Chapitre 32

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Écrit en écoutant notamment : Phaxe x Audiomatic – The City In The City

  • C’est bête comme question, mais qu’est-ce qui te plaît chez moi ? demandé-je.
  • Vaste question ! Déjà, je suis sûr qu’un petit démon se cache sous ton apparence paisible. Mais l’attirance ne s’explique pas plus qu’elle ne se commande ! Et toi, tu saurais me dire ce que tu aimes ?
  • Eh ben, déjà ton physique, mais ça, tu dois bien le savoir. Et… je sais pas, mais tu as l’air… intéressant.
  • D’accord, je note, dit-il en cachant un début de rire.

Je me sens vexé et le fais savoir :

  • Je te rappelle qu’à la base, c’est toi qui as commencé à me draguer ! Et à Saint-Malo, tu as usé de ma faiblesse pour prendre du plaisir entre mes fesses.

Dimitri prend plus de temps qu’avant pour choisir ses mots. Ce n’était pas la meilleure façon de me justifier, c’est comme si je cherchais à le faire culpabiliser d’une chose dont il n’est pas responsable. En même temps, je meurs d’envie d’observer sa réaction.

  • C’est vrai que je ne t’ai pas senti complètement à ton aise. J’espère que tu ne m’en veux pas. Par contre… je crois que je te plais au-delà de ce que tu oses m'avouer. T’aurais pas dû me mater comme ça dans le bus, hier.

Il me faudrait un miroir pour savoir si je rougis, ou bien si je blêmis de honte.

  • Je voyais bien dans la vitre où visait ton regard ! ajoute-t-il.
  • Oh, bordel…
  • Pas de honte à avoir, j’ai fait pareil. Plus d’une fois.
  • Donc ça va, je ne suis pas un dangereux pervers.
  • Faut que tu te détendes, Martial, dit-il avec douceur. Tu profiteras beaucoup plus !
  • Je m’en doute, mais c’est difficile… J’ai plus l’habitude de voir des acteurs baiser que de le faire moi-même.
  • Je ne parle pas que de sexe. Mais pour tout te dire, j’aime bien cette résistance. Pas trop longtemps, hein, j’ai envie de te faire craquer !
  • Ah bah alors… j’espère que je ne te décevrai pas. Il faudrait déjà que tu m’apprennes à bien embrasser. Tu sais, mes expériences ont été plutôt rares ces dernières années.
  • Il ne faut pas te poser tant de questions ! Laisse-toi guider par tes sensations.
  • Plus facile à dire qu’à faire, grogné-je.

Alors qu’il m’attrape par l’arrière du cou, nous entendons des pas se rapprocher dans le couloir.

  • À mon avis, la séance de mon Martial aura lieu un autre jour. En contrepartie, je voudrais que tu m’inities à une de tes passions, peu importe laquelle.

***


Aujourd’hui, nous avons quitté la capitale pour poser bagages dans une zone plus rurale. Après une heure de trajet, nous débarquons dans la ferme qui doit servir de lieu de tournage pour la journée. Je ne sais pas comment ils se sont arrangés pour obtenir l’autorisation du propriétaire, mais la scène a dû être cocasse.

L’endroit en lui-même ne m’étonne pas, j’ai déjà vu des films choisissant ce cadre. Ça donne une ambiance rustique et sauvage qui contraste avec le confort habituel des studios. Le mot « enfourcher » y prend tout son sens, si on veut bien se comparer à une botte de foin.

Daniel est resté à l’hôtel et nous a chargés, Raquel et moi, de la responsabilité de représenter notre studio pour la journée. Il nous a assuré être en train de prospecter des lieux de tournages insolites pour de futurs films, en France.

Pour l’instant, j’aide surtout à décharger du matériel, pendant que M. Bartoš enchaîne des coups de fil auxquels je ne comprends évidemment rien. Nous faisons ensuite un point avec les réalisateurs tchèques ainsi qu’un des nôtres, qui a fait le voyage, pour se mettre d’accord sur les derniers détails de tournage et l’ambiance souhaitée pour les différentes scènes. À nouveau, je peux compter sur les fiches de Daniel pour m’aiguiller… et encore, aujourd’hui, la logistique est surtout assurée par les Tchèques. L’objectif principal est d’avoir une réalisation « voyeuriste » qui transmette un côté authentique.


***


  • Kenzo, on tient la fourche dans l’autre sens ! m’écrié-je en manquant de m’étouffer de rire.
  • C’est vrai que ça marchait pas trop, comme ça.

Ce n’est pas l’habit qui fait le moine, et encore moins la tenue de Kenzo, tout à fait convaincant dans sa salopette. Les bretelles font ressortir ses épaules musclées, tandis qu’un chapeau de paille lui couvre les cheveux. Et je suis de nouveau excité… combien de scènes me faudra-t-il pour mieux contrôler mes émotions ?

  • Par contre, je me demande si je vais réussir à bander avec ce froid. Je sais pas si c’était la meilleure idée du monde ! se plaint-il.
  • J’ai confiance en toi, t’es une machine ! dis-je pour l’encourager.

Comme d’habitude, le scénario du film n’a pas repoussé des limites d’inventivité. L’acteur tchèque qui devra composer avec Kenzo arrive en se présentant comme un nouvel apprenti à la ferme. Mon collègue est donc censé lui faire visiter les lieux et lui montrer certains rudiments du travail agricole. Heureusement qu’on ne cherche pas la crédibilité à tout prix ! Je suis néanmoins surpris par la qualité de l’anglais de Kenzo. Son accent laisse à peine transparaître sa nationalité française.

Ces premières scènes sont rapidement bouclées, malgré l’ignorance quasi-totale de Kenzo sur la manière dont on doit utiliser les outils de la ferme. De toute manière, je me doute que le rapprochement entre les deux garçons interviendra rapidement au montage. La scène suivante est filmée depuis l’entrebâillement d’une porte faite de planches de bois, du point de vue d’un troisième garçon qui passe par là – par le plus grand des hasards, évidemment ! Kenzo colle son partenaire contre un mur, fait tomber ses bretelles et colle son torse au sien en entamant un baiser langoureux. C’est bon, l’ardeur de Kenzo a vaincu l’atmosphère un peu fraîche.


Il est maintenant complètement nu, tandis que son minet s’appuie sur une botte de foin, le pantalon sur les chevilles. Ils baisent dans cette position pendant de longues minutes avant qu’on estime avoir suffisamment de contenu pour passer à la suite. Le Tchèque s’allonge dans la paille, sur le dos avec les jambes relevées. Je me demande si ce matelas doré est confortable ou bien si les fines tiges séchées piquent désagréablement la peau.

Kenzo s’arrête en pleine action, suscitant des interrogations surprises de toutes les équipes, qui interrompent leur prise. Il ne tarde pas à se justifier en désignant du doigt l’origine du « problème » :

  • Il y a une poule qui me fixe depuis tout à l’heure, ça me stresse !

En effet, une magnifique poule rousse bien dodue est en train de déambuler au milieu des trépieds. Elle doit apprécier la compagnie humaine, peu importe leurs activités étranges.

  • Allez Kenzo, elle s’en fout, la poule… dis-je.
  • Je te jure qu’il y a quelque chose dans son regard. Quelque chose de… cosmique.

Il ne m’en faut pas plus pour éclater de rire. Je m’accroupis au sol et attrape le docile gallinacé sous ses ailes. Je le cale sur mon coude et lui caresse la tête tout en allant le déposer plus loin, hors de la vue de Kenzo. L’incident est clos, on peut reprendre.

Je dois avouer que je redoute le moment où ce sera au tour de Dimitri de tourner. Vu la crise de jalousie que j’ai réussi à piquer vis-à-vis d'Alexis alors que nous nous connaissions à peine, ça promet. Il faut absolument que je me mette en tête que ces relations seront uniquement professionnelles. Je décide même de me trouver un coin au calme pour travailler sans devoir subir ça. En plus, j’ai déjà passé assez de temps à être payé à me rincer l’œil.

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