10-La mort en face

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14 jours avant le drame :

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Après plusieurs jours d’observations au wagon bleu, et dans le quartier de Wicker park, il était temps d’agir. Le dealer nous avait visiblement mis sur une bonne piste, ou peut-être était-ce un piège, je ne savais pas. L’équipe étais en place, nous attendions la fermeture du restaurant pour débuter l’opération. Nous ne voulions pas mettre en danger les clients. Gilets pare-balles, pistolet chargé, casque de protection, nous étions prêts.

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L’adrénaline montait, mon palpitant s’accélérait, et que c’est bon, bordel ! C’est dans ces moments que j’aime mon métier, la peur m’envahit, mais c’est une bonne peur. Celle qui vous rendra lucide au moment d’appuyer sur la détente de votre arme, au moment de faire face aux dealers. C’est en quelque sorte l’instinct de survie qui prend le dessus, ce genre d’opé, c’est eux ou nous, leurs balles ou les nôtres.

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Aron me fit signe de la main, il étais temps d’y aller. Une dizaine d’autres policiers emboitèrent le pas. Nous avancions en silence et avec prudence, jusqu’à l’entrée du restaurant, qui venait de fermer. Mais bien sur avant qu’il ne soit clos, sept ou huit hommes, sont entrés et ne sont pas ressortis. Malheureusement Peter était de cela. Les rideaux étaient baissés, il ne pouvait pas nous voir arrivés, un bélier enfonça la porte, nous sommes entrés.

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En tête de cortège Aron, avançait d’un pas assuré, arme à la main. La salle de repas était vide, mais le restaurent est grand, et en contient plusieurs après les cuisines. C’est justement là que nous entrons avec Aron et trois autres flics. Le reste du groupe est partis explorer les pièces voisines. Les cuisines vide, pas un bruit, juste celui de nos pas avançant lentement, sous peine d’être entendu.

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Un coup de feu retentit, puis deux, puis trois ! Une fusillade avait retenti dans le wagon bleu, à quelques salles de la nôtre. Sans hésiter, nous avons couru en direction des bruits de tirs. Tout se passa très vite, à notre arrivée un collègue étais à terre, hurlant de douleur, une balle lui avait déchiré la joue gauche juste en l’effleurant.

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Les autres s’échangeaient des tirs, qui étais en faites une diversion pour se dérober dans une porte menant à la classique ruelle. Ni une, ni deux, je pris mes jambes à mon cou pour ressortir du wagon bleu et aller couper leur retraite dans la ruelle. Aron ne m’avait pas vu, il était trop occupé à panser la plaie du policier blessé. Arrivé à la sortie, je me dirigeais rapidement à la ruelle en contournant l’angle du bâtiment.

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Une voiture partait en trombe, mais il en restait au moins deux, j’en étais certains. Je m’enfonçais dans la sombre ruelle, quand je tombai nez à nez avec l’un d’eux. Je braquais mon arme sur lui, c’était mon frère, encore. Il m’imita aussitôt :

«—Peter, je t’avais dit de sortir de cette histoire, tu ne m’écouteras donc jamais !

—Non, c’est toi qui ne m’écoute pas, tu es dans une affaire trop grande pour toi.

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—Baisse ton arme ! lui ordonnai-je

—Non, Oliver !

—Allez, baisse-là, m’agaçais-je en commençant à m’inquiéter de voir Peter ne pas le faire.

—S’il te plait Grand frère, laisse-moi partir ! me demanda-t-il le visage grave.

—Pas cette fois, je ne peux pas.

—Allez ! hurla-t-il avant de prendre une voix larmoyante. Je t’en supplie, je ne veux pas faire ça, mais je n’aurais pas le choix, si tu ne me laisse pas partir. »

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A ce moment, je pris un coup violent derrière la tête, qui me fit tomber à genoux. C’était un autre mafieux, j’avais bien raison, il en restait deux. Mon arme tomba à terre, je ne pouvais plus me défendre, j’avais maintenant deux armes braquées sur moi :

—Peter, on doit l’abattre, il a vu nos visages, il en sait trop sur nous.

—Tu as raison, tuons-le et allons-nous-en, acquiesça Peter le visage sombre. »

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Mon visage se glaça, et la peur s’empara de moi. La mauvaise peur cette fois-ci, celle ou on ne contrôle plus rien, ni gestes, ni sentiments. Non, juste de la peur, pure et dur :

«—P’tit frère, ne fais pas ça !

—En plus c’est ton frère, En sachant qui tu es, il finira tôt ou tard par tous nous coffrer. Peter, tue-le ou je le fais moi-même.

—Non, c’est à moi de le faire, pas à un autre.»

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Il s’avançait d’un pas et posa son arme sur mon front. La sueur m’envahissait et les larmes coulaient le long de mes joues. Je l’ai protégé toute ma vie, et il va m’abattre la, comme un chien, dans une minable ruelle de Chicago. Je ne pouvais le croire, mais pourtant. Mes larmes de plus en plus nombreuses, d’un dernier espoir, je le suppliais :

—Peter, tu ne peux pas me faire ça, je t’en supplie. Je me suis toujours occupé de toi depuis tout petit et c’est comme ça que tu me remercie.

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—Ne rend pas la chose plus difficile. Me répondait -il, la main légèrement tremblante.

—Mais… Le désarroi se lisait sur mon visage, je repris, mais, je t’ai encore sauvé la mise l’autre jour.

—Ferme les yeux, Oliver, et adieu mon frère, je t’aime. »

Je fermais les yeux, et me mit à hurler de peur ! Quand d’un coup le coup de feu partit, le temps s’arrêta, autour de moi le silence régnait.

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J’ouvrais les yeux, Peter l’arme encore fumante au-dessus de moi. Il venait d’abattre l’autre gars derrière moi, il m’avait laissé en vie. Je lui attrapai le bras de sa veste, et lui fit un signe de remerciement. Sans plus attendre il s’enfuit, me laissant seul dans la ruelle. Mes nerfs craquèrent, et pour la première de ma vie j’éclatais en sanglots, je venais de frôler la mort, de près, de très près.

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C’est un sentiment d’impuissance terrible, qui ce jour-là ma changer à tout jamais. Après quelques minutes, Aron et les autres me trouvèrent toujours à genoux dans la ruelle :

—Allez, viens mon pote, c’est fini, me fit Aron, en me levant et en me ramenant aux voitures de police. Pour ce soir, on passe le flambeau, tu vas te reposer, et nous expliquer ce qui s’est passé demain.»

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J’acquiesçai, sans dire un mot, encore traumatisé de ce qui venait de se passer.

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