Plume de goudron
C'est une perle de sueur qui me parcourt l'échine,
C'est ma peau qui s'agite, mes poils qui s'hérissent.
Ma main devient outil, au service de la plume noire
Celle d'un oiseau, hirsute et gros, au regard cendré
La plume survole, tel le rapace, le désert blanc
Et elle fend l'air pour saisir vif, le mot parfait.
Elle l'agrippe fort contre sa griffe de platine,
De peur qu'il fuie comme un murmure
Mais trop de fois, la plume penaude,
Lâche sa prise car trop gourmande
Et se précipite sur l'or des fous
La taquinerie du vieux Midas
Le mot s'enfuit comme un brigand
Et avec lui le sens si goûtu
Qui donne au vers toute sa saveur,
Repas d'oiseau bien malchanceux
Ô ma douce , pardonne l'outil
Qui tant de fois t'as fait défaut
Qui par le geste malhabile change
Le volatile en vieux manchot.
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