Muselé
Je tourne en rond entre ces parois.
Toujours les mêmes, je les connais par coeur.
Les mêmes pas, le même nombre, toujours.
J'ai toujours été cloîtré ici. Et je sais, que je finirai ma vie là. Personne ne me rend visite, je vis seul, et je crée mon monde pour ne pas sombrer. Il faut bien que je me rattache à quelque chose, à défaut de quelqu'un.
Pourtant certains ont tenté de venir à moi, mais ils n'ont pas réussi à franchir ce mur.
Sur ce mur, moi aussi, je me suis cogné la tête. Encore et encore.
Mais cela n'a servi qu'à rendre tristes ceux qui m'aiment.
Parfois, j'entends leurs voix. Faiblement, mais je les entends.
Leurs intonations varient entre espoir et tristesse.
Il m'arrive de les supplier de partir, non pas qu'ils m'importunent, loin de là, mais je voudrais qu'ils soient enfin heureux, qu'ils vivent leur vie sans se soucier de moi. Ne plus être ce fantôme qui hante leurs nuits. Mais, aussitôt après, je pleure leur absence, comme un orphelin qui a besoin de cet amour pour exister.
Alors je ne cesse de marcher, de chercher dans cette fêlure une hypothétique sortie, et il m'arrive de rêver, de quitter ces parois, de m'enfuir afin de m'envoler.
D'oublier que je suis totalement muselé.
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