Chapitre 45 : "Doc"

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Slany souffla bruyamment, elle n’avait aucun repère dans le temps. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente ni combien d’heures s’étaient écoulées depuis le retour d’Addie. Cette dernière avait fini par la rejoindre, le regard brillant de larmes, se plaignant de sa blessure à l’abdomen qui la brûlait atrocement. Slany l’avait laissé s’allongée contre elle, sa tête sur ses genoux et avait passé sa main dans ses cheveux bruns pour l’apaiser. C’était tout ce qu’elle pouvait faire, elle n’avait rien pour soigner la coupure. Adélaïde n’avait pas mis longtemps à s’endormir, bercée par les caresses de la rousse. Slany était incapable de faire pareil, elle avait faim, son dernier repas consistant remontait à tellement longtemps, avant le début de la mission. Lors de leur infiltration dans le gang, leurs repas n’étaient pas énormes, tout était rationné, puis elle s’était retrouvée à la rue et pour finir, en pleine nature en n’ayant mangé seulement quelques cuillères de blé chez Myron. Elle n’en pouvait plus et doutait qu’on les nourrisse énormément, si bien évidemment on décidait de les nourrir. Son ventre gargouilla plus fort que les fois précédentes et elle baissa les yeux vers Addie, craignant de l’avoir réveillée, mais la jeune fille dormait à poings fermés.

Le sommeil avait fini par emporter Slany qui fut réveillée en sursaut par la porte qui claqua contre le mur de leur cellule. Par réflexe, elle fit basculer Addie derrière elle et la brune, encore dans les vapes, se laissa faire sans rechigner. Slany se redressa et se mit en position de combat, un air menaçant prenant place sur son visage, déjà durci par le sang séché qui le tâchait. Elle toisa méchamment l’homme qui se tenait devant elle et les combattants cagoulés derrière lui.

- Attrapez-les, toutes les deux, ordonna-t-il d’une voix las en secouant la tête.

- Venez, j’vous attends, grogna Slany en le défiant du regard.

L’homme ricana en penchant la tête en arrière tandis que ses sbires s’avançaient vers elles. Slany inspira, tournant rapidement la tête vers Addie, ce qu’elle vit la perturba. L’adolescente semblait pétrifiée, elle tremblait et la pâleur soudaine de son visage rendait son état encore plus inquiétant. L’Irlandaise se reconcentra sur les trois hommes masqués qui l’entouraient. Elle tenta de balancer son poing dans la figure du premier mais il lui attrapa facilement le poignet et lui fit une clé de bras. Elle tenta de se débattre en les voyant s’approcher d’Addie mais rien à faire, il la tenait fermement contre lui.

- Non ! Lâchez-là !

- Amenez-les, dépêchez-vous ! s’agaça leur supérieur.

- Oui, Doc ! s’exclama l’un d’eux.

Slany tiqua, « Doc », si cet homme était un docteur, où avaient-elles été emmenées ?

Elle n’eut pas le temps de se poser plus de questions, on les traînait sans ménagement dans un couloir interminable, ils les firent rentrer dans un ascenseur et elle sentit qu’ils descendaient. Elle mit un coup de talon dans le tibia de l’homme qui la tenait et celui-ci poussa un grognement en appuyant fortement sur son bras. Slany lâcha un cri de douleur en sentant la pression exercée sur son épaule. Quelques minutes plus tard, elles furent conduites dans une pièce lumineuse. Slany fut obligée de fermer les yeux pour ne pas être aveuglée. On les attacha à des chaises en métal. Addie se laissa faire sans opposer la moindre résistance contrairement à Slany qui se débattait violemment. Son regard croisa celui paniquée d’Addie tandis que Doc s’approchait d’elle.

- Slany, laisse-toi faire, je t’en prie, articula Addie, espérant que sa coéquipière puisse lire sur ses lèvres.

Slany secoua la tête de gauche à droite, elle ne se rendrait pas si facilement. L’homme parvint devant elle et la toisa d’un air supérieur.

- Je vous laisserais pas faire ! gronda-t-elle en serrant les dents.

- Je le vois bien, jeune fille.

L’adolescente continua à se débattre avant de sentir une piqûre dans son bras. Soudain une douleur atroce parcourut son corps et elle se mit à hurler. Tous ses membres tremblaient, elle ne contrôlait plus son corps. Après de longues minutes de souffrance, elle se raidit, elle ne pouvait plus bouger. Ils l’attachèrent sans peine et se reculèrent pour laisser de l’espace à l’homme qui se faisait appeler Doc.

- Bien, maintenant que cette chère Slany s’est calmée, nous pouvons commencer. Je tiens tout de même, puisque nous sommes réunis, à me présenter. Je suis le docteur Neville Grahams, surnommé Doc, annonça-t-il, un sourire narquois aux lèvres.

Slany haletait, elle sentait son sang pulsait dans ses veines. Elle ferma les yeux et ne les rouvrit qu’une fois que le feu qui consumait son corps s’amoindrit. Addie était terrorisée, elle tentait de ne pas le montrer, mais Slany l’avait vu immédiatement.

- Où se trouve Léah Joyner ? demanda-t-il.

Aucune des deux filles ne répondit.

- Où est Léah Joyner ? répéta-t-il.

- On en sait rien et même si on savait, on ne vous le dirait sûrement pas ! s’exclama Slany.

- Ça, c’est ce que tu penses, Slany.

- Comment vous connaissez mon nom ? Et Léah, pourquoi vous voulez savoir où elle est ? demanda-t-elle, confuse.

- Je ne pense pas que ça te regarde.

- Vous parlez de mon amie, alors évidemment que ça me concerne, cracha-t-elle.

- Donnez-moi la localisation de votre chère Académie et je vous laisserai peut-être la vie sauve, affirma-t-il en rangeant précautionneusement la seringue qui avait servi à calmer Slany.

- Je vous ai déjà dit qu’on ne savait pas de quelle Académie vous parliez ! intervint Addie.

- Et je t’ai déjà répondu, il me semble, que je ne te croyais pas, rétorqua-t-il.

- Vous devriez pourtant, on a aucune idée de ce qu’est cette Académie, lança Slany.

- Vous ne semblez pas vouloir parler, se lamenta-t-il.

Slany arqua un sourcil en laissant glisser un sourire en coin sur ses lèvres, rictus qui la quitta lorsqu’elle remarqua la détresse dans les yeux d’Addie.

- Je vous en prie, mes amis, il semblerait que ces demoiselles aient besoin de retrouver quelques souvenirs, ricana Doc en faisant un signe de tête aux deux hommes derrière lui.

Slany pesta en comprenant ce qui allait leur arriver. Elle tenta de réfléchir, analyser la situation, trouver un contact avec Addie qui ne réagissait pas. Un uppercut en pleine mâchoire stoppa net ses pensées. Elle jeta un coup d’œil vers sa coéquipière, Addie aussi souffrait. Les deux colosses s’acharnèrent sur elles, mais aucun son ne passa leurs lèvres. Elles restèrent muettes, ne dévoilèrent rien. Après un long quart d’heure à encaisser les coups, Doc les arrêta.

- Vous ne souhaitez pas parler ? demanda-t-il.

Les deux jeunes filles ne lui répondirent rien.

- Apparemment, la douleur physique ne vous fait pas réagir. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai plus d’un tour dans mon sac, souffla-t-il en souriant.

En quelques secondes, il fit signe à l’un des agresseurs de reculer et à l’autre de s’approcher de lui. Il lui confia un objet et murmura quelques paroles. Pendant ce temps, Slany encra son regard dans celui d’Addie.

- Surtout, ne craque pas, souffla la brune en clignant des yeux pour chasser ses larmes.

Slany fronça les sourcils, elle avait un très mauvais pressentiment.

- Bjorg, je te laisse le champ libre, enfin, ne l’abime pas trop. Ce serait bête de ne pas s’amuser plus longtemps.

Bjorg s’approcha d’Addie et la frappa en pleine figure, le sang éclaboussa son visage et elle cracha par terre. Slany se mit à paniquer, l’homme était armé d’un poing américain. Il donna un nouveau coup à la brune, dans le ventre cette fois, puis deux autres.

- Non ! Arrêtez ! Frappez-moi si vous voulez mais ne la touchez pas ! cria Slany, à deux doigts de céder.

- Je pense qu’il est bien plus efficace de s’en prendre à Adélaïde, souffla Doc.

Slany pouvait encaisser les coups sans problème, mais voir Addie se faire massacrer devant elle, c’était trop. Elle ne devait pas craquer, elle ferma les yeux, plissant les paupières avec force. Mais, très rapidement, Addie ne put plus retenir ses cris et elle se mit à hurler de douleur à chaque coup.

- Arrêtez !

- Supplie-moi, réclama Doc.

- Quoi ?

- Supplie-moi de la laisser et je vous reconduis à votre cellule.

Slany serra les dents, elle ne pouvait pas le supplier. Ce type était une ordure, elle refusait de s’abaisser à ça. Le hurlement de la brune l’a ramena à la raison et elle secoua la tête.

- Je vous… Je…

- Je t’en prie, continue.

- Je vous en supplie, laissez-là, marmonna Slany.

- Un peu plus de conviction, voyons.

- S’il vous plaît, je vous en prie, arrêtez ! Par pitié, laissez-là, supplia-t-elle au bord de l’explosion.

Elle allait craquer, elle le savait, il fallait que ça s’arrête. Elle continua de supplier pendant plusieurs minutes, tentant malgré tout de masquer les gémissements d’Addie. Enfin, elles furent détachées et ramenées dans leur cellule. Ils balancèrent Slany d’abord puis Addie, la rouquine la rattrapa avant qu’elle ne percute le sol. Son visage était recouvert de sang, tout comme tout le haut de son corps. Elle la porta du mieux qu’elle put, ignorant ses côtes qui la faisait souffrir. Elle la déposa contre le mur et s’assit à côté d’elle, elle attrapa un pan de son T-shirt et le releva, un hématome recouvrait son abdomen. Elle grimaça puis redonna toute son attention à Addie qui gémissait de douleur.

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