Réconciliation

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La lumière froide d'un après-midi de printemps colorait la campagne qui entourait le Terrier. Les enfants couraient à l'horizon, dévalant les champs. Ils étaient tous là : Rose, Hugo, James, Lily, Albus, Victoire, Dominique, Louis, Molly, Lucy, Fred et Roxanne. Toute la nouvelle génération de Weasley qui tournait en rond en criant, éclatant de joie sous le ciel clair.

Les adultes les surveillaient à une distance raisonnable.

Perchés sur les hauteurs à deux kilomètres au loin, Ron et Hermione s'étaient isolés. Hermione s'était assise dans l'herbe sans parler, elle contemplait ses enfants grimper sur les épaules de leurs cousins plus âgés. Ron avait préféré rester debout, perdu dans ses pensées.

C'était la sixième fois qu'ils se voyaient depuis qu'Hermione était venue lui parler chez les Potter. L'été approchait à grands pas, pourtant l'hiver ne voulait pas les lâcher.

Hermione redoutait le mois de mai. En mai, cela ferait un an. Un an que Drago était revenu dans sa vie, avant de la quitter tout aussi soudainement...

Ron n'était pas conscient de cette date buttoir, elle n'avait pas jugé utile de lui en parler. Les efforts qu'ils avaient à fournir étaient déjà bien assez grands.

Au bout d'un moment, Ron finit par s'asseoir à côté d'elle. Elle tendit la main pour désigner un point à l'horizon :

– C'est la maison de Luna. Tu te rappelles quand on y est allés, avec Harry ?

– Oui. C'est là que tu nous as lu le conte des trois frères.

Hermione acquiesça doucement. Les souvenirs resurgissaient en masse dans sa mémoire :

– Je me rappelle quand tu es revenu avec Harry et l'épée de Gryffondor...

Elle éclata de rire :

– J'avais tellement envie de te frapper ! Et j'étais tellement heureuse de te voir... Je n'avais jamais été aussi heureuse de toute ma vie.

C'était la vérité. Hermione revivait ces émotions qui l'avaient animée, comme si c'était hier. Et elle ressentait la même chaleur qu'à l'époque.

– Et tu avais l'air tellement... déboussolé par ma réaction. Toi qui ne comprenais jamais rien au tact... Et puis tu m'as parlé du déluminateur, et de ma voix dans les ténèbres, et de cette boule de lumière qui avait traversé ton cœur...

Elle sourit, découvrant avec surprise qu'elle avait envie de pleurer :

– Jamais tu ne m'avais parlé comme ça avant. Ça semblait inespéré...

– Je t'aimais.

Ron avait répondu simplement, sur un ton qu'elle avait peur d'interpréter. Elle continua :

– Je me souviens que tu mémorisais presque tout ce que je disais... Et tu avais cette manie d'essuyer mon dentifrice après que je me sois brossé les dents ! Et cette scène que tu m'avais faite, au bal, à cause de Victor Krum...

Ron arracha quelques brins d'herbe du bout des doigts :

– Ouais, j'ai toujours merdé avec toi.

– Pas du tout...

– J'ai toujours été très maladroit. Je ne savais pas comment m'y prendre. J'avais peur de ce que je voulais, de ce que je ressentais. Je savais que je t'aimais, mais... je ne voulais pas l'admettre. Ça me terrifiait. Parce que ça me paraissait tout simplement impensable qu'une fille aussi géniale que toi puisse s'intéresser à moi.

Hermione ne savait pas quoi répondre. Elle repensa au médaillon de Serpentard, et à la vision qu'il avait adressée à Ron. Sa crainte la plus profonde : celle de la voir partir avec Harry.

Elle réalisa soudain que toute sa vie, Ron avait eu peur de la perdre. Il ne l'avait jamais tenue pour acquise. Et aujourd'hui, elle avait donné raison à ses craintes.

Plus que jamais, elle comprenait la violence de sa réaction. Et plus que jamais, elle s'en voulait.

– Je suis désolée, dit-elle.

Elle osa lui presser l'épaule, il se laissa faire.

– Je t'aime, continua-t-elle. Je ne peux pas te décrire les émotions qui m'envahissent quand je repense à tout ce que nous avons vécu... Nous sommes liés, bien plus que la plupart des gens. Tu ne fais pas seulement partie de ma vie, tu fais partie de moi. Et je ne suis plus la même sans toi.

Ron avala sa salive. Il attendit longtemps avant de lui répondre, les yeux rivés sur les enfants qui les ignoraient en contrebas.

– Je suis terrifié, admit-il enfin.

Il fit une pause, elle ne le pressa pas.

– Lorsque j'ai compris qu'il y avait quelqu'un d'autre, je n'ai pas osé te confronter, parce que... c'était comme une certitude qui se réalisait. Comme si c'était quelque chose qui devait se produire, un jour ou l'autre, sans que je ne puisse rien faire pour l'empêcher. J'étais déjà résigné. J'étais sûr... qu'un jour ou l'autre, tu réaliserais que tu perdais ton temps avec moi, et que tu partirais. Et le pire, c'est que je le pense encore.

Hermione ne répondit pas. Encore une fois elle ignorait quoi répondre, et elle se sentait d'une inutilité affligeante. Ron continua sur sa lancée :

– C'est comme si j'avais attendu que mon monde bascule à chaque instant... Et il l'a fait. Il a basculé. Je ne peux même pas dire que j'ai été surpris.

– Ron, je... Tu as toujours eu si peu d'estime pour toi-même ! Ce qui est arrivé était de ma faute, ça n'avait rien à voir avec toi ! Si une personne doit être tenue pour responsable, c'est moi ! Tu es quelqu'un de courageux, de formidable, ce que tu as fait, peu de gens en auraient été capables.

Il secoua la tête :

– C'était il y a longtemps. Nous n'étions que des gosses. Et ce n'est pas comme si nous avions eu le choix. Je ne suis plus ce garçon aujourd'hui.

– Bien sûr que si. Tu es le garçon dont je suis tombée amoureuse. Tu es l'homme dont je suis tombée amoureuse, et que j'aimerai toute ma vie.

Elle prit son visage entre ses mains :

– Ron. Je ne veux être qu'avec toi. Je t'ai blessé, je ferai tout pour réparer les dégâts que j'ai causés. Je veux retrouver la complicité que nous avions toi et moi... Elle est encore là, je le sais. Je le sens. Parce que mon cœur bat plus vite en ta présence, et je sais que le tien aussi.

Elle posa une main sur sa poitrine. Ron la regarda dans les yeux, ses yeux si bleus. Il la dévisagea pendant de longues secondes, intensément, et elle soutint son regard. Il acquiesça doucement. Hermione sourit.

Car sous le soleil, au milieu des hautes herbes, Ron lui avait pris la main.


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