La vie sans toi

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Il n'y a rien de mieux pour que je me réveille avec le cafard. Il y a quelques nuits, j'ai malheureusement rêvé de toi. Je ne dis pas "malheureusement" parce que je n'aime pas ça, bien au contraire, mais parce que cela me rappelle que tu n'es plus dans ma vie quand je m'efforce de l'oublier. J'ai allumé l'ordinateur la tête encore dans le vague et je suis allé sur Facebook. Avec un soupçon d'espoir, j'ai tapé ton nom entier sur la barre de recherche et je suis tombé sur des résultats qui n'avaient rien à voir avec toi. Tu as disparu, comme si ton profil n'avait jamais existé.

Cela fait environ deux ans que tu as disparu, du jour au lendemain, sans un mot. Je crois qu'aujourd'hui on appelle cela "ghoster". Mes textos et mes mails sont restés sans réponse. De fait, je ne sais plus comment te contacter. Je ne sais pas où tu habites maintenant. Tu parlais de retourner aux Etats-Unis un temps après avoir défendu ta thèse, que je suis sûr tu as réussi brillamment.

Je suis actuellement en train de t'écrire avec une playlist Spotify qui s'intitule "Love Pop". Volontairement. Et je suis obligé de me mordre les lèvres pour que les larmes, qui brouillent déjà ma vue, ne déferlent sur mes joues. Mais je suis un grand garçon alors je ne pleurerai pas.

Même si la nature de notre relation ne dépassait pas le virtuel et les appels téléphoniques, notre lien était extrêmement fort. Au point que mes ex se sentaient souvent menacées alors que j'avais déjà fait la bêtise de t'encourager à aller dans les bras d'un autre malgré tes sentiments pour moi. Tout ça, c'était il y a quelques années déjà, mais je crois que c'est ce qui a commencé à éffriter les choses entre nous. Nous ne nous sommes jamais pris le bec, mais je t'ai fait souffrir à plusieurs reprises aux débuts de ma vie d'adulte. M'excuser ne suffira pas à ce que je me pardonne un jour ces moments de ma vie.

Ta voix me manque. On s'appelait tous les soirs et ça durait des heures. Même s'il ne s'était rien passé de fou dans nos journées, nous n'avions pas besoin de combler un quelconque passage à vide. Et tu râlais toujours car je finissais par m'endormir au téléphone. Je ne tenais pas aussi bien que toi malheureusement. De mon côté, j'ai passé de nombreuses heures à essayer de te réconforter les jours où la mort de tes parents t'était trop insupportable. Je ne sais pas si j'ai vraiment réussi, mais je ne voulais pas partir me coucher sans t'entendre rire ou sourire. Car tu as ce don terrible, comme beaucoup de gens de notre génération, pour te rabaisser alors que tu es une des femmes les plus fortes que je connais. Par ailleurs, je sais que ton génie finira par changer quelque chose dans ce monde. Alors, ne t'en fais pas, tout ira bien.

Je voudrais que tu vois combien j'ai grandi. Enfin j'espère. Du haut de mes 25 ans désormais, je continue ma petite vie tranquille. Je suis toujours aussi pitre avec les autres, je le suis même encore plus qu'avant. J'ai un humour beaucoup plus noir, plus trash. C'est ce qui fait ma réputation au travail, outre mon sourire quotidien et mon accent toulousain qui ne disparait pas. Je ne sais pas si tu cautionnerais mes blagues volontairement immonde ou si cela déclencherait ta repartie habituelle. Mon travail me plait beaucoup même si je rêve beaucoup d'évasion. Je ne suis plus un jeune névrosé, faussement déprimé, même si ton absence piétine ma bonne humeur naturelle. J'ai toujours ce projet d'écrire des livres, ou au moins des histoires, et de pouvoir - miraculeusement - en vivre. Ce que j'aimerais par dessus tout, ce serait que mon premier livre soit à l'origine de notre réunion. Un peu comme dans ces comédies romantiques que j'affectionne tant. Mais tu ne reviendras pas, n'est-ce pas ?

Es-tu toujours avec lui ? T'es-tu mariée avec lui comme il le voulait ? Tu attends peut-être un enfant de lui. Je ne préfère pas y penser sinon je vais encore avoir cette boule au ventre qui va me détruire de l'intérieur. Ma vie sentimentale ressemble toujours au néant. J'ai même fini par me convaincre que j'étais incapable d'aimer quelqu'un sur le long terme. Que je ne vivais que pour la période de séduction, l'idylle des premiers mois et puis la lassitude finissait toujours par reprendre le dessus. Du coup, je me condamne un peu tout seul. De toute façon, ce n'est pas à toi que je vais expliquer que mon côté introverti ne va pas m'aider. Mais je pense surtout que tout ça est sous-jacent de mon amour pour toi et de ma crainte de passer à côté de toi. C'est pitoyable n'est-ce pas ?

Tu sais, aujourd'hui, j'ai voulu récupérer un texte que j'avais écrit à l'époque sur ses skyblogs où nous nous étions rencontrés. On écrivait des fanfictions sur le manga Naruto, tu te souviens ? Pour une histoire de mot de passe oublié, je suis revenu sur mon adresse mail de l'époque. Et je suis tombé sur un de tes messages. Tu t'étais réveillée en pleine nuit, incapable de te rendormir. Et tu avais pris des photos de toi et chacune avait un message pour moi. Et tu signais tes mails par des "je t'aime fort Chou". Je n'ai pas eu la force de lire les autres parce que je savais que j'allais me décomposer de chagrin.

C'est promis, demain j'irai au travail avec autant de joie que d'habitude. Je continuerai de transmettre mon sourire à tout le monde, de raconter des blagues pour choquer les plus rigides et faire rire les partisans d'une bonne blague. Mais juste pour ce soir, à l'abri des regards, je veux évacuer toutes ces larmes qui n'ont pas su couler quand tu es partie. Je t'en prie, laisse-moi pleurer comme un enfant inconsolable ta disparition dont je ne me remettrai jamais. Et promis, demain j'affronterai de nouveau le monde, le coeur encore mal cicatrisé, mais avec toute mon énergie.

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En réponse au défi

Déclaration

Lancé par Ayah

En ce temps de confinement, les choses nous poussent à nous déclarer, à écrire ce petit message que jamaix nous n'aurions écrit auparavant et à l'envoyer, au risque de le regretter amèrement.

Alors pourquoi ne pas publier cette déclaration ici, à notre âme soeur, comme à notre famille qui nous éverve, qui nous manque, ou bien qui est parti. A nos amis, nous proches.

Tout est permis, à vos plumes !

Commentaires & Discussions

La vie sans toiChapitre2 messages | 4 ans

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