La chérophobie du mariage

Un jeune couple se trouve devant chez « Chotart » sur la Croisette pour choisir leurs alliances. Les parents du marié lui ont attribué une enveloppe pour qu’il achète celle qui lui plaît le plus. La future mariée surprise s’exclame :

— Bizarre qu'ils te donnent de l’argent pour ton alliance.

— Ma foi ! Si ça leur fait plaisir. Viens, entrons.

La vendeuse très professionnelle apporte différents choix. Elle commence par la jeune femme. Celle-ci, après quelques essais, se décide rapidement. Elle peut ainsi se consacrer au marié. Dans une première boîte, elle lui présente quelques modèles. Il les passe les unes après les autres, mais aucune ne lui plaît. L’employée lui fait l’article pour de tout nouveaux spécimens d’un deuxième coffret. Aucun d’entre eux ne trouve grâce à ses yeux. Le marié commence à s’énerver et à mordiller les petites peaux autour des ongles. Pendant que la femme va chercher la troisième boîte en réserve, il chuchote.

— J'aime pas cette vendeuse.

La fiancée proteste :

— Tu exagères, elle est drôlement patiente et elle garde tout de même le sourire.

Il passe encore une ou deux bagues, mais il les repose aussitôt.

— Rien ne me plaît. Merci, nous ne prendrons que celle de ma chérie.

Ils sortent. Une fois dehors, la jeune femme s’énerve à son tour :

— Tu le fais exprès pour ne pas porter d’alliance ?

— Pas du tout. J’ai le droit de choisir non ? Allons chez « Cratier », je suis sûr que la première sera la bonne.

Le couple se rend deux rues plus loin. Au moment de rentrer dans la boutique, une voiture noire aux vitres teintées est garée avec les roues avant sur le trottoir.

— Attention ! Ils vont attaquer le magasin, c’est sûr.

— Non mais ça va pas ! Tu ingurgites trop de films policiers toi.

La jeune femme entre. Lui la suit tout en se retournant sans arrêt. Ses yeux vont du véhicule à la boutique. Le visage rouge, nerveux il défait les boutons de son col de chemise. Cette fois-ci, c’est un vendeur qui s’avance pour les servir. De nouveau, il en passe plusieurs et se décide enfin pour la dernière. Il demande à l’essayer. L'employé se confond en excuses. Le modèle n’est plus disponible. La maison peut lui faire sur mesure, mais elle ne sera pas prête pour le jour J.

La future mariée s’exclame :

— Tout s’explique ! Tes parents savent comment ça se passe avec toi. Ils ont anticipé craignant que tu évoques en plus, la question du prix. Tu veux que je te dise, pas d’alliance, pas de mariage, adieu.