Derniers plaisirs.

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Oh, tu as ouvert cette lettre ? Je ne pensais pas que tu en serais capable. J'étais plutôt froussarde à l'époque. Du moins avant que je ne quitte ce monde. J'ai été imprudente. J'ai dû abandonner mes rêves, mes ambitions, mon avenir. Ce fut horrible. Nos parents pleuraient du soir au matin. Ils priaient Dieu chaque jour de nous venir en aide. Tu étais allongé sur ce lit, depuis déjà 3 jours. Tu étais inconsciente. Tout le monde croyait ta mort.
Tu commences à avoir peur ? Je te rassure d'une chose, tu n'as pas à faire à un vulgaire canular. Je suis toi. Tu es moi. Je connais tout de toi d'ailleurs. Évidemment puisque nous sommes une seule et même personne. Demain, ce sera lundi. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Pourtant, il a bien des lustres que je ne suis plus dans ce monde. Je ne voudrais pas faire la même erreur deux fois, tu comprends ?
Fais attention, demain, ne sois pas en retard, et je t'en supplie, prends le bus et dis à tes parents que tu les aimes du plus profonds de ton cœur. Met de côté ta rancune, pardonne à ta mère de ne pas t'avoir laissé sortir samedi dernier. C'était sans doute pour ton bien. Profite de cette dernière journée comme si ce sera la dernière. J'insiste bien sur ce mot, la dernière...
Les mauvaises choses n'arrivent pas seulement aux autres. Demain, ce sera ton tour, tu feras tes bagages pour me rejoindre moi et les autres victimes de cet attentat. En aurais-je trop dit ? Peu importe, je me dois de te faire savoir la vérité. Toi qui as toujours voulu être une célébrité reconnue dans le monde entier, toi qui as toujours voulu passer à la télé. Je t'annonce que ton rêve sera exaucé. Le seul hic, c'est que je ne doute que le sujet te plaise. Les journalistes se battront pour savoir qui fera le meilleur article. Ils ne penseront pas une seconde à nous. Victimes de cet attentat. Pourtant qu'avions nous fait ? Qu'avais tu fais ? Qu'avais-je fait ? Je me le demande encore.
Je m'égare un peu, mais, comme j'en ai la possibilité aujourd'hui, je te le demande, comme une faveur oui. Profite bien de cette dernière journée. Et, pour te consoler, mardi, tu ne seras pas là pour courir à en cracher les poumons en cours d'EPS. Oui, tu n'en n'aura plus, de poumons... Ni de jambes d'ailleurs.
Je te dis Adieu ? Ou à très bientôt.


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