11.

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Assise sur un petit banc de pierre, ne quittant pas l’horizon des yeux, Lilly ne peut s’empêcher de penser au plan d’Albert : ce qu’il lui demande est au-dessus de ses forces. Depuis toujours, elle n'aspire qu’à retrouver l’assassin de ses parents, mais maintenant elle ne sait plus exactement comment elle doit agir. Ils approchent pourtant du but, après tous leurs efforts et années de sacrifice. Et puis il y a Christian… Son cœur bat plus fort, elle ne peut masquer un sourire en pensant à lui. Ce jeune homme, peut-être un peu plus jeune qu’elle, si gentil, si attirant… Albert pense pourtant que… Lilly chasse cette idée en secouant la tête et ne s’aperçoit pas que Christian, qui l’a saluée d’un geste de la main, est ensuite revenu sur ses pas lorsqu’il a entrevu son sourire.

— Mais je rêve ! C’était bien un sourire, ça !

Elle ne tourne pas la tête vers lui.

— Est-ce qu’il m’est adressé ?

Pendant un instant qui lui parut une éternité, Lilly se sentit suffoquer. Pour la première fois elle sent le rouge lui monter aux joues. Elle se croyait jusque là dépourvue du moindre sentiment à la manière d'Albert, mais quand Christian s'approche, elle est incapable de garder son sang-froid. Elle baisse le regard à terre, le cœur battant. Elle espère de toutes ses forces qu’il ne perçoive pas son malaise. Devant le silence de Lilly, Christian ironise.

— Vous n'êtes pas très bavards dans la famille, dis-moi !

Aucun son ne sort de sa bouche, elle essaie d’éviter le regard de son interlocuteur, elle est de plus en plus mal à l’aise.

— J’ai rencontré ton père près de chez moi tout à l’heure dans sa voiture, hasarde Christian.

À ces mots, Lilly se redresse d’un bond en écarquillant ses grands yeux bleus. Elle secoue la tête, en réussissant à émettre un « non » dans un souffle, lorsque Christian se renseigne auprès d’elle si Albert est bien son père. À son tour, il ouvre de grands yeux.

— Ah. Tu n’es donc pas ici avec tes parents ?

Sa question a mit fin au moment d’embarras. Elle secoue de nouveau la tête, rassemblant tout son courage pour lui répondre. Elle serre très fort ses poings sur ses genoux ; elle ne peut cependant le regarder dans les yeux, elle a la sensation qu’elle manque d’air, comme si elle se serait noyée.

— Non. Je… Je… Je n’ai plus mes parents.

— Oh, je suis désolé, je n’en savais rien.

Elle ne peut lui décrire dans quelles conditions tragiques de ce soir-là ses parents ont disparu, et n’en a jamais parlé à personne d’autre qu’Albert. Elle ne parvient qu’à bégayer :

— Tu… tu… ne peux pas savoir. Je dois partir.

Christian la retient par le bras au moment où elle se lève.

— Attends, je ne connais toujours pas ton prénom. Et tu crois qu’on se reverra ?

— Lilly. Je m’appelle Lilly. Au-revoir.

Il la suit du regard alors qu’elle s’éloigne.

— Lilly. Au moins elle m’a salué cette fois-ci avant de partir.

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