Day 05 (Partie 05)

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Tandis que midi venait tout juste de sonner, Amélia et le reste des employés de la boite ; du moins ceux qui n’étaient pas trop occupés ; s’apprêtaient à prendre leurs pauses déjeuner habituelles d’une heure. Théodore profita donc de l’occasion pour inviter mademoiselle Long au restaurant, invitation que cette dernière accepta volontiers. La jeune femme rangea donc ses affaires et les deux prirent la direction de l’établissement culinaire se trouvant en face de leur lieu de travail.

Tandis que les deux se trouvaient dans l’ascenseur, le jeune homme demanda à sa collègue de travail si elle avait avancé sur son projet.

- Avec beaucoup de maux de tête, répondit-elle.

- Comment ça ?

- Cette vieille peau de McCringleberry m’a demandé de revoir le design intérieur du bâtiment sur lequel elle travaille. Le problème est que je lui ai soumis de nombreuses propositions, mais elle semble ne jamais être satisfaite. Pourquoi elle ne le fait pas elle-même si elle ne compte pas prendre ce que je fais ? répondit la jeune femme, frustrée.

- Peut-être qu’elle attend quelque chose très spécifique de ta part.

Amélia lui dit que, même si c’était bien le cas, même si sa supérieure attendait en effet quelque de chose de précis de sa part, la moindre des choses aurait été de lui fournir des indices sur ce qu’elle voulait exactement. Elle ne pouvait pas travailler à l’aveugle et espérer lire des pensées de McCringleberry afin de lui donner ce qu’elle voulait. Elle n’était qu’une simple humaine.

- Tu sais quoi ? Changeons de sujet de conversation. Le simple fait de parler de ça me donne envie de cogner quelqu’un, poursuivit la jeune femme.

Théodore, qui était quelque peu surpris par le comportement de sa collègue de travail, n’eut d’autre choix que de faire ce qu’elle venait de lui dire, ne sachant pas vraiment comment elle réagirait s’il venait à poursuivre cette discussion. Alors que les deux sortaient de la cage d’ascenseur, il lui demanda s’il y avait quelque chose de neuf dans sa vie hormis cela.

- Non, il n’y a rien de neuf. Du moins, rien qui ne me vienne tout de suite à l’esprit, dit-elle.

Au même instant, Amélia se souvint de sa soudaine rencontre avec mademoiselle Garnier ce matin devant la banque. Cependant, elle ne lui en parlait pas, le jeune homme ne faisant pas vraiment partie de ses amis proches.

Amélia et Théodore arrivèrent finalement au restaurant. Ce dernier était bondé de monde, ce qui voulait également dire qu’il n’y avait plus de place disponible pour eux. Ce n’était cependant pas trop grave, les deux ayant décidé de retourner manger au bureau. Ils durent néanmoins attendre quelques minutes avant de pouvoir passer leurs commandes. Mademoiselle Long, qui ne voulait pas trop se remplir la pense, se contenta d’une salade tandis que son collègue prit quelque chose de beaucoup plus robuste.

Une fois que les deux se retrouvèrent en possession de leur déjeuner, Amélia et Théodore retournèrent sur leur lieu de travail.

- C’est vraiment dommage qu’on n’ait pas pu avoir de place, rétorqua le jeune homme.

- Ce n’est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent. Une prochaine fois, peut-être.

Les jeunes gens arrivèrent à leurs bureaux où ils s’installèrent confortablement avant de commencer à déguster leur repas.

- Merci encore pour le déjeuner, dit Amélia.

- Y a pas de quoi.

Quelques dizaines de minutes auparavant, alors que la jeune femme avait voulu payer pour elle, Théodore s’était subitement interposé et avait proposé de le faire à sa place, ce qu’elle avait énormément apprécié. De plus, cela avait permis à Amélia de faire quelques économies.

Au moment où mademoiselle Long s’apprêtait à manger sa salade, sa supérieure, madame McCringleberry sortit de son bureau et l’interrompit.

- Mademoiselle Long ! s’exclama-t-elle.

- Oui, madame, répondit-elle en lâchant sa fourchette et en se levant de son siège.

- Je viens de consulter la maquette que vous m’avez envoyée et des modifications sont encore à faire au niveau de la décoration.

- Madame, peut-être serais-je en mesure de satisfaire votre demande si vous pouviez me donner un peu plus d’informations sur ce que vous voulez.

- Mademoiselle Long, vous êtes ici pour approfondir les connaissances que vous avez obtenues sur le banc de l’école, mais également entrevoir les différentes démarches du domaine dans lequel vous espérez travailler. Il y aura donc des personnes où les gens à qui vous aurez affaire ne seront pas en mesure de vous donner tous les outils dont vous avez besoin afin de réaliser un projet. Vous devrez, à ce moment, avoir recours à votre imagination et à votre intuition afin de mener à bien les tâches qui vous seront confiées. Est-ce que vous me suivez ?

- Oui, madame.

- De ce fait, vous devez surement comprendre où je veux en venir, n'est-ce pas ?

- Oui, madame.

- J’attends vos modifications dans les trois prochaines heures, rétorqua madame McCringleberry avant de s’en aller.

Théodore, qui avait écouté la conversation entre les deux femmes, pouvait clairement sentir le sentiment de frustration qui montait progressivement en Amélia, d’autant plus qu’elle était restée debout plusieurs secondes après le départ de sa supérieure, l’observant s’éloigner petit à petit.

Mademoiselle Long finit par reprendre place dans son siège, puis dit à Théodore à quel point elle détestait cette femme.

- Je comprends ce que tu ressens, mais tu dois également admettre qu’elle a raison sur certains points.

- C’est ce qui m’énerve encore plus, dit la jeune femme dont les poings étaient désormais fermés.

- Tu comptes te mettre tout de suite au travail ?

- Je n’ai guère le choix. Tu l’as entendue.

Amélia referma le petit carton en plastique qui contenait sa salade, ralluma son ordinateur portable, et se remit au travail. Elle détestait vraiment cette femme.

-----*-----

Après exactement 1 heure 43 minutes et 10 secondes, Amélia finit par lâcher un profond soupir, témoignant de l’énorme tâche qu’elle venait d’accomplir. Elle s’empressa alors d’envoyer le tout à sa supérieure, espérant une fois de plus que cette dernière ne lui renvoie pas ce qu’elle avait fait. Dès lors, elle pouvait désormais finir sa salade qui n’était plus aussi fraiche qu’au départ. Néanmoins, ce n’était pas un souci pour elle, son estomac gargouillant énormément à cause de tout le travail fourni.

Maintenant qu’elle venait de finir de manger, mademoiselle Long se remit une fois de plus au travail. Même si elle avait terminé la tâche que lui avait confiée madame McCringleberry, la jeune femme avait d’autres projets moins importants à vérifier ou sur lesquels elle devait bosser.

Les heures se succédèrent et sans qu’elle s’en rende compte, la journée de boulot venait de s’achever. Alors qu’elle venait de se rendre compte que sa supérieure n’avait encore émis aucun reproche vis-à-vis de la nouvelle maquette qu’elle avait envoyée, Amélia commença progressivement à ranger ses affaires. Il était hors de question pour elle de rester en ces lieux plus longtemps, au risque de tomber sur McCringleberry.

De son côté, Phéjar était toujours en train de travailler. Il avait accumulé un certain retard sur un projet et avait donc prévu d’effectuer quelques heures supplémentaires. Toutefois, au moment où il vit Amélia ranger ses affaires, il cessa immédiatement ce qu’il faisait.

- Tu rentres déjà ? demanda-t-il.

- Oui. McCringleberry n’est pas encore sortie de son bureau et elle n’a fait aucun commentaire par courriel. Donc je profite pour rentrer chez moi. Je n’ai pas envie de faire des heures sup. Je suis juste une stagiaire.

Le jeune homme dit alors à Amélia qu’elle avait raison. Il cessa alors de travailler et commença lui aussi à ranger ses affaires.

- Tu as fini le projet sur lequel tu bossais ? questionna mademoiselle Long.

- Non, pas vraiment. Mais je pourrai terminer ça demain à la première heure. De toute façon, il ne reste que quelques détails à peaufiner et j’ai terminé.

- Je vois.

Les jeunes gens se dépêchèrent de tout emballer avant de prendre la direction des cages d’ascenseur, évitant au passage une McCringleberry qui sortit de son bureau quelques secondes plus tard.

Arrivé devant les portes de l’immeuble, Théodore demanda soudainement à Amélia si elle voulait aller boire un verre, histoire de se détendre un peu après leur journée de travail.

- Désolée, mais je me dois de refuser. Il y a un endroit où je dois me rendre en urgence. Une prochaine fois peut-être. Allez, passe une bonne soirée ! répondit-elle avant de se précipiter vers l’arrêt de bus le plus proche.

Maintenant qu’il se retrouvait tout seul, le jeune homme se dit qu’il serait mieux de retourner à l’intérieur de l’édifice, car après tout, il avait encore du travail à accomplir.

-----*-----

Alors que mademoiselle Long était dans le bus la menant à l’appartement de Moure, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de remettre en question l’action qu’elle était en train d’entreprendre. Elle se remémora tous les abus que Chrees avait pu commettre envers elle, les différentes fois où il avait levé la main sur elle, les disputes incessantes, et les diverses crises de jalousie injustifiées. Amélia avait vécu un véritable enfer auprès de cet homme. Néanmoins, elle était là, dans ce bus, à se diriger vers un endroit qui était rempli de tous ces douloureux souvenirs. C’était plus fort qu’elle.

Lorsque la jeune femme apprit de la bouche de Véronica que Chrees n’avait plus donné signe de vie depuis près de cinq jours, elle n’avait pu s’empêcher de s’inquiéter pour lui. Même s’il l’avait torturée durant la majeure partie de leur relation, le bon cœur d’Amélia faisait toujours en sorte qu’elle s’inquiète pour lui, même lorsqu’il ne le méritait pas. C’était donc la raison pour laquelle elle se dirigeait vers son appartement, et ce même si elle savait qu’il y avait de grandes chances qu’elle le trouve là-bas et que la situation se complique.

Après plusieurs dizaines de minutes en bus et quelques minutes en plus à pied, Amélia arriva finalement à l’endroit où son ex-petit copain vivait. Il s’agissait d’un bâtiment de six étages situé dans une partie compliquée d’Albuquerque. Tandis qu’elle montait les escaliers de l’édifice, le sentiment de malaise éprouvé par la jeune femme ne cessait de grandir. Il atteignit son point culminant lorsqu’elle se trouva devant la porte de l’appartement de Chrees Moure.

Devant l’entrée du domicile de son ex, la jeune femme était hésitante. Elle commençait à se demander si c’était une très bonne idée de frapper à cette porte. Et si jamais il se trouvait chez lui ? Et si jamais tout ceci n’était qu’un moyen pour lui de la faire revenir ici ? Jason n’était pas à ses côtés. De ce fait, elle aurait du mal à se défendre si Chrees venait à rentrer dans une de ses phases de colère habituelles. Amélia prit son courage à deux et frappa à la porte.

- Chrees, c’est moi, Amélia. Ouvre s’il te plait, dit-elle.

La jeune femme n’obtint aucune réponse de la part de Moure, même après plusieurs tentatives. Alors qu’elle pouvait s’arrêter là et rentrer chez elle, Amélia prit la décision de rentrer dans l’appartement de Chrees. Pour ce faire, mademoiselle Long tenta d’atteindre le linteau de la porte, endroit où son ex cachait la clé de secours.

Après quelques difficultés pour atteindre le haut de la porte, Amélia finit par mettre la main sur la clé et entrer dans l’appartement de Chrees. La première chose qui l’interpela à ce moment fut l’odeur de pourriture qui en émanait. Cela venait en partie des restes de pizza que le jeune homme avait laissés sur sa tablette. Il y avait également la vaisselle qui trainait dans l’évier et qui n’avait pas été nettoyée des jours. Tout ceci lui donnait envie de vomir. Elle se demandait comment Chrees pouvait vivre ainsi. C’était dégoutant.

Il fallut plusieurs minutes pour qu’Amélia s’adapte aux différentes odeurs de l’appartement de Chrees Moure. Dès que ce fut le cas, la jeune femme parcourut les lieux, se rendant compte alors que cela faisait plusieurs jours que le domicile était inhabité. Cela confirma ce que Véronica lui avait dit devant la banque, mais également ce qu’elle redoutait. Toutefois, après tout ce qu’il lui avait fait subir, est-ce vraiment une mauvaise nouvelle que son ex ait disparu ? Elle allait enfin être tranquille. Fini les appels de sa part, elle pouvait désormais se concentrer entièrement sur sa relation avec Jason sans craindre une quelconque apparition soudaine de Chrees.

Après plusieurs minutes de réflexion, Amélia prit finalement sa décision. Il était désormais temps pour elle de fermer une page de sa vie. La jeune femme quitta donc l’appartement de son ex, referma la porte derrière elle, et rentra chez elle.

A suivre !!!

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