Partie 2

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Eleanor rejoignit ses deux camarades, qui avaient trouvé l’alarme dans une petite armoire non loin de la porte d’entrée de la bibliothèque.

— Hé, j’ai découvert ce carnet avec cette étrange inscription. Ça sort d’où à votre avis? Est-ce que cela pourrait être une indication sur les endroits des clefs ?

Delphine jeta un œil au carnet avant de froncer les sourcils.

— Peut-être. Il y a trois lignes, ce qui correspond au nombre de clefs que nous devons trouver pour ouvrir les cadenas. Les chiffres ne me parlent pas du tout, ça te dit quelque chose, Soliman ?

Le jeune homme abandonna son étude de l’alarme, qui était un modèle d’Edwin Holmes datant des années 1880 d’après l’étiquette installée au dessus. Il relut plusieurs fois l’inscription avant de parler.

— Est-ce que cela ne serait pas l’extrait d’un livre ? 119:10, ça donne l’impression d’un numéro de page et de ligne. Ou non, plutôt l’emplacement d’un verset que l’on pourrait trouver dans un livre religieux comme la Bible. Oui, ça me semble plus logique que cela soit un verset.

— Mais où trouver la Bible dans ce bazar ? gémit Delphine en désignant les rayonnages d’un geste de la main. On en aura pour des heures ! On n’arrivera jamais à trouver ce fichu livre !

— Ne t’inquiète pas, j’ai trouvé la liste de tous les ouvrages sur le bureau, la rassura Eleanor. Leur emplacement est noté à côté des titres. Venez m’aider, je mettrais trop de temps à chercher toute seule. Il y a au moins une trentaine de feuilles.

Il leur fallut un peu de temps à trois pour décortiquer la pile de papiers et trouver ce qu’ils cherchaient. Étagère Archimède, section B. Grâce aux lampes, il leur fut facile de repérer la bonne rangée, dont le nom était écrit en lettres dorées, puis de trouver la section des livres religieux. Bien disposés, les ouvrages avaient des tailles et des formes variables, ce qui ne facilitait pas leur recherche. Au bout de quelques minutes, le groupe découvrit qu’il y avait cinq versions de la Bible différentes, de taille et de formes variées et rangées à différents endroits. Ce fut Delphine qui trouva le livre contenant l’indice qu’ils cherchaient.

— Regardez, l’intérieur du livre a été découpé ! Il y a une grosse clef dedans.

Les yeux de Soliman lui sortirent presque de sa tête en voyant l’état du livre. C’était un adorateur de lecture qui détestait qu’on abîme des ouvrages, mais il ne pouvait pas se permettre de leur faire perdre du temps en se lamentant sur le massacre des feuillets. La clef leur permit de déverrouiller le troisième cadenas de la grille, mais il leur en manquait encore deux. Eleanor relut la seconde ligne.

— « Voir l’ange »… est-ce que c’est un code désignant un autre livre contenant une autre clef ?

Soliman pointa soudain le doigt vers un coin qu’ils n’avaient pas encore exploré, en face de la cachette.

— Là-bas ! Il y a un tableau avec des anges.

Ils se précipitèrent vers la toile encadrée de fleurs et de végétaux dorés. Les couleurs de la peinture à l’huile ressortaient vivement à la lueur de la lampe à pétrole, donnant l'illusion que les personnages étaient vivants. Le tableau montrait deux angelots grassouillets et blonds comme les blés. L’un avait des ailes blanches, l’autre des ailes noirs et ce dernier portait un gros livre à l’épaisse couverture de cuir. Le titre de ce dernier était parfaitement lisible. Eleanor le mémorisa avant de s’éclipser quelques minutes, laissant ses compagnons chercher d’autres indices. Elle revint triomphalement avec un papier dans la main.

— Il est dans la section Pythagore, section H ! Venez !

— Et l’alarme ? contra Soliman qui commençait à s’impatienter. Nous devons nous séparer, il ne nous reste plus qu’une demi heure pour récupérer le livre ! Allez-y toutes les deux, je m’occupe de trouver une solution.

Le jeune homme ayant un sens plus aigu que le sien concernant le temps qui passait, Eleanor acquiesça avant de se précipiter vers la bonne section avec Delphine. Les épais tapis recouvrant le sol étouffaient le bruit de leurs pas, ce qui les arrangeait. Le deuxième livre fut plus difficile à trouver, mais elles finirent par le découvrir coincé entre une épaisse encyclopédie et un récit de voyage de Marco Polo. Dès qu’elles le sortirent de son compartiment, un bruit métallique se fit entendre. La lampe leur permit de voir qu’une clef avait été dissimulée derrière l’ouvrage. Celle-ci leur permit d’ouvrir le premier cadenas.

Malheureusement pour eux, leurs recherches leur avaient pris plus de temps que prévu. Pendant que Delphine revenait aider Soliman, qui avait du mal à comprendre le système de l’alarme malgré un plan trouvé derrière l’armoire, Eleanor revint vers le bureau pour l’examiner. « Double fond » désignait sans aucun doute un tiroir et il n’y avait que le bureau qui en possédait. Cependant, la jeune femme n’avait découvert aucune trace de la mystérieuse cachette. Elle passa dix bonnes minutes à vider puis tripoter les trois tiroirs jusqu’à ce qu’elle sente un bouton en dessous de l’un d’entre eux. Une fois enclenché, un petit CLAC sec se fit entendre et elle découvrit que le fond du tiroir s’était légèrement décalé. A l’aide de ses ongles, elle tira le fin panneau de bois et découvrit une troisième clef dans le compartiment secret ainsi qu’un chiffon tâché d’encre.

— Tu n’aurais pas un mouchoir ou un tissu ? lui demanda soudain Soliman, la faisant sursauter. Je n’ai pas réussi à trouver un moyen de débrancher l’alarme, ça va sonner si je touche à un fil. La seule manière que j’ai trouvé est de mettre un matériau non conducteur au niveau de la jonction de la grille, pour éviter que le circuit d’alarme soit alimenté lorsqu’on ouvrira la porte.

— Je n’ai rien compris, soupira Eleanor, mais tiens, je viens de trouver un chiffon et la clef qu’il nous manquait en même temps. Il nous reste combien de temps ?

Soliman réfléchit quelques secondes.

— Dix minutes je pense. Peut-être un tout petit peu moins. Delphine, c’est bon, Eleanor a trouvé la dernière clef !

Ils rejoignirent le plus vite possible la grille et la jeune femme ouvrit avec succès le dernier cadenas, qui rejoignit les autres par terre sur le tapis. Usant de ses longs doigts et de ses fines mains, Delphine passa le chiffon entre les barreaux et l’appliqua en bas de la porte sur les fils connectés à l’alarme, en espérant que cela suffirait pour que cette dernière ne se déclenche pas. La grille s’ouvrit en grinçant, mais aucune sirène ne se fit entendre. Les trois compagnons se regardèrent avec un sourire de victoire avant de reprendre leur sérieux. Soliman tendit le bras et ramena le livre tant convoité hors de sa cachette. A la lueur de la lampe que tenait Eleanor dans sa main se dessinaient les lettres dorées de L’histoire de la nature des oyseaux. Ils avaient réussi !

Ils retournèrent en courant vers la porte de la bibliothèque. Alors qu’ils allaient l’atteindre, celle-ci s’ouvrit brusquement sur le visage souriante d’une femme habillée à la mode 1920.

— Bravo, vous avez réussi à récupérer le livre en 56 minutes et 23 secondes ! les félicita l’animatrice. Vous êtes la 4ème équipe la plus rapide du mois. Nous allons d’abord faire un retour sur le déroulement de l’escape game et les énigmes que vous n’avez pas comprises. Encore bravo !

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