A toi pour qui je ne suis rien

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Je ne sais pas trop par où commencer. Comment pourrait-on décrire le début d'une relation qui finalement n'existe pas ?

Peut-être que c'est là tout le problème , rien ne nous a jamais rapproché toi et moi. Pas un sourire , pas un regard affectueux , pas une parole rassurante, que des points communs superficiels . Nous ne sommes que des étrangers que la vie et les circonstances forcent à se côtoyer et à avoir un semblant de connexion sous la base de liens de sang qui finalement ne signifie rien pour aucun des deux.

La logique voudrait que je ressente un manque , un besoin de renforcer ce lien qui n'existe que sous le prétexte que je n'existerais pas sans ton intervention. Mais je ne ressens rien, je ne ressens plus rien. L'époque où ce besoin avait une importance pour moi est révolue depuis bien longtemps. Je suis passé par bien des phases avant d'en arriver là.

D'abord de l'incompréhension et de la tristesse. Pourquoi une relation aussi banale qui semble indispensable ne m'a jamais été donnée ? Comment se fait-il que malgré tout les efforts que j'ai pu faire , je n'ai jamais réussi à faire de toi autre chose qu'une connaissance, qu'une coquille vide sans intérêt qui m'a simplement donné la vie sans chercher à créer quelque chose ? J'ai encaissé tout ces refus de ta part, tout ces moments où tu m'as montré que j'avais aucune importance à tes yeux. J'ai encaissé tes absences à des moments importants de ma vie , les moments où j'avais besoin de ta présence, où j'aurais aimé que tu sois là. Je me suis fait ronger de l'intérieur par toutes ces caisses que j'avaient empilé parce que je pensais que j'étais capable de toutes les supporter en même temps. Et quand j'étais au plus bas , quand la vie n'était finalement plus une chose qui m'intéressait et dont j'avais envie , c'est là où je me suis rendu compte que tout cela n'avait aucune importance pour toi. Je te trouvais des excuses , tu t'en trouvais aussi. Comment aurais-je pû aller bien alors que j'étais incapable de voir la vérité ? Je me faisais du mal moi-même , à essayer de créer un lien avec quelqu'un qui coupait sans arrêt la corde.

Et là est venu le temps de la colère. De la haine même , un sentiment tellement fort qu'il effaçait tout les autres. Une sorte d'instinct incontrôlable , qui m'empêchait de créer quelque chose de bien avec qui que ce soit. Je me suis mis à en vouloir au monde entier alors que la véritable source de ma colère, c'était la seule personne contre qui je ne la dirigeait pas. Si tu savais à quel point je m'en veux d'avoir imposé à tout ces gens ce comportement immonde qui aujourd'hui me répugne au plus haut point. Je n'avais jamais été aussi proche de toi , une personne incapable d'aimer, ne ressentant que du mépris pour les autres. J'ai dit et fait des choses qui ont changé à jamais ma vie , et je suis obligé d'avancer avec ça , quand bien même les cibles n'étaient pas celles qui le méritait. Et quand je me suis rendu compte que même ma colère ne te faisait pas réagir, ce sentiment est parti.

Vint alors le vide, celui qu'on redoute . Celui qui nous angoisse et nous empêche de voir que la vie est bien plus belle que ce qu'on pourrait penser. Ce fut le temps des concessions , des moments où j'ai réprimé ce que j'étais réellement pour que tu m'acceptes, pour que tu m'aimes. Ces fois où je n'essayais plus de te contredire , de peur de détruire le semblant de relation que j'avais eu l'impression de construire avec toi. Je suis resté longtemps dans cette spirale , incapable de me rendre compte que je ne pouvais pas détruire ce qui n'existait pas . A croire à des chimères, comme un enfant qui croit qu'il suffit d'être gentil pour que le Père Noël nous récompense avec ce dont on rêve le plus. Je crois qu'il n'est jamais venu me voir et j'ai fini par abandonner toutes ces idées superflus. La vérité m'était apparu , il était temps de faire ma vie, avec ou sans toi.

Aujourd'hui je suis dans une phase où je ne ressens plus rien. Toute la rancœur que j'avais a disparu, toute la colère s'est évaporée. J'ai enfin compris que le problème venait de toi , pas de la jeune fille que j'étais. J'ai cherché des explications à ton comportement, des réponses. Et si ce qui ressortait le plus était ton impossibilité de voir autre chose que ma ressemblance avec ma mère, je crois que le problème allait bien au-delà de ça. Tu es incapable de voir les autres, de comprendre ce qu'ils ressentent. C'est comme si finalement , dans ton monde, tu étais la seule personne qui méritait de l'attention.

Et si aujourd'hui tu penses que tu es comme ça parce que toi aussi tu as été dans ma situation un jour , que ton père a toi aussi t'a fait les mêmes choses horribles , sache que ça ne t'excuse pas . On a tous le choix , soit on répète les mêmes erreurs que les personnes qui nous ont élevées, soit on fait de notre mieux pour être quelqu'un de meilleur. Tu n'as fait aucun effort pour être un bon père, sache que moi j'ai tout fait pour être une bonne fille. Tu es né seul , tu mourras seul.

Personne ne t'aime parce que tu n'es capable d'aimer personne en retour. Et c'est la seule chose que je ressens pour toi , de la pitié.

Celle qui aurait pu être ta fille,

Helena.

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