Scène exclusive : À l'italienne.

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Un premier rendez-vous galant…

Katerina essayait de se rappeler la manière dont pouvait se dérouler une telle rencontre, mais en vain. Face à son lit, où s’exposait toute sa garde-robe, elle fut surprise de constater qu’en réalité, elle ne s’était jamais réellement prêtée au jeu. Pour la simple et bonne raison, qu’elle n’en avait jamais eu besoin.

Elle n’avait eu que deux hommes dans sa vie, le premier lui ayant volé un baiser à son insu, un soir en Espagne et au beau milieu d’une piscine. La chaleur du pays sur les épaules, elle se rappela être remontée dans sa chambre d’hôtel, complètement trempée. Dès lors, tout avait été naturel avec Elliot. Tout, sauf peut-être leur première fois. Consommée à la Saint-Valentin, n’était-ce pas cliché ? Le rejoindre ce soir-là lui avait demandé de rassembler tout son courage. Sachant pertinemment qu’au détour de cette pizza, elle se ferait dévorer telle une part de cette délicieuse recette imaginée par les Italiens.

Ah, les Italiens ! Tout en analysant l’une de ces longues robes, elle songea que ceux-ci ne cessaient de lui sauver la vie. Ce fut uniquement grâce à eux qu’elle n’hésita pas sur la paire de talons à portée pour l’occasion. À défaut d’hésiter sur le reste de sa tenue. Incertaine, et d’un geste, elle se débarrassa du vêtement. Elle aurait préféré quelque chose de plus récent. Un habit que son ex-mari n’aurait pas côtoyé, par exemple. En attrapant un chemisier en soie, elle pensa qu’avec lui non plus, il n’y avait pas eu besoin de premier rendez-vous.

Comme bien d’autres prétendants, Armin avait eu droit à une entrevue. Elle l’avait choisi lui, pour son culot qui, selon elle, devait cacher une grande sincérité. Si elle s'était doutée que son futur mari finirait par la tromper…

Au fond d’elle-même, Katerina pensait qu’elle aurait dû voir les signes avant-coureurs. Durant ces rencontres organisées par leurs parents, qui ne ressemblaient en rien à des rendez-vous, ce dernier avait toujours fait preuve d'aplomb. Une fois seuls, les formalités tombaient, exacte raison qui lui permit de conquérir ses lèvres. Une goutte d’un vin épais sur la commissure, il s’était permis de venir la récolter et une fois la machine lancée, autant en profiter pour faire un bébé.

En parlant du loup.

Celui-ci apparut dans la bergerie :

  • Maman, tu sais si… ?
  • Haaa ! Selim ! Je m’habille !

Refermant immédiatement la porte de sa chambre, il repasserait plus tard. Le cœur palpitant, Katerina espérait qu’il n’ait rien aperçu de sa lingerie. Son gamin n’en eut fort heureusement pas le temps.

Elle y pensa avec une rougeur aux joues. Pour ce qui était des dessous, elle n’avait éprouvé aucune difficulté à choisir un ensemble. Mais qu’allait-elle porter en façade ? Serait-elle assez belle avec cette robe ? Un chemiser était-il trop formel ? Un pantalon trop peu pratique ? Ce dîner avec Elliot consistait en son tout premier rendez-vous amoureux et celui-ci se déroulerait sans aucun doute à deux pas du lit. Il était certain que l’intimité serait, elle aussi, au rendez-vous.

Lorsqu’elle manqua de temps, Katerina fut contrainte de se jeter à l’eau. Elle rassembla plusieurs pièces en espérant que leur combinaison le séduirait.

***

Tout en agitant l’allumette qui venait d’offrir son étincelle, Elliot souffla tout l’air de ses poumons face à la bougie éclairée et l’éteignit par inadvertance.

  • Merde.

La nervosité le prenait au corps, celui-ci élégamment habillé d’un costume. Il réitéra son geste et prit du recul dans la suite. La table pour deux se présentait devant une porte-fenêtre, entourée d’une paire de rideaux volatiles. Elle permettait l’accès au balcon, qui offrait une superbe vue sur la ville.

Elle était aussi joliment dressée : une nappe blanche tirée, des serviettes bordeaux en raccord avec les décorations florales, la bouteille de rosé dans son seau, ainsi qu’une proximité liée à l’agencement de la vaisselle et des chaises. Parfait pour passer un moment en tête-à-tête, la lumière tamisée et les bougies épaississant l’atmosphère. Le dîner arriverait bien chaud entre les mains d’un serveur. Il espérait que ce dernier se pointe à l’heure afin que tout soit parfait à l’arrivée de Katerina.

Au menu : saveurs italiennes, en toute connaissance de cause, car il savait à quel point son palais raffolait de cette cuisine.

Il replaça le col de sa chemise, juste au cas où, lorsque le serveur franchit le seuil de la porte avec la promesse d’un repas à tomber par terre. C’était l’un de leur point commun, ils adoraient manger et surtout découvrir de nouvelles spécialités. Aussitôt reparti, Elliot espéra qu’elle ne tarde pas, aussi fumant que les plats mis à table.

Ce fut sans compter sur sa légendaire ponctualité.

Cette fois, c’était la bonne.

Bouillant d’impatience, il chassa l’agitation sous son torse à coup d’une ou deux inspirations. Il avait choisi un hôtel dans lequel elle pourrait le rejoindre en toute discrétion, par un accès privé. Seul le nom du Richess apparaissait sur la réservation. Cette situation ajoutait du piquant à son entrée, bien que comme toutes les belles roses, Katerina possédait déjà de nombreuses épines. La première, installée dans son regard réchauffé, vint directement égratigner le sien.

Lui qui avait souhaité l’accueillir en grande pompe, se vit obligé de la contempler, le souffle qu’il avait temps entraîné, coupé.

  • Tu es…

Il s’échauffait. En lui cédant le passage, il veilla à ne pas trop la détailler. Il parcourait le dessous des coutures, plus tard.

  • Splendide, dit-il en se plaçant dans son dos afin de la dégager de la veste installée sur ses épaules.

Katerina tourna uniquement son visage dans sa direction, elle aussi, empourprée. Elle caressa ses bras recouverts de manches transparentes, celles-ci décorées de rosace en dentelle.

  • Merci. Toi aussi, tu es…

Elle s’agita davantage quand il glissa un baiser sur sa joue. Un baiser qui se termina sur ses lèvres rouges. Il en aurait fait son entrée s’il n’y avait pas eu de quoi se remplir autant le ventre.

  • Ça sent bon, releva-t-elle en passant la pièce au crible, d’un calme qui ne ressemblait en rien à ce qui se déroulait en son for intérieur.

Tandis qu’elle analysait l’agencement de la suite, Elliot la contourna. Les fauteuils trônaient au milieu de la pièce, une large carpette entre, y apportant de la consistance. Dans un coin, une superbe baignoire à pied, dans l’autre, un lit gigantesque. Il fallait bien ça, pour un homme comme Elliot.

Ce dernier lui en fit décrocher le regard :

  • J’espère que tu as faim !
  • C’est possible, répondit-elle, taquine, en s’approchant de la chaise qu’il lui avait tirée.

Assise, ses hanches gagnèrent en volume. Le tissu noir de sa jupe, collant, l’épousait comme une deuxième peau. Coupée en biais, l’une de ses jambes devint totalement apparente quand elle la croisa à l’autre. Elle était belle jusqu’au bout des ongles, de ceux que laissaient voir ses talons ouverts, à la couleur chaude sur ses griffes.

Il s’installa à son tour, lui présentant les plats un par un, sans montrer un signe de faiblesse vers son décolleté. La dentelle prolongée sur sa poitrine la décorait louablement. Il se promit de ne pas trop s’y diriger.

Dans un premier temps, il lui servit du rosé, en accompagnement de l’entrée. Un petit sourire conquit Katerina quand elle découvrit l’antipasti :

  • Tu me connais bien, avoua-t-elle en apportant la bruschetta à sa bouche.

Elle roula des yeux, le bonheur ravivant ses papilles gustatives. Expression qui donna envie de faire de même à Elliot.

  • C’est délicieux !
  • Que crois-tu ? Je sais comment te faire chavirer, répondit-il en lui accordant un grand sourire, pensant que le plat le plus délicieux à cette table, se trouvait en face de lui.
  • À ce stade, pas besoin de me prendre par les sentiments !
  • Ah oui ?

Le sourcil qu’il leva lui décocha une petite expression. Ce jeu-là, elle voulait bien y jouer, à celui qui attraperait l’autre en premier. Cela ne lui ressemblait pas, pourtant. Si réservée, et pudique habituellement, elle lui accorda un show qui le fit se languir durant tout le repas. Une prestation dont Elliot profita pleinement.

Il accepta ses avances sans broncher, jusqu’à la cuillère qu’elle lui tendit, côte à côte, au moment du dessert. La panacotta, légère, douce, glissa sur sa langue tandis qu’il prolongeait son regard dans le sien.

  • Tu aimes ? demanda-t-elle, une étincelle dans les yeux, son épaule reposée sur la sienne.

Il retint sa main pour en embrasser le dos, subtilisant sa cuillère. Ceci marquait le début. Il y glissa plusieurs baisers, sur ses phalanges, au niveau de son poignet,...

Puis, il planta l’argenterie dans le dessert, et l’amena à sa bouche. Le début de la fin. Katerina le laissa s’y frayer un chemin, déglutissant les saveurs, obnubilée par ce qui se passait au niveau de ses pupilles. Dilatées, ses paupières lourdes, ne recouvrirent son désir qu’un mince instant. Il frissonna, des doigts qui rencontrèrent sa cuisse. De son côté, elle se languissait.

C’était la fin de la retenue.

Les lèvres plantées sur les siennes, Elliot attrapa sa nuque. De son pouce, il la caressa, sa chevelure bientôt coincée entre ses doigts. D’un coup, il se retira. Il la surplombait déjà, Katerina les genoux attachés l’un à l’autre, le menton relevé, l’expression salée. Aucune retenue. Il l’attrapa de chaque côté de son visage et l’embrassa plus longuement, elle, gagnant du terrain sur son torse.

Leurs nez rapprochés, ils se sourirent, électriques. Tous deux abandonnèrent la table et le dessert, pas à pas, à l’instar de leurs vêtements tombés par terre.

Elliot l'envoya valser sur le lit.

Il lui promit que la prochaine fois, il l'emmenerai danser, les mains occupées à la déchausser et le regard débordé de la contempler. Entre ses cuisses, il se cala d’un coup, les crocs décidés à la dévorer. Le rire de Katerina disparut sous une lourde respiration, les côtes chatouillées par sa langue, remontée sur sa poitrine encore finement décorée. Il défit la dentelle à moitié en y glissant ses doigts, le nez plongé dans son cou, aussitôt mordillé. Il brûlait, le corps enfumé, en reprenant possession de ses lèvres, de ses joues, son front, baisé. Les mains attachées aux siennes, il tremblait d’excitation, d’impatience, sa chaleur collée à la peau de sa compagne, une brûlure qui arracha un soupir à sa compagne. Un souffle qui les ramena en arrière, dans les yeux de l’autre, à revivre cette nuit jamais oubliée. Tout était pareil, mais tout avait changé. Irrésistiblement attirée, friande de sa gourmandise, Katerina le tira au plus proche de l’oreiller et l’invita à une nuit effrénée.

À l'italienne.

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