Chapitre 2 - Flashback

3 minutes de lecture

Tout avait commencé là, à la cour de la reine Clitorhys. Syphilis, jeune et beau, se promenait dans les jardins royaux armé de son arbalète, et se félicitait d'avoir déjà abattu tant de gibier. Il eut un pincement au coeur en se rappelant que les elfes ne mangent pas de viande, puis il se consola aussitôt : c'était bien normal d'être contre la souffrance des animaux.

La reine Clitorhys, parée de manière extrêmement belle au point que c'en était indescriptible, s'avança vers ce fier paladin, l'allégresse au cœur et les cheveux au vent. À ses côtés se tenait un petit être fort laid, dont l'expression louche et fourbe laissait soupçonner quelque sinistre coup monté.

« Ah, noble chevalier ! s'écria la dame de sa voix de soprano. Que puis-je donc faire pour récompenser votre bravoure ?

— Je ne demande rien d'autre que rester auprès de Chlamydia ma tendre aimée, ô ma reine.

— Ne désires-tu point l'or des nains, l'argent des hauts elfes et toutes les épices d'Orientie ?

— Hélas, ma reine, tous les joyaux du monde ne sont rien face à l'amour, bien que je ne voudrais point vous vexer et accepterais volontiers quelques coffrets de rubis, pour terminer de paver ma chambre.

— Las ! soupira la reine, tous les loyaux et fidèles sujets n'ont pas ta fidélité ni ta loyauté, et qu'il est dur d'être reine d'Elfie depuis la mort de Père ! C'est pourquoi, afin de bien régenter, j'ai décidé de m'accompagner d'un nouveau conseiller. »

L'être abominable le gratifia d'un sourire grimaçant.

« Voici le Sidhe Veyyash, dit-elle en lui jetant un regard cristallin. Il saura m'apprendre comment être une bonne souveraine, car il est bon et son cœur est empli d'intentions nobles, quand bien même il déclare ne rien connaître aux sciences, aux stratégies, à la culture et aux autres peuples.

— Ma reine, une telle intelligence de votre part a de quoi laisser pantois.

— Ne l'écoutez pas ! se départit Veyyash de son sourire infâme. Cet homme cherche à vous embrouiller en vous prenant par les bons sentiments ! Une reine comme vous se doit de se méfier d'un tel genre d'individus.

— Ma foi, Syphilis, ces accusations sont-elles vraies ?

— Non, votre Majesté.

— Nous voilà donc rassurés. »

Les elfes, en effet, ne mentaient jamais, sauf en cas d'extrême nécessité. Ce qui, grâce à leur intelligence, leur imagination et leur facilité à manier le langage, n'arrivait bien sûr jamais.

« Je suis néanmoins inquiète, ajouta-t-elle après un court moment de réflexion. Car nos combats contre les redoutables hordes orques ne se terminent point, et je ne sais si je dois demander de l'aide aux humains.

— Les humains ? demanda Syphilis. Mais je croyais qu'il ne s'agissait que d’une lointaine légende…

— Et pourtant non, mon cher Syphilis. Car à l'orée des bois se trouve le royaume de Nanarnya.

— Foutaises que tout cela, ô ma reine ! se dédit Veyyash, soudain piqué d'une bien étrange mouche. Les humains ne nous serviront à rien, car n'est-il pas vrai que nous les elfes sommes les plus forts ?

— Oui, dit Syphilis, mais à l'issue de cette guerre, nous deux peuples pourraient commercer, car n'est-il pas vrai que nous les elfes sommes les plus ouverts ?

— Il est vrai, mais il viendrait alors à cette ignoble vermine l'idée de s’hybrider avec nous et nous faire perdre nos traits angéliques. Or n'est-il pas vrai que nous les elfes sommes les plus beaux ?

— C'est cela, oui. Néanmoins nous pourrions offrir une part de notre beauté à ceux qui le méritent. Car nous les elfes ne sommes-nous pas les plus magnanimes ?

— Il suffit ! s’écria soudain la reine, et nos deux lurons se turent, voyant cette magnifique créature dresser sa poitrine avec tant de majestuosité qu'ils en restèrent blêmes d’émoi. J'en ai assez que l'on me dicte ma conduite à ma place ! Je pars dans mes appartements réfléchir à la suite de cette guerre, et qu’on l’on ne me dérange sous aucun prétexte ! »

Et elle quitta les jardins en claquant la porte.

Le Sidhe Veyyash le sonda de son regard funeste.

« Vous n'êtes qu'un arrogant gringalet, à qui je ne vous laisserais point l'occasion de vous mettre en travers de mon chemin. Écoutez néanmoins ce conseil, abominable avorton ! Si vous tentez de faire quoi que ce soit pour repousser mon contrôle sur la reine, je vous le ferais payer au prix fort ! »

Syphilis s'en alla soucieux, se demandant si la reine avait vraiment bien fait de choisir ce conseiller. Mais toutes ces pensées fondirent comme neige au soleil quand il aperçut Chlamydia sa bien-aimée. Alors au beau milieu des palais royaux, on sentit les effluves de deux êtres s’aimant au beau milieu d'un parterre de pétales de rose.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sylvain Laurent ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0