avec une ardeur renouvelée. Plus vite il aurait fini, plus vite il pourrait rendre visite à ses petits-enfants.

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