Le malfaiteur de la nuit. (Hors série).

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"Tate Sanders, âgé de 25 ans. Jeune homme aux cheveux bruns foncés, grand de taille et mince, avec des yeux noirs et un visage neutre, est activement recherché pour meurtres avec préméditation, séquestrations, manipulation et violence sur femmes fragiles. Il est très dangereux et potentiellement armé. Si vous le voyez ou si vous pensez avoir des éléments pour aider les forces de l'ordre à le retrouver, appelez le numéro qui s'affiche sur l'écran. Faites bien attention à vous, et fermez bien vos portes et fenêtres, on ne sait pas où il peut être."

L'écran de télévision devint noir, alors que les personnes présentes dans le bar étaient absorbées par les informations, ils crièrent de mécontentement. Le barman leur fit comprendre qu'il ne voulait pas d'histoires dans son bar sous peine d'être mis dehors. Il se remit ensuite à essuyer les verres fraîchement lavés tout en râlant, pensant qu'il allait sûrement devoir fermer son lieu de travail.


— Je n'arrive pas à croire que ce gosse soit un tueur ! Toujours souriant et bienveillant avec tout le monde, il attirait pas mal la gente féminine ici et ce n'était pas pour me déplaire !

— Comme quoi on ne peut pas faire confiance aux gens, certains sont de bons acteurs ! Tu vois, il était bon la journée, et au final, la nuit il tuait la nana qu'il avait charmé pendant une période, c'est dingue quand même. Et pis se faire appeler le Malfaiteur de la nuit, c'est ridicule, faut vraiment être imbu de soi-même pour vouloir se faire appeler comme ça!

— Sacrément rusé pour jouer une double vie sans laisser un seul doute planer. On avait tous les éléments sous les yeux, depuis le début ! Mais il jouait tellement bien, que personne ne l'a vu en tant que coupable, pas même les enquêteurs !

— Tout porte à croire que c'était lui l'assassin de toutes nos putes ici.

— Prostituées.

— Ouais ouais, c'est la même chose.

— Non, prostituée c'est plus respectueux.


L'homme assis nonchalamment au bar, soupira de voir que son ami le barman le réprimandait une nouvelle fois sur son vocabulaire cru.


— Une chose est sûre, si ce gosse est coupable de tous les meurtres, il a intérêt d'aller en prison ou en hôpital psychiatrique, loin du pays, parce que je n'hésiterais pas à le tuer à mon tour, pour venger Ma Magdalena !


Le barman sentit les larmes lui monter aux yeux, Magdalena était sa femme, assassinée deux années auparavant alors qu'elle rentrait à pieds d'une soirée avec des amies, non loin de chez elle.


En cinq ans, une centaine de terribles crimes avaient été commis. Plus les nuits passaient, plus les crimes se faisaient violents, créatifs et abominables. Aucun indice, aucune trace laissée par le ou les tueurs. Le seul point commun à ces crimes était que les victimes étaient toutes des femmes qui se prostituaient et qui, hors leur temps de travail, fréquentaient de jeunes hommes plus ou moins secrètement, pour leur tenir compagnie.

Les enquêteurs avaient soupçonné puis interrogé tous les hommes ayant été en contact officiellement avec les prosituées, puis doucement l'enquête avait bifurqué vers Tate Sanders ainsi que quelques jeunes hommes friands d'être publiquement vus avec ces femmes.

Tate avait été rapidement mis de côté, étant donné qu'il était régulièrement vu avec les mêmes jeunes femmes durant de longues périodes, grâce à son jeu d'acteur hors du commun et de sa mère qui fournissait toujours de bons alibis, il était reconnu innocent et incapable d'être de nouveau soupçonné par la suite. Jusqu'à ce que sa mère soit elle aussi retrouvée morte.


Le corps de cette dernière avait été retrouvé, deux jours auparavant. Ce fut le crime le moins organisé et le moins recherché de tous, à en juger toutes les preuves laissées, mais ce fut certainement le crime le plus rempli de haine. Le corps était allongé au sol, devant l'entrée de la maison, nu et placé de façon à ce que tout le monde puisse voir la torture génitale qu'elle avait subi. Le corps parsemé de bleus, des marques de cordes autour des poignets et des chevilles, la chair entamée à vif, sûrement dues aux tentatives de débattements de la femme. Les parties génitales et la poitrine déchiquetées au couteau de cuisine. Une poignée de cheveux arrachée du crâne se trouvait dans la main de la femme, et le trou à blanc laissé sur le crâne avait été ouvert avant d'être planté par un parasol à cocktails. Sur les deux jambes se trouvait plus ou moins explicitement l'aveu de tous les crimes commis par le jeune homme.

"100..ta faute mère. Pute."

"Colère. Te déteste."


À l'intérieur de la maison, plus rien n'était en place. Tous les meubles étaient retournés et cassés. Le sol était jonché d'effets personnels brisés en d'innombrables morceaux. Des photos déchirées ou pleines de sang disposées un peu partout, à côté de couteaux, de scalpels, de fouets, des cordes ensanglantées avec lesquelles la mère avait dû être attachée. Il y avait aussi un carnet en parfait état, tout propre, mis en évidence pour attirer les regards et la curiosité.

Les enquêteurs s'étaient premièrement penchés sur les photos, pour émettre une potentielle hypothèse sur le ou les meurtres. Ce qui en était ressorti était que Tate n'avait jamais été heureux, à en voir le visage non souriant et la silhouette nonchalante qu'il prenait sur les photos. Sur certaines, des marques violacées pouvaient être vues sur les bras de Tate enfant, ainsi que sous les longues mèches de cheveux qui cachaient une partie de son visage d'adolescent.

Avait-il lui-même fait ses marques, par une bataille avec des camarades d'école ou était-il victime de sa mère? La visible absence de son père avait-elle joué dans le comportement psychopathe de Tate? Connaissait-il son père? Avait-il été une erreur de parcours ?

Le deuxième élément examiné fut le carnet qui avait l'air d'appeler à se faire feuilleter. À l'intérieur, des croquis et des textes remplissaient les pages. Des croquis de meurtres et des textes racontant ce que le jeune assassin avait subi durant sa vie passée aux côtés de sa mère et de sa vengeance.

Il voulait se venger, il voulait faire sortir toute la rage et l'incompréhension qui lui rongeaient l'âme. Il voulaient punir toutes les femmes qui allaient et venaient dans sa vie, pour ne pas souffrir à cause d'elles et de leur incapacité à l'aimer correctement, il voulait les faire souffrir comme il a souffert à cause de sa mère. Il voulait la tuer pour estomper le fait qu'à cause de son métier, il ne saura jamais la réelle identité de son père. Tout était de la faute de la mère, d'après Tate.


Cent crimes commis en cinq ans, victimes toujours féminines et prostituées. Cent crimes commis par un jeune homme de ses vingt à ses vingt-cinq ans, dirigés par la soif de vengeance et par l'extériorisation de ses démons.

Qu'allait-il faire maintenant qu'il avait volontairement laissé toutes les preuves de sa culpabilité? Allait-il se rendre ? Allait-il fuir ou prendre en otage des personnes pour pouvoir s'en sortir ? Allait-il mettre fin à ses jours ou avait-il en projet de changer d'identité pour continuer ses crimes ailleurs ?

C'était au bout de deux mois de recherches à travers les nombreuses frontières, que Tate Sanders fit parler de lui pour la dernière fois, avec un acte qui, hélas, rassura énormément de monde. Il se suicida devant une grande foule de personnes qui s'étaient réunies pour un événement sportif, après avoir crié dans un micro qu'il avait prit plaisir à tuer toutes ces femmes et qu'il ne regrettait rien, hormis le fait de ne pas avoir plus venger son honneur avant de quitter la surface de la terre, pour ne pas être enfermé ou puni pour ses actes.


Ne vous laissez pas guider par l'envie de vengeance, par la douleur, la peur, la négativité ou par la banalisation des actes. Si l'immortalité n'existe pas, ne faites cependant pas en sorte d'achever une personne en appuyant sur ses points faibles, juste pour vous défouler ou assouvir un sombre désir. Réfléchissez à chaque acte que vous allez commettre, ou que vous avez commis, et vous verrez que les conséquences sont la plupart du temps bien plus importantes et désavantageuses pour vous. Il vaut mieux souffrir un bon coup, et guérir petit à petit que de ne rien faire et d'exploser en faisant du mal.

Le monde est de moins en moins un lieu sûr, mais faites en sorte que votre esprit le soit, avant tout le reste.

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