Défi 39 : "Le cercle anonyme des animaux dépendants et toqués"

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En arrivant devant l’entrée de la salle, il ressentait l’angoisse l’envahir. Que faisait-il là ? Etait-il vraiment nécessaire qu’il vienne ? Qu’allait-il pouvoir raconter ? Pourquoi cette porte était verte ? Cela porte malheur le vert… Il passa le pas de la porte, mais il éprouva un mal être le gagner il revint en arrière. Puis repassa le pas de la porte et revint de nouveau en arrière. Et il recommença une autre fois, et une autre… pour faire sept passages de porte. Sept pour conjurer le mauvais sort. Pour éloigner le malheur. Puis, il prit son inspiration, et il entra.

En arrivant dans la salle, il se doutait être épié de suite. Il sentait les regards posés sur lui, les gens le dévisageaient, il le savait. Il ne voulait pas venir, mais c’était sa compagne qui avait insisté. Soi-disant qu’il devenait invivable ; elle en rajoutait toujours assez, comme sa mère. Il chercha un endroit pour s’installer mais il y avait 13 chaises. Ce n’était pas possible ça. Qui avait bien eu cette idée saugrenue d’en mettre 13 ? Pourquoi pas 12 ? Ou 14 ? Il tourna autour d'elles plusieurs fois, se frotta aux barreaux. Il voulu s’asseoir sur une mais se ravisa. Puis sur une autre mais elle était sous une poutre. On ne sait jamais si elle tombait… Puis il finit par s’asseoir sur la plus proche de l’entrée.

Il commença à observer les autres animaux présents ce jour là. Une souris grise qui mettait dans son sac à main les serviettes et les cuillères du buffet, un gros chien en train de manger une part de tarte aux pommes alors qu’il était déjà obèse, une tortue pleine de cernes qui se noyait dans ses tasses de café et un lapin qui semblait être monté sur ressort et qui tapait du pied sans arrêt. Un corbeau arriva, il jeta un coup d’œil sur la salle et s’approcha d’une chaise. Il attrapa une lingette nettoyante, la passa dessus plusieurs fois et s’installa. En le voyant, tous les animaux prirent place autour de lui. Quoi, c'était lui l'animateur ? Il semblait plus malade que les autres. Il se sentait mal à l’aise. Il n’aimait pas les oiseaux et surtout les corbeaux. Ils portaient malheur, il ne voulait pas le regarder, lui parler, le toucher. Il commença son speech :

- Bienvenue à la réunion du cercle anonyme des animaux dépendants ou toqués, le C2ADT. Vous êtes ici en sécurité, tous là de manière anonyme. Personne ne vous oblige à parler, un minimum de respect vous est juste demandé. Tout ce que vous direz ici ne doit pas sortir de ses murs et personne ne se moque de personne. Est-ce que quelqu’un veut commencer ?

Le silence fut de plomb. Evidemment personne ne voulait raconter pourquoi il était là en premier... Alors le corbeau commença :

- J’ai l’habitude, c’est souvent impressionnant au début. Je vais donc commencer. Je suis moi-même là pour un problème. Je m’appelle Renaud, je suis le corbeau et je suis mysophobe. De part mon statut d’oiseau carnivore, j’étais censée manger les carcasses des défunts, aller dans des endroits sales pour trouver de la nourriture. Mais si ces cadavres avaient une maladie ? S’ils étaient morts par empoisonnement ? Si je l’attrapais et je mourrais à mon tour ?

Il se tourna vers le chien et lui dit :

- Si le microbe que tu portes me touche et me rend malade moi aussi ? J’ai fini par ne plus manger du tout, quoi que ce soit et j’ai commencé à dépérir. Il m’a fallu beaucoup de temps et un suivi en thérapie pour être maintenant végétalien et vivre avec ma peur des microbes.

Le silence resta en suspens, quand soudain, le lapin commença :

- Je m’appelle Tintin le lapin, et je suis addict à l’héroïne. Tout est venu à la fin de mon adolescence. Je faisais un relais 100mètres avec mon meilleur ami Gaspard, le renard et on a perdu. Après ça, il n’a plus voulu être mon ami car je n’allais pas assez vite. J’étais trop lent, trop mou. Cela m’a fait beaucoup de peine. Alors j’ai cherché comment faire pour devenir plus rapide, plus réactif. Et j’ai sombré dans la drogue… et je n’ai jamais réussi à en sortir. Avec mon travail de livreur de pizza, le rythme était soutenu, et je n’arrive plus à arrêter maintenant…

Le silence ne dura pas longtemps :

- Moi aussi je n’arrive plus à m’arrêter… de manger. Je m’appelle Fabien, le chien et je suis boulimique. Je mange, je mange, je mange sans pouvoir m’arrêter. Tout ce que je trouve, tout ce qui traine, même ce qui est pourri ou ce qui ne se mange pas.

Fabien, le chien raconta son histoire. Puis se fut le tour de Louis la souris, le cleptomane et Hugues la tortue, drogué au café. Il les écouta tous attentivement, se rendant compte qu’il avait probablement lui aussi un problème. Mais qui ressemblait plutôt à celui du corbeau. Il n’était pas dépendant mais plutôt toqué. Quand tout le monde eu fini de parler ils se tournèrent vers lui. Dans un élan de courage, il commença :

- Moi c’est Baltazar, le chat noir et je crois que je suis toqué. Je suis superstitieux, j’ai peur de tout ce qui porte malheur… un comble pour un chat noir non ?

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