Le retour d'un revenant

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Stéphane est chez sa grand-mère, veuve depuis deux ans, sa fille Henriette le laisse gardé, afin de l'occuper pendant quelques heures. Du haut de ses huit ans, il ne manque pas d'imagination dans ses jeux et dans les bêtises non plus. Revenir chez sa mamie Suzanne devint un crève-coeur, son grand-père s'amusait à lui racontait des histoires effrayantes, mais le petit garçon riait, l'effet de peur ne se produisait pas, car il mimait d'une manière comique. Mais un jour, il lui promettait réussir à l'effrayer. Lorsqu'il commettait une bêtise, Stéphane se retrouvait enfermé dans le placard. Il y restait pendant des heures.

C'est un mercredi comme les autres, Suzanne discute avec sa voisine dans sa cuisine. Stéphane actif comme toujours, ne reste pas sur place. Les conversations de grandes personnes ne l'intéressent pas et il monte à l'étage et se rend dans la chambre de sa grand-mère. Il aperçoit une petite fiole sur la table de chevet. Il s'asseoit sur le bord du lit et la saisit. Sa curiosité le pousse à l'ouvrir, le bouchon ne cède pas facilement, Stéphane force l'ouverture, si bien qu'il lui échappe de ses mains et se fracasse sur le parquet. Le liquide sort du contenant, les senteurs de bois cendré s'évaporent dans la pièce. Alerté par le bruit, Suzanne rejoint Stéphane sans tarder furibonde. Lorsqu'elle découvre la bêtise de son petit-fils, elle fulmine :

- Stéphane, quel sacrilège ! Tu as cassé la fiole de ton pépé, je la gardais en souvenir de lui, par son parfum, j'ai un semblant de sa présence ! Sale petit garnement, tu ne peux pas t'empêcher de toucher à tout, au lieu de jouer dans un coin tranquille ! Je vais t'enfermer là où tu sais et je t'INTERDIS désormais de revenir dans ma chambre.

Suzanne lui tire sur le bras et l'enferme dans ce fameux meuble. Il proteste et gesticule pour ne pas y aller. Elle finit par le gifler, Il hurle de douleur et sanglote.

- Je ne t'ai pas dit mais ta maman te laisse pour la nuit, j'espère que tu vas bien dormir, tu n'es pas prêt de recommencer !

Poussé à pénétrer dans le placard, le garçonnet ne peut pas se défendre. La femme âgée ridée comme une vieille pomme, cache bien son jeu sous son air gentil.

Stéphane entend l'assiette posée sur la table, sentit les effluves de la nourriture, puis la télévision. Puis un silence absolu à part le tic tac de la pendule incessant et il n'entendait plus qu'elle. Déjà se retrouver dans le noir ne lui plaisait pas par des frayeurs nocturnes, il s'habituait à une veilleuse à côté de son lit. Mais là, rien. La présence d'une petite bestiole escalade sa main, lui provoque une chatouillement. Sans pouvoir distinguer la bête, il l'écrase d'un coup sec.

- Mamie ouvre-moi ! Je veux dormir dans mon lit.

Il n'obtient aucune réponse, une porte grince et il croit qu'elle va le délivrer de son supplice. Une fenêtre s'ouvre et claque. Le vent provoque un murmure, comme une voix qui s'adresse à lui :

- Stéphane ! Stéphane !

Un soubresaut le redresse et le surprend. Il ne distingue pas encore qui lui parle.

- Je suis pépé ! Je suis venu te voir !

- Ce n'est pas possible mon papi est mort depuis deux ans !

- Non, je ne suis pas mort, je suis là.

Stéphane commence à frissonner et ses cheveux se redressent sur la tête.

- Non, c'est faux ! Mamie m'a toujours dit que les morts ne revenaient jamais dans le monde des vivants !

- Tu crois tout ce qu'on te dit ! Ce sont des sottises ! Tu as cassé la fiole de ta mamie Suzanne, tu n'imagines le chagrin, mon âme se trouvait à l'intérieur, tu m'as délivré. Je ne vais pouvoir rester avec elle et elle ne va pas survivre par ta faute ! le chagrin qu'elle va avoir.

Le coeur bat la chamade, la sueur lui perle sur le front, il étouffe et respire avec difficulté.

- Tu viens de me condamner à vivre sans elle ! Chenapan ! La vengeance sera terrible !

Le placard remue dans tous les sens, Stéphane valse et se cogne contre le bois et hurle fort :

- Arrête ! Arrête ! Je t'en supplie ! Au secours mamie ! Maman !

Les sanglots se succèdent.

- Je veux sortir d'iciiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!

Enfin, le calme revient, Stéphane pense sortir d'affaire, lorsqu'une main aux ongles crochues s'accroche à son pull. Pendant un instant, son imagination lui dicte une mauvaise interprétation par un geste amical, mais bien vite, la main gravit le cou. Les yeux ahuris, la torpeur le paralyse, la voix se brise :

- Pardon pépé.

- Je suis le chuchoteur. Je suis de retour. Je n'ai pas oublié ma promesse.

Stéphane déglutit et figé comme un pic. Ses yeux sortent de ses orbites, minuit sonne. L'heure où les esprits vengeurs se réveillent.

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