Ascenseur émotionnel

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Vendredi, fin de la semaine. Après une journée harassante au travail je passe enfin la porte de mon immeuble. Ce n'est pas finit pour autant, ma seconde journée commence. Je réponds au message des copines, pendant que mentalement je fais ma to-do-list de la soirée:

-douche

-gâteau aux carottes

-Récupérer mes filles

-Emmener l'ainée au basket

-Réunion du sou des écoles

-Préparer tout le monde pour la soirée chez Mick et Lolo

-Penser à vérifier jusqu'à quand je peux régler la cantine

-Préparer la machine à laver

Le tourbillon de la vie quotidienne ne me laisse aucun répit. Travail, enfants, école, réunion, sport, tâches ménagères, et j'en passe. Je rêve que le temps s'arrête, profiter du moment sans penser à gérer celui d'après.

Je monte dans l’ascenseur en glissant mon téléphone dans mon sac. J'appuie sur le 4ème étage. Les portes commencent à se refermer, quand j'entrevois ma voisine de palier arriver en courant. Je retiens les portes en forçant avec ma main.

-"Merci, la journée n'aura pas été tout à fait merdique" me dit-elle en souriant. Je remarque ses yeux qui pétillent. En l'observant je vois des petites pattes-d'oie. Elle est charmante. Elle relève sa tête et nos yeux se croisent, mais ne se lâchent pas. Je bredouille :

« -Quel étage pour vous?

-Toujours le même que vous, je n'ai pas déménagé. »

La honte me fait baisser les yeux et rougir mon visage.

L'ascenseur démarre enfin, je sens son regard brûlant qui m'observe. Finalement elle prend la parole:

« -Ca vous dirai un de ces jours, vous venez prendre l’apéro, histoire de faire vraiment connaissance?» Sa voix est douce mais affirmée. Elle a un entrain qui donne envie de dire oui, ce que je fais. Je relève mes yeux, elle me fixe toujours avec son sourire. Il me transperce le corps, son regard me réchauffe. J'ai des pensées insensées, censurées aussitôt. J'espère que ce désir aussi intense que nouveau, passera aussitôt sorti de l'ascenseur.

D'ailleurs il s'arrête enfin. J’attends qu'il s'ouvre. Mais je comprends qu'il est en panne. Me voila aussitôt replongée dans ma claustrophobie. Je la gère assez bien au quotidien. Mais ça c'est trop.

J'essaye d'ouvrir les portes de l'ascenseur à mains nues. Il faut appeler mais je ne vois plus les boutons. Le souffle me manque, je vais bientôt ne plus pouvoir respirer, il faut sortir. Les murs sont tous très proches, il n'y aura bientôt plus d'air. Je vais tomber là sur le sol. Il ne faut pas que je casse mon téléphone, où est mon sac à main. ...

Des bras m’entourent et une voix douce parvient à mes oreilles.

Je me concentre pour mieux l’écouter.
« -On recommence, on respire l'air par le nez. Essayez de le ressentir, il fait le tour de votre corps, vos poumons. Puis vos avant-bras et vos bras, il va jusqu'au bout des doigts. Il descend dans votre ventre.... »

Elle continue, je pose ma tête sur son torse, je cale ma respiration sur la sienne. Elle recommence plusieurs fois, trois peut-être quatre fois.

Je me relâche, enfin. Je respire et regarde autour de moi. Je vois l'ascenseur porte fermées mais mon corps reste calme. Je nous vois dans le miroir. Ses mains sont au niveau de mes hanches. Je relève la tête et la regarde. Son visage est à quelques centimètres du mien, son souffle se mêle au mien.

Je chuchote un merci à peine audible.

Elle m'embrasse! Sans prévenir! Je goûte à ses lèvres. Elles sont tièdes, sucrées et aussi douces que de la soie. Elle se détache aussi vite qu'elle est arrivée. Je glisse ma main dans sa nuque et approche son visage pour regouter à ses lèvres.

« -Je ne savais pas que vous étiez du genre à vous laisser embrasser dans un ascenseur, me sourit-elle. »

C'est un électro choc, je recule mon visage. On est dans l'ascenseur! Peut-être qu'il y a des caméras. Et je l'ai embrassée! Pourquoi ? L'ascenseur est bloqué, il est si petit, j'ai besoin d'air, je ...

-J'ai besoin que vous restiez calme, explique-t-elle de sa voix douce.

Douce comme ses lèvres, si sucrées. Malgré toutes les pensées qui se bousculent, ma bouche vient de nouveau percuter la sienne. Cette fois dans un baiser fou, nos lèvres se cherchent, se trouvent, se décollent, se ratent, se retrouvent, se séparent, se mordent, se collent.

Ses mains se glissent sous ma chemise et rapprochent mon corps du sien.

Je sais qu'il ne faut pas! Pas ici, pas maintenant, pas comme ça, pas avec elle. Malgré toute ma volonté d'arrêter, je suis emportée dans ce tourbillon de sensations.

Ses doigts frais suivent la dentelle de mon soutien gorge. Ses lèvres filent dans mon cou. Je perds toute notion de temps, d'espace, de personne. Finalement le temps ne s'est pas arrêté mais l'ascenseur si, et c'est tout comme! Je profite de ce bien être, de ce rien dans mon esprit.

Puis le plus important me revient : je suis dans un ascenseur. J'embrasse une femme dans l'ascenseur. Impensable, inimaginable, irréaliste.

Je n'ai jamais touché une femme. Je veux sa peau sous mes doigts, est-elle aussi douce que ses lèvres?

Elle, visiblement, a l'habitude. D'une main elle décroche mon soutien-gorge.

Je sens ma poitrine libérée ce qui me rappel que c'est surtout déraisonnable. Je murmure:

-Non, non il ne faut pas.

Elle me regarde ses yeux brûlants d'envie plantés dans les miens, et doucement presque intimidée:

-Désolé mais votre voix chaude, votre peau colorée, vos baisers incandescents, comment résister? Elle enlève ses mains de sous ma chemise et recule.

Et tandis que mon cerveau se félicite que tout soit arrêté et se demande comment refermer mon soutien-gorge. Mon corps lui est tendu, je devine le désir dans ma culotte. Il ne demande qu'une chose…encore.

Et je l'écoute, c'est à mon tour de glisser mes doigts jusqu'à son corps. Sa peau invite à la caresse. Nos visages s'attirent doucement jusqu'à ce que nos souffles se mélangent. Elle met ses mains sur mes fesses et rapproche nos corps encore. Mon index remonte jusqu'à son soutien-gorge. Elle ne porte pas de sous-vêtement, ce qui m'arrache un sourire. Je caresse sa poitrine, la pointe de celle-ci se durcit.

Mon corps décroche de toute réalité. Il profite de la sensation sous mes doigts. Son corps collé au mien. Ses courbes sous mes mains. Nos souffles qui se mélangent. Nos yeux qui ne se lâchent plus. Le goût sucré de sa peau. Son odeur qui m'enivre.

Mon cerveau n'est pas d’accord. Il pense à la cabine d'ascenseur, grise avec ses lumières tamisées, sept étages et un bouton sonnette. Il a toujours l'air à l'arrêt, c'est déjà ça. Je réalise que personne n'a appuyé sur la sonnette. Est-ce que ça veux dire que personne ne viendra? Je suis tiraillée par continuer ce corps à corps ou se décoller pour poursuivre la journée. La moitié de ma to-do-list n'aura plus le temps d'être faite.

Sa bouche se colle dans mon cou et mes pensées arrêtent de dériver. Elle me picore de baisers. Je penche la tête pour profiter de la sensualité qui fuit de ses lèvres. Ses mains lâchent mes fesses. De façon inattendue, elles ne filent pas sous ma chemise. Elles vont déboutonner mon pantalon. Simultanément elle survole mon cou de ses dents. Je ressens une décharge et une sensation de chaleur m'envahit instantanément. J'en ai le souffle coupé. Je la regarde, je la trouve belle avec ses boucles qui tombent sur ses épaules. Ses lèvres viennent se coller aux miennes. Elle glisse une main dans mon pantalon, part de l'intérieur de la cuisse pour remonter doucement. Elle passe sur ma culotte en ralentissant son mouvement. Mes caresses sur sa poitrine s'arrêtent et j'oublie de lui rendre un baiser. Un sourire sulfureux s'étend sur son visage. De la voir prendre plaisir, cela me donne envie qu'elle aille plus loin dans ce jeu de caresses folles.

Mais pendant une seconde, plus rien. Elle arrête et me regarde. Une seconde c'est suffisant pour que je réalise ce qu'on est en train de faire. On est dans un ascenseur. Je pense à m'éloigner d'elle. A me retirer de ce corps à corps. Mais elle recommence à caresser doucement sur ma culotte. Ce qui a pour effet non pas d'enlever mes mains, mais d'enlever son t-shirt. Elle est alors torse nue devant moi. Elle est belle. Je me renseigne:

« - Etes-vous folle voisine?

-À cet instant précis oui, folle de vous, arrêtez de parler et usez vos lèvres sur mon corps. »

Je me baisse pour embrasser sa poitrine. Elle est sublime au grand jour. Elle est ronde et comme toutes un peu tombantes. Je prends son sein dans ma main pour y déposer des baisers. Je gémis de surprise quand ses doigts passent dans ma culotte.

Une sensation nouvelle arrive, comme si nos corps se soulevaient. Avant que je ne réalise ce qu'il se passe, les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le quatrième étage. Elles s'ouvrent sur nos corps brûlants de désir, à moitié nus. Sur le palier, je vois mon mari qui attend.

La porte se referme, avant qu'on ne bouge. On se regarde. On éclate de rire en comprenant le burlesque de cette situation.

La voisine qui semble recouvrer ses esprits, attrape son t-shirt et l'enfile. La porte s'ouvre de nouveau, toujours avec mon mari et ses yeux tous ronds.

Elle sort, me fait un petit salut de la main et me dit:

« -Moi c'est Emeline, ravie de vous avoir enfin rencontrée. »

Elle s'en va sous le regard toujours médusé de mon mari.

Mon cerveau commence à reprendre le dessus. Mon corps se calme. Je sors enfin en me reboutonnant.

Mon mari me demande des explications, il enchaîne les mots, les phrases, les questions. Je n'arrive pas à l'écouter. Je me retourne et voit les boucles disparaître dans la porte.

Mon corps espère une prochaine fois. Mon cerveau se l'interdit.

Je sais qui gagnera, j'en souris d'avance.

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