Je ne suis pas humaine. Je l’étais, entièrement, jusqu’au bout de mes problèmes, insignifiants, normaux, les études, les amours.

Je ne suis pas vampire. Je ne le serais jamais et ne l’ai jamais été, et pourtant, je brule de leur soif de sang, je respire leur force. Je ne dors plus, je ne meurs plus.

Je ne suis pas louve-garou. Pas vraiment. Je suis louve et la lune me couve, mais je ne suis pas leur férocité, leur démence, leur bestialité. Je vibre d’une énergie qu’ils ne perçoivent pas.

Je suis presque tout ça. Presque.

Je suis née humaine. Puis je suis morte. Lorsque je me suis réveillée, deux yeux bleus, plus froids que l’hiver au cœur desquels était tapie la sauvagerie contenue d’une once aux aguets, étaient là pour m’annoncer ma renaissance.

Une renaissance presque humaine. Pas tout à fait vampire. Pas vraiment louve-garou. Trois espèces en une. Un être vivant pour les uns, mais surtout une denrée inestimable pour les autres, les cupides. Un objet monnayable, une arme de guerre, un cobaye. Je suis née banale, et ma renaissance a marqué une cible au fer rouge sur ma nuque.

Je peux fuir. Passez mon immortalité en cavale et espérer échapper à mon sort.

Mais je peux aussi me battre.

Je ne suis pas un cobaye. Je ne suis pas une chose que l’on désire. Je suis libre d’être entièrement moi-même.

— Tu es prête ?

Je me tourne face aux yeux polaires que j’aime tant, hoche la tête. Je casse une fiole de sang et mon métabolisme s’accélère, je suis presque vampire. Mon nez s’allonge, mon pelage pousse et s’étoffe, mes mains deviennent pattes, je suis presque louve.

— Il est tant de faire la peau à ce fumier !

Je suis presque humaine.