Day 05 (Partie 03)

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Alors que sa soudaine rencontre avec mademoiselle Garnier venait de s’achever, Amélia, qui risquait d’être en retard si elle trainait davantage devant l’institution bancaire, s’empressa de rejoindre l’arrêt de bus le plus proche. Dans le véhicule de transport, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de penser à ce que Alicia lui avait dit quelques minutes auparavant. D’après ses dires, son ancien petit-ami aurait dû passer chez elle, cependant, il ne l’avait pas fait. À ce moment précis, mademoiselle Long éprouva des sentiments partagés.

D’un côté, elle était soulagée que Chrees ne soit pas pointé chez elle. Le connaissant, celui-ci s’en serait sans aucun doute pris à Jason, ce qui aurait conduit à une violente altercation entre les deux. Néanmoins, d’un autre côté, Amélia était inquiète pour lui. Cela faisait près de cinq jours que Moure ne lui avait pas donné signe de vie, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Après quelques minutes de réflexion, la jeune femme décida de passer chez lui après le travail.

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Pendant que mademoiselle Long se dirigeait lentement, mais surement vers son lieu de travail, Alicia rencontrait son gestionnaire dans son bureau. L’homme d’une trentaine d’années qui portait des lunettes, une longue chemise blanche, son identifiant autour du coup, et un pantalon blanc, pianotait les touches de son clavier d’ordinateur afin d’obtenir les informations de la jeune femme assise devant lui.

- Vous savez, Charles, je ne comprends toujours pas pourquoi le taux d’intérêt de votre banque est soudainement passé de 4 à 5,5 pour cent. Qu’est-ce que se passe exactement ?

- Nous avons récemment effectué quelques changements dans notre institution parmi lesquels notre politique vis-à-vis des prêts que nous avons accordés et accordons à nos clients. La lettre que vous avez reçue visait juste à informer notre clientèle de toutes les nouvelles mesures que nous avons mises en place, répondit-il.

- Cela reste néanmoins problématique pour toute personne propriétaire de petites entreprises comme la mienne.

- Je n’y peux malheureusement rien, mademoiselle Garnier. Il faut comprendre que cette décision ne vient pas de moi, mais de mes supérieurs.

La jeune femme était visiblement affectée par ce que son gestionnaire venait de lui dire. Elle s’imagina alors saisir la personne devant elle par le col et lui donner de nombreux coups de poing en plein visage afin d’évacuer sa frustration. Cependant, Alicia se retint de passer à l’acte. Comme son gestionnaire venait de le lui dire, il n’y avait rien qu’elle pouvait faire pour régler ce problème. De ce fait, mademoiselle Garnier prit une profonde inspiration et changea de sujet.

La seconde raison pour laquelle Alicia s’était rendue à la banque était pour y déposer tous les bénéfices qu’elle avait obtenus durant ses deux dernières semaines de travail. Elle en discuta donc avec Charles qui l’invita la suite à se rendre à leur comptoir de dépôt. Mademoiselle Garnier se leva donc de son siège, remercia sarcastiquement son gestionnaire pour son aide, puis alla à la rencontre d’un autre employé de la banque.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous être utile ? questionna-t-il.

- Bonjour, j’aimerais faire un dépôt sur le compte de mon entreprise.

- J’aurais besoin…

Alors que l’employé de la banque était sur le point de lui demander des informations relatives à son commerce, la jeune femme, qui avait anticipé cela, sortit les documents nécessaires d’un des compartiments de son sac.

- Je sais. Je sais. Voici tout ce dont vous avez besoin, rétorqua Alicia en lui tendant les papiers ainsi que sa pièce d’identité.

Le jeune homme vérifia d’abord que les informations qu’elle venait de lui donner correspondaient à celles qui étaient dans leur base de données, puis lui demanda combien elle voulait déposer sur le compte de son entreprise.

- Tout ceci !

Parce qu’elle était toujours frustrée vis-à-vis de sa conversation avec son gestionnaire, Alicia ouvrit le plus grand compartiment de son sac à dos et déversa toutes les liasses de billets qu’il contenait sur le comptoir de l’employé qui la regardait de manière déconcertée. Face au regard quelque peu sévère de mademoiselle Garnier, le jeune homme attrapa une première liasse, retira l’élastique qui maintenait tous les billets en place, et plaça le tout dans un des compteurs à billets.

-----*-----

Amélia arriva finalement devant son lieu de travail. Il s'agissait d'un énorme bâtiment d’une dizaine d’étages sur lequel était inscrit « Zachman construction » en grands caractères. La jeune femme entra dans l’édifice et se dirigea immédiatement vers son bureau situé au cinquième étage. À peine mademoiselle Long déposait ses affaires sur son poste de travail qu’elle se fit interpeler par sa cheffe de stage, madame McCringleberry. Cette dame qui avait seize ans de plus qu’Amélia et qui était légèrement enrobée reprocha à la jeune femme d’être en retard.

- D’une minute seulement ! rétorqua mademoiselle Long après avoir vérifié l’heure.

- C’est déjà une minute de trop, mademoiselle.

Ce que sa cheffe de stage venait de dire n’avait aucun sens. Comment pouvait-elle faire toute une histoire à cause d’une seule minute de retard ? Ce n’était pas s’il s’agissait de dix minutes ou d’une heure. Cela n’avait vraiment aucun sens. Cependant, Amélia préféra garder le silence et s’excuser tout en disant que cela ne se reproduirait plus.

- Je l’espère bien. Quoi qu’il en soit, as-tu fini avec les plans que je t’ai confiés ?

- Oui, madame.

- Envoie-le-moi alors à mon adresse, lui ordonna-t-elle avant de partir.

Mademoiselle Long observa sa cheffe de stage s’éloigner de plus en plus avant de disparaitre derrière une porte. La jeune femme prit ensuite place à son poste, alluma son ordinateur, et fit ce qu’on lui avait demandé.

- Tout ce bruit parce que je n’étais en retard que d’une seule minute, murmura-t-elle, frustrée.

- Elle n’a vraiment pas l’air d’humeur ce matin. Ce serait mieux que tu n’y prêtes pas trop attention.

La personne qui venait tout juste de s’adresser à Amélia était un de ses collègues, un employé du nom de Phéjar. Ce jeune homme de 24 ans, qui venait de se redresser afin de mieux voir mademoiselle Long, mesurait 1m85, avait un teint similaire à celui de son interlocutrice, et affichait une coupe afro assortie d’une barbe. Il portait également un ensemble composé d’une veste et d’un pantalon noirs, et d’une chemise blanche dont les dernier et avant-dernier boutons du haut avaient été défaits.

- Mais elle exagère tout de même. Juste à cause d'une seule minute de retard, elle se met dans tous ses états.

- Imagine alors ce que cela aurait donné si tu avais par exemple eu dix, voire vingt minutes de retard.

- Théodore, je n’ai vraiment pas envie d’imaginer ce genre de choses.

- Tu vois ? Tu ferais donc mieux de passer à autre chose. Ça aurait pu être pire.

Le jeune homme se rassit tandis que sa collègue appliquait le conseil qu’il venait de lui donner. Il était en effet mieux pour elle qu’elle ne prête pas attention à ce que sa cheffe de stage lui avait dit. Tout ce qui devait lui importer à cet instant était le travail qu’elle devait accomplir. De ce fait, Amélia afficha divers plans d’intérieur sur l’écran de son ordinateur, plans sur lesquels elle commença à travailler.

-----*-----

Pendant que mesdemoiselles Garnier et Long étaient respectivement à la banque et sur leur lieu de travail, Fuji et John étaient restés derrière afin d’administrer la petite affaire d’Alicia pendant son absence. Malgré le fait qu’ils n’aient été que tous les deux, les jeunes gens s’en sortaient admirablement. Il fallait dire que mademoiselle Nakaharu s’occupait d’installer les clients à leur table et de prendre, et leur apporter leurs commandes tandis que son collègue se trouvait derrière le comptoir à gérer le remplissage des verres et de la caisse.

Une fois que Fuji finit de servir les clients qui étaient récemment rentrés dans le bar d’Alicia, la jeune femme retourna auprès de son collègue.

- Fuji, nous serons bientôt à court de bières. Pourrais-tu aller en chercher dans la chambre froide s’il te plait ? rétorqua John au moment où la jeune femme approcha.

- Aux dernières nouvelles, c’est à moi à qui Alicia a confié la gestion du bar. De ce fait, c’est plutôt à toi d’aller chercher les boissons.

- Ça ne veut rien dire.

- Oh que si ! Ça veut dire qu’en entendant le retour d’Alicia, je suis celle qui donne les ordres. Donc, va chercher les boissons dans la chambre froide.

Bien qu’hésitant à exécuter l’ordre qu’on venait de lui donner, John n’eut d’autre choix que d’obéir, car s’il ne le faisait pas, Fuji irait surement raconter quelque chose de déplaisant à leur patronne. Le jeune homme mit pause à ce qu’il faisait et partit chercher les bières. En le regardant s’éloigner, mademoiselle Nakaharu ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Elle se dit alors que c’était très plaisant de lui faire faire tout ce qu’elle voulait.

Lorsque Hopkins arriva devant la porte de la chambre froide, ce dernier ne l’ouvrit pas immédiatement. Il fixa plutôt la seconde porte qui se trouvait au bout du couloir et se demanda où elle pouvait bien conduire. Curieux, le jeune homme s’en approcha et essaya de l’ouvrir, mais sans succès. Celle-ci était verrouillée à clé. Cela accentua sa curiosité, d’autant plus que la seule personne qui était à même de l’ouvrir n’était nulle autre que sa patronne. Le jeune homme abandonna donc son idée et repartit vers la chambre froide.

La chambre froide, comme son nom l’indiquait, était une pièce dont la température était à peine quelques degrés au-dessus de zéro et dans laquelle mademoiselle Garnier conservait la majeure partie des boissons alcoolisées qu’elle achetait. Dès lors, de nombreux casiers de différentes marques de bières étaient entassés du sol à une hauteur légèrement plus grande que John. Le jeune homme en attrapa trois de suite qu’il plaçait dans un charriot situé à proximité. Il transporta ensuite le tout vers le comptoir.

- Te voilà enfin. Qu’est-ce qui t’a pris autant de temps, dit Fuji au moment où elle aperçut John.

- J’ai un peu trainé devant la porte au fond du couloir. Dis, tu t’es jamais demandé ce qu’il y avait derrière cette porte ? répondit-il tout en commençant à placer les bouteilles de bière dans le réfrigérateur les unes à la suite des autres.

- Non, pas vraiment.

- Tu veux me dire que depuis que tu travailles ici, tu n’as jamais été curieuse de savoir ce qu’il y avait derrière cette porte. On connait pratiquement tout ce qu’il y a à savoir sur cet endroit hormis cette partie.

- Pas le moins du monde. Comme tu viens de le dire, Alicia nous a montré tout ce qu’elle avait à nous montrer. On a visité son appartement du dessus et autre. Alors, je me dis que si elle ne nous a jamais montré ce qui se cache derrière cette porte, c’est qu’elle a surement de bonnes raisons de ne pas le faire. Tu ferais donc mieux de respecter cela.

- Si tu le dis. Quoi qu’il en soit, j’ai toujours envie de savoir ce qui se cache derrière.

Mademoiselle Nakaharu ne put s’empêcher de rouler des yeux devant cette phrase de John. Son collègue de travail était beaucoup trop curieux. D’ailleurs, il était tellement que Fuji se disait que ce défaut finirait tôt ou tard par le mettre dans une mauvaise posture. Le jeune homme, qui venait à peine de finir de placer toutes les bières dans le réfrigérateur, ramena le charriot où il l’avait pris avant de revenir à son poste et de s’occuper des divers clients du bar.

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Mademoiselle Garnier qui venait tout juste de terminer avec son déposit rangeait soigneusement ses documents dans son sac. Elle souhaita ensuite aux employés derrière le comptoir de passer une excellente journée sur un ton très sarcastique et sortit de la banque. Tandis qu’elle se dirigeait vers son véhicule, Alicia ressassa tous les évènements de la journée, du moment où elle était sortie de son domicile jusqu’à l’instant présent. Ce qui l’énervait alors le plus dans toute cette histoire était les résultats de son entretien avec son gestionnaire. Le fait que leur taux d’intérêt augmente aussi soudainement la plaçait dans une position assez délicate, mais pas impossible à gérer. Elle allait cependant devoir faire quelques ajustements.

Tandis qu’elle marchait sur le parking de la banque, Alicia se souvint de sa brusque rencontre avec Amélia. Qui aurait cru qu’elle tomberait nez à nez avec une des connaissances de la personne qu’elle torturait et avec qui elle couchait chaque soir. La jeune femme se dit que le monde était vraiment petit et qu’elle avait peut-être mis la main sur un moyen de pression. Quoi qu’il en soit, il était désormais temps pour elle de rentrer à la maison. Elle avait encore de nombreuses tâches à accomplir. Alicia démarra donc son véhicule et prit la direction du Dionysos.

A suivre !!!

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