Chapitre 35 : Insomnie

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La nuit venait de tomber sur Londres, les étoiles brillantes apparaissaient les unes après les autres, entourant d’un halo blanc la lune, pleine et immense. Dans les rues, un couple passa en se tenant la main, une joggeuse courrait, des écouteurs dans les oreilles, sans se soucier des dangers de la nuit, un homme et deux enfants sortirent d’un restaurant chaleureux, tous semblaient heureux, tous sauf cette jeune fille, allongée derrière une benne à ordure. Ses longs cheveux roux étaient sales et gras, son visage aux traits habituellement durs et froids, était paisible, malgré les blessures encore visibles sur sa peau pâle. Sa tenue laissait penser qu’elle portait ces vêtements-là depuis plusieurs jours : son jean bleu clair était strié de tâches grisâtres et déchiré à divers endroits, son sweat noir était abimé et son manteau brun couvert de suie, quant à ses baskets, une paire de Converse noires, la semelle se détachait et un trou laissé voir sa chaussette grise. La seule chose en bonne état était le T-shirt qu’elle tenait contre elle, comme un doudou. Cette action était la seule qui redonnait l’apparence innocente à cette adolescente que la vie avait déjà bien abimé.

Dans le bâtiment désaffecté qui servait de planque au gang d’Isata, Océane ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle pensait sans cesse à Slany et chaque fois qu’elle tentait de laisser aller ses pensées à autre chose, les pleurs douloureux de Samara la ramenait à la dure réalité, lui rappelant que la rouquine était dehors, sans rien ni personne pour l’aider. La jeune Alméras espérait que Slany est rejoint les autres à l’appartement ou l’oncle Myron dans sa vieille usine. Pas moyen pour eux de rentrer en contact avec Jon, Addie et Tim, l’oreillette de Lenny, qui était le seul à en posséder une, avait été brisée lorsqu’Alex et lui avaient dû fuir la police.

Au beau milieu de la nuit, Léonard se réveilla sans aucune raison particulière. Remarquant sa coéquipière éveillée, il s’approcha lentement d’elle et vint s’assoir à ses côtés.

- Bah, alors ! Tu ne dors pas ? remarqua-t-il à voix basse.

- Je n’y arrive pas. Je peux pas dormir sereinement alors qu’elle est dehors, qu’on ne sait pas comment elle va et qu’elle est sûrement seule. Je m’en veux tellement, se lamenta Océane en retenant difficilement ses larmes.

- C’est pas ta faute, Lise. Ina n’était pas celle qu’on pensait, mais c’est une fille bien, et je sais qu’on comptait réellement pour elle, tenta le garçon pour la rassurer.

Lenny enroula ses bras autour des épaules d’Océane et la serra contre lui. La jeune fille s’accrocha à son sweat-shirt comme à une bouée, mouillant son cou de ses larmes. Océane souffrait de la situation et Léonard en était conscient.

Alexander dormait depuis quelques petites heures à peine quand il fut réveillé par des bruits de pas. Il ouvrit prudemment un œil après l’autre et vit Lenny, debout, en train d’attraper une veste, puis de se tourner vers Océane pour la lui poser sur les épaules. Il fit mine de continuer à dormir, décidant que ses deux amis avaient besoin de passer du temps ensemble, rien que tous les deux. Rapidement rattrapé par le manque de sommeil, Alex tomba bien vite dans les bras de Morphée.

Dehors, installée dans l’herbe derrière le bâtiment, les deux leaders étaient installés à même le sol, sur la pelouse verdoyante, qui contrastait merveilleusement avec l’allure sombre et hantée de la vieille bâtisse.

- Lenny ? appela Océane, toujours blottit dans ses bras.

Le garçon tourna sa tête vers elle et la fixa tendrement, la couvrant d’un regard protecteur.

- Est-ce que tu m’aimes ? demanda-t-elle en rougissant.

- Que… Quoi ?! renchérit-il, étonné et gêné.

- Bah, est-ce que tu m’aimes ? répéta-t-elle en le regardant toujours plus profondément, comme si elle voulait lire en lui.

- Euh, oui. Bien sûr que je t’aime, c’est quoi cette question, râla le jeune homme.

- Alors tu m’en voudras pas si je fais ça, conclut-elle en approchant dangereusement son visage du sien.

- Faire quoi ? paniqua Léonard en la voyant s’appuyer sur son torse.

Océane le coupa en l’embrassant, Lenny pris en dépourvu mit quelques secondes à lui répondre. Il passa une de ses mains dans ses cheveux, l’autre sur sa hanche, quand à la châtaine, elle déposa brutalement les siennes dans la nuque du garçon. Le baiser devenait plus fougueux, plus passionné, il était sauvage et plein de rage et d’amour. Ils finirent par se détacher et Océane se recula, honteuse.

- Je suis désolée !! s’exclama-t-elle, totalement paniquée.

- Eh ! Ça va, calme-toi, lui assura le blond.

- Non, ça va pas du tout ! Elle est seule et dehors, elle s’est sacrifiée pour nous sauver la mise et moi je t’embrasse ! déballa-t-elle en criant.

La jeune fille se leva et commença à faire les cent pas.

- Océane ! s’écria Lenny en lui attrapant la main.

Elle se retourna brusquement vers lui et attirée comme un aimant, elle plaqua à nouveau ses lèvres contre les siennes. Pour éviter une nouvelle vague de panique chez la châtaine, Léonard préféra l’arrêter, sans y répondre vraiment, pressant rapidement sa bouche contre la sienne. Océane se mordit la lèvre inférieure, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Elle n’avait jamais été comme ça. Elle préférait tout contrôler, prendre son temps, parler, agir après avoir étudié minutieusement chaque issue possible. Et là, en quelques minutes, elle s’était jetée deux fois sur son ami. Ami ? Peut-être que dans le fond, Lenny était réellement plus qu’un ami pour elle. Elle n’irait sûrement pas dire qu’elle était folle amoureuse de lui, mais des sentiments qu’elle avait maintes fois tenté d’enfouir étaient pour le coup en train de refaire surface au pire des moments.

- Tout va bien, tout va bien, la rassura Lenny en la reconduisant jusque dans la chambre.

Il la borda et s’allongea derrière elle, encerclant son corps de ses bras musclés. Océane s’installa confortablement, le torse du blond contre son dos, leurs jambes entremêlées.

- Merci, Lenny, souffla-t-elle avant de s’endormir.

Léonard déposa un tendre baiser, presque fraternel, sur le haut de son crâne et la serra contre lui, puis ferma les yeux et se laissa aller contre elle.

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