Le roi et le Pèlerin

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   Il était une fois un roi, que la sagesse n'étouffait pas et qui ne savait être comblé par ce qu'il possédait déjà. Aussi, lorsqu'il désira un jour dans ses jardins exhiber une Wyvern comme on le ferait d'un animal exotique, ou d'un parterre de fleurs délicates ; ses ministres ne l'en dissuadèrent pas, et envoyèrent aux quatre coins du royaume des émissaires chercher la créature.

Durant de nombreuses années, ils la cherchèrent en vain, ils explorèrent toutes les pistes, interrogèrent tout ceux qui pouvaient l'être, poussèrent même leurs explorations au-delà des frontières de leur nation.

Pourtant, rien, la bête restait résolument introuvable. Aucune rumeur, aucun témoin ne faisaient état d'une présence passée. À croire qu'elle n'avait jamais existé. Une forte récompense fut offerte à quiconque prouverait être une Wyvern, mais cela aussi fut vain.

Et le roi commença alors à perdre patience, et les têtes commencèrent à rouler.

Le royaume lentement déclinait. Lorsqu'un matin où l'orage menaçait, apparut aux portes du château un Pèlerin. Il avait fière allure malgré son humble condition et déclara être celui que recherchait le maître des lieux. Aussitôt les gardes le menèrent à leur monarque.

Le voyageur traversa le grand hall en faisant fi des regards méprisants de la cour et s'inclina devant le souverain.

— Es-tu celui que je cherche ?

— Je suis celui-là même, votre seigneurie.

— Prouve-le !

— Si mon ascendance je prouve, qu'y gagnerais-je ?

À ses mots le Pèlerin, qui était déjà un homme de haute taille, se redressa encore dans l'attente d'une proposition de la part du suzerain.

— Tu y gagnerais un toit pour toujours.

— Je suis un voyageur, je n'ai besoin d'aucun toit.

— Alors je t'offrirais de l'or, beaucoup d'or !

Et sur un geste du roi, deux valets versèrent aux pieds du Pèlerin des monceaux d'or, d'argent et de pierres précieuses.

— Je suis un homme simple, seigneur, je ne saurais que faire de tant de richesse.

Le monarque se retint d'émettre quelques suggestions scabreuses et réfléchit plutôt à une nouvelle proposition.

— Je te propose d'épouser ma fille cadette qui brille tant par sa douceur que par sa beauté, ainsi ; toujours, tu pourra rester à mes côtés.

D'un geste du souverain, deux gardes se saisirent de la jeune fille et jetèrent la malheureuse aux pieds du Pèlerin.

— Mon roi, puisque tu souhaite tant me voir marié, à ta cadette je préférerais l'aînée car je l'aime et je souhaite depuis longtemps l'épouser.

Au dehors l'orage gronda tandis qu'au dedans le roi tempêta.

— Toi ! C'est toi, mécréant, qui à dupé ma fille préférée ! C'est toi, vaurien, qui de ta malice à profité d'elle et ensemencé son sein ! Qu'on se saisissent de lui !

Mais il n'en fut rien.

Car le Pèlerin n'était bien celui qu'il prétendait être, et le roi eu tout juste le temps de le reconnaître.

  Je me garderais bien de décrire en trop de détails ce qu'il advint ensuite, mais sache que le roi trouva ce jour-là la Wyvern qu'il désirait tant et qu'il le regretta chèrement.

 Parce que la pluie torrentielle qui s'était abattus ce jour-là avait découragé les habitants de la ville à sortir de chez eux. Et parce que l'orage avait tant couvert les cris de terreur qu'il s'était confondus avec les rugissement de l'animal, on ne trouva les corps qu'au matin suivant.

 Des gens du château ; petits ou grands, seigneurs ou serviteurs ; il ne restait rien que des corps déchiquetés.

 Quand au Pèlerin, il tira sa bien-aimée des cachots où son père l'avaient enfermée, ils se trouvèrent déjà loin au moment de l'horrible découverte. Il l'emmena dans l'un de ses palais, loin du monde et de ses tourments, et ils y vécurent heureux quelques temps, car ni la mère ni l'enfant ne survécurent à l'accouchement.

 Lui aussi, ne pouvait posséder ce qui ne lui était destiné. Alors, plein de chagrin il reprit son chemin.


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