— Fin —

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Je me suis réveillé. Comme si c’était la première fois, alors même qu’il ne devait plus y avoir de réveil pour moi. Je me suis réveillé et j’ai fixé le plafond. Enroulé dans mes couvertures, tout transpirant, j’ai attendu.

Mais je ne suis pas mort.

Le cosmos m’a recraché. Il m’a renvoyé sur Terre, guéri. Soigné. Car la fièvre ne m’étreint plus. Mon étrange maladie s’est diluée dans le vide. Est-ce elle qui a brûlé au soleil ?

Ou bien le soleil est descendu jusqu’à moi, provoquant la fièvre, pour incinérer ce qui pourrissait. Ce qui a tué EE.

Je me sens presque neuf. Quelque chose a muté, en moi. Une fracture a définitivement rompu, laissant s’échapper tout un tas de trucs que je ne parviens pas à identifier. Ils ne sont plus là. Ils ne m’étouffent plus.

Doucement, je me lève. Il n’y a personne d’autre que moi dans ma chambre. Ils doivent tous sagement attendre ma mort. Croient-ils toujours qu’EE a péri dans un accident ? Peu importe. Qu’ils le croient encore, ou qu’ils se soient résignés à la vérité, je dois m’enfuir.

Je prends une longue douche, et je m’habille en vitesse. Je ne prends rien d’autre, je laisse tout derrière moi — à l’exception de mon vélo, qui m’emmène sur une terre nouvelle. Une terre lointaine, par-delà le lac.

Ça prend du temps, et ce n’est pas facile, mais je m’établis dans un coin de forêt. La solitude tempère tout : mes vieilles pulsions meurtrières, la mélancolie qui me surprend parfois, mes souvenirs couleur sépia. Je passe mes journées à travailler la terre. Je regarde l’eau grouiller près de moi. Je compte chaque grain de pain que je laisse sur la table. Souvent, je parle à voix haute. Je parle à la Terre. À EE. Je sais que personne ne m’entend. Que le cosmos n’en a que faire. Que j’ai tué EE sur un coup de tête.

Je passerai ma vie ici, à me souvenir d’EE. À le porter dans ma chair, à chercher son visage dans l’eau qui grouille. Car, quoi que je fasse, il reste ce qui me retient ici, tant qu’il demeure dans ma mémoire. Jamais il ne s’en délogera.

Oui, je passe ma vie ici, seul.

J’attends.

Je n’ai que ça à faire.

Le reste n’a pas de sens.

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