Chapitre 3. Aux portes des Enfers (pt - 3)

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Un pan de maison vola en éclat propulsant du même coup des débris dans toutes les directions. Le silence tomba aux alentours juste après. Toute le monde retint sa respiration. Les soldats qui étaient postés aux barricades tremblaient en arrivant derrière les canons, ils avaient dû battre en retraite immédiatement. La poussière due à la destruction commençait à se dissiper. Parika sentait son sang parcourir tout son corps. Encore, sa vision s’embrouillait avec des flashs de lointain passé, l’obscurité. Son ouïe s’embrouillait à cause des pleurs aux alentours. Elle arrivait à entendre distinctement une femme récitait frénétiquement une prière derrière elle.

Des griffes de métal apparurent et un rugissement macabre, capable de glacer le sang du plus téméraire d’entre eux trancha le silence.

- Une Mah-Goule, dit le chevalier en se relevant

Son rugissement avait repoussé la poussière et l’obscurité autour d’elle. La créature était 2 fois plus grande qu’une des bêtes qu’ils avaient rencontrés jusque-là. Contrairement aux goules normales, elle se déplaçaient sur ses pattes arrières et était courbé. Comme un agent de la mort, ses griffes étaient tachées du sang de toutes ses victimes. Et son visage comme toutes les autres goules avaient perdus sa peau et son crâne qui ressemblait plus à celui d’un humain qu’à celui d’un animal, exhumait toutes ses dents infectes et maculées. Une vision de cauchemar se dépeignit en face de tout le monde. Pendant un instant, ils avaient tous abandonnés l’idée de survivre. Il n’y avait plus aucune issue.

Les canons avaient commencé à délivrer leurs premières salves. La détonation de la poudre avait réveillé le capitaine qui se mit à crier des ordres tandis que les rescapés, pétrifiés par la peur essayaient de trouver un endroit où se cacher, un moyen de fuir la caserne, n’importe où. Par chance elle possédait un dernier retranchement, un souterrain avait été creusé et devait servir d’armurerie. Le problème c’est qu’il était étroit et risqué car les poutres qui faisaient office de soutien étaient fragile, une seule personne à la fois pouvait s’y glisser.

- Faîtes évacuer la caserne, que tout le monde descende dans les souterrains, cria le capitaine à ses soldats

Sans réfléchir ces derniers s’exécutèrent en redirigeant la masse vers l’entrée du souterrain.

Les canons hurlaient, tentant de repousser la bête qui semblait ne pas se préoccuper des vaines tentatives de ses proies pour l’arrêter. Ses yeux étaient fixés sur l’abri alors qu’elle avançait vers celui-ci et que les rescapés tentaient désespérément de fuir dans la discorde absolue. Les tirs étaient imprécis, certain manquaient leur cible. Le stress et la panique avaient détruit intérieurement les soldats qui essayait de faire de leur mieux pour arrêter la Mah-Goule

- Corrige tes tirs, bordel !

- Il bouge trop, j’arrive pas à le toucher

Un boulet s’en vola et atteignit directement le démon à la tête. Dans un sursaut de colère celui-ci poussa un cri de rage, se saisit d’un morceau de roche qui lui bloquait le chemin et le lança en guise de riposte.

- ATTENTION !!!

Le débris tomba sur le canon écrasant les soldats qui n’eurent pas le temps de fuir. Le démon répéta l’action avec d’autres morceaux tout aussi gros qu’il lança cette fois ci vers la caserne faisant ainsi tomber certains archers postaient au-dessus de celui-ci. Les rescapés sous l’effet de la peur se bousculer pour rentrer le plus vite possible. La priorité pour Parika était de faire rentrer les enfants par tous les moyens possibles dans ces souterrains. Elle savait que tout le monde ne rentrerait pas, les soldats aussi le savaient aussi ; elle ne se faisait pas d’illusion. Elle se retourna un instant et elle le vit. Epée à la main, son écharpe soulevée par le vent et armé de sa détermination, il s’avançait et sortait de la caserne. Il semblait étranger à tout cela. C’est comme s’il y était habitué, il ne tremblait pas et marchait avec aisance. Arrivé à l’extérieur, il fixa la bête pendant quelques secondes, fit un moulinet avec son épée comme pour s’échauffer, se mit en position …

Un des soldats qui étaient postés aux canons et qui avait échappés à la pluie que le monstre avait fait s’abattre sur eux avait une jambe coincé sous un morceau de roche. Son camarade essayait de toute ses forces de l’en sortir mais le destin était contre lui. La bête était presque à leur niveau détruisant ainsi toutes leurs chances de survie. Il ne savait pas pourquoi il ne prenait pas ses jambes à son cou, pourquoi il ne fuyait pas, pourquoi il essayait de dégager son camarade alors que celui-ci le suppliait de s’en aller. L’ombre de la bête s’était rapprochée suffisamment pour que celle-ci ne les recouvre entièrement tous les deux. Ils fermèrent les yeux, résolus à mourir

Un coup d’épée salvateur venant des airs, traça une limite infranchissable entre eux et leur mort. Atterrissant avec retenue sur le sol, le guerrier de Lode repoussa le monstre et se mit en travers de lui et des soldats. La différence de taille et de force était notable. Comment arrivait-il à rester calme dans une telle situation alors que le l’ombre de sa carrure le recouvrait entièrement. Jambe gauche en avant, l’épée pointée vers sa cible, respiration calme. Il fixait son adversaire attendant qu’il fasse un mouvement.

- Ton histoire se termine ici, démon

La bête considéra pendant un instant celui qui se prétendait être son adversaire. Elle semblait le mépriser de son regard malsain. Il était aussi immobile que possible, son intervention avait permis au deux soldats de s’échapper et maintenant ils s’éloignaient en essayant de rejoindre l’abri, l’un trainant l’autre.

Sans prévenir, la Mah-Goule leva son bras en l’air et l’abattit sur son ennemi. Celui fit un pas de côté pour éviter le coup mortel et riposta en entaillant profondément le bras du démon avec un coup latéral. Surprise et frustrée, celle-ci recula pour constater sa blessure. De la fumée s’en dégageait. Cet humain était le seul à réellement constituer un obstacle, le seul à avoir fait couler son sang. Le monstre fixa l’arme du chevalier, la lame chauffait et faisait s’évaporer le sang qui y était. La Mah-Goule rugit et fit pousser d’avantages ses sinistres griffes. Elle chargea violement le chevalier et délivra une salve d’attaques rapides. Pas de côtés, roulades, sauts risqués au-dessus des bras de son ennemi, le guerrier évitait chacun des coups de griffes ressemblant à de grandes faux funestes. Ils ne pouvaient pas se permettre de croiser sa lame avec celles du monstre, elle ne tiendrait pas le choc et se briserait. Sa seule option était d’éviter chacun des coups de son ennemie et d’attendre qu’une ouverture se présente. Alors qu’il atterrissait à terre après une esquive, un coup de griffes puissant s’abattit sur lui. Il effectua une parade avec son épée et fit glisser les griffes de la Mah-Goule sur sa lame. Comme pour la première fois, le choc provoqua des étincelles qui éblouirent la bête permettant au chevalier d’attaquait son visage. Sa lame s’embrasa et des flammes l’enveloppèrent alors qu’il donnait un coup à la bête qui la fit hurler de douleur. Le chevalier avait réussi à avoir l’ascendant sur son adversaire. Il lui avait porté un coup critique mais il ne s’en réjouissait pas, ce n’était pas la première fois qu’il dominait un adversaire de cette taille. Au contraire, lui mieux que quiconque savait que le vrai combat était sur le point de commencer. La bête était enragée et devenait ainsi totalement imprévisible. Elle pouvait décider à tout moment de charger la caserne. Son objectif était de la retenir, de la faire se focaliser sur lui, il était hors de question de la laisser faire un pas de plus. Le chevalier se remit en position, il était prêt pour la seconde phase du combat. Il encra ses jambes dans le sol et se tenait en face de la Mah-Goule tel le dernier rempart qu’il était.

Les soldats s’organisaient du mieux qu’ils pouvaient pour endiguer le chaos qui à ce moment-là était le seul gouvernant. Deux soldat étaient à l’intérieur et aidaient les gens à descendre dans le souterrain par l’entrée qui n’était qu’un trou dans le sol. Celui-ci commençait à atteindre sa limite. Ils se bousculaient tous pour essayer de se garantir une place à l’abri, mais bientôt les soldats à l’entrée commencèrent à restreindre l’accès au souterrain. Désespérés ceux qui n’avaient pas réussi à rentrer se mirent à supplier, mais c’était trop tard.

- On ne veut pas mourir ! Par tous les cieux laissez-nous rentrer, cria un homme

Le soldat à qui il s’adressait ne voulut pas ouvrir la bouche pour répondre, il fit un mouvement de tête que toute l’assemblé comprit. Parika eut un frisson qui traversa son corps en un éclair. Elle venait d’avoir une vision claire et nette de ce qui était sur le point de se passer. Ils allaient tous mourir. Des cris et des lamentations se rependirent quand ils constatèrent qu’il n’y avait plus aucune issue. Parika baissa la tête et croisa son regard avec celui des enfants. Germo et Luna avaient les yeux inondés par leurs larmes. Peut-être qu’ils avaient réalisé qu’ils ne reverraient plus leur tante. Elle n’essayait même plus de les réconforter. Elle serrait les poings alors que des images envahissaient tous son esprit. Elle se revoyait enfant, seule, couchée face contre terre dans la neige, sans défense alors que des silhouettes géantes maculées de sang se rapprochaient d’elle, l’entouraient. Parmi tous les cauchemars qui l’avaient hanté durant toute sa vie jusqu’à maintenant, celui-ci était le pire. Elle fut une fois au prise avec la mort et cette sensation était une chose qu’elle avait souhaité ne plus jamais expérimenter. Et pourtant son cœur était sur le point de s’arrêtait et personne ne viendrait l’aidée. Tout était clair pour elle : ce jour-là était leur dernier. Elle se retourna. Le sol et les murs autours d’eux portaient des marques de griffes. Elle voyait au loin le mystérieux chevalier se jetait de toutes ses forces dans la bataille contre la bête dans le seul but de leur gagnait du temps. Malgré un soutient maigres des archers qui se trouvaient sur les murs de la caserne face à cette bête, ses chances de sortir victorieux de ce combat s’épuisaient peu à peu. Ses mouvements n’étaient plus les mêmes. Il commençait à s’essouffler, ce n’était qu’une question de temps avant que la Mah-Goule ne prennent le dessus sur lui et ne l’écrase. Pourquoi n’abandonnait-il pas le combat ? il n’avait personne en particulier à protéger ici. Alors pourquoi était-il si décidé à se sacrifier. La vision de Parika s’obscurcissait au fur et à mesure que ses interrogations et ses souvenirs se mélangeaient en une masse informe. Elle ferma les yeux et s’attrapa la tête au moment où ses yeux ne pouvaient plus contenir ses larmes. Les enfants virent la seule personne qui avait réussi à les réconforter, s’effondrer devant leurs yeux. Il n’y avait plus aucun espoir.

« Je peux te donner un pouvoir si grand que rien dans ce monde ne saura te résister … »

Le temps s’était stoppé. Elle n’entendait plus rien autour d’elle quand elle rouvrit les yeux. Elle se savait entouré, elle voyait tout mais elle n’entendait rien. La seule chose qui résonnait comme un écho dans sa tête à ce moment-là était cette phrase, cette voix qui était si distante et si familière à la fois. Elle revoyait la silhouette à qui appartenait cette voix, dans tous ces souvenirs qui ne formaient plus qu’un seul et même tourbillon. Cette silhouette qui lui avait tendu la main alors qu’elle était dans le froid, aux portes de la mort et qui lui avait proposé « un pouvoir si grand que rien dans ce monde ne saurait lui résister … ». Elle avait accepté la main qui lui était tendue. Cette silhouette, ces mots qui étaient gravés dans son esprit, l’avait tiré de cercle de géants qui était sur le point de l’exécuter

« Ce pouvoir est celui de courber toute chose à ta volonté, … »

Le temps reprit son cours normal au moment où elle le vit. Dans chacun des mouvements du chevalier il n’y avait aucune résignation, il ne se battait pas pour se sacrifier. Il refusait la mort, il la désavouait. Il se battait pour tout autres choses, il se battait pour éviter l’inévitable. Quand cette réalisation la frappa de plein fouet, Parika se sentit mal d’avoir abandonné ne serait-ce qu’un instant, elle ne Lui faisait pas honneur. Elle sécha ses larmes avec le dos de sa main. Elle avait laissé les enfants derrière elle et marchait d’un pas décidé vers l’entrée du souterrain. Le soldat qui en gardait l’entrée faisait barrage avec son corps et tentait de dissuader ceux qui voulaient se frayer un chemin

- Je vous en prie, ne nous laisser pas ainsi, supplia une femme

Elle fondit en larme en s’accrochant au plastron de son interlocuteur

- Je suis désolé, mais il n’y a plus de place …

- Alors prenez les enfants

La voix de Parika sonna comme une cloche à travers les sanglots, clair et déterminée. Le soldat porta son attention sur celle qui l’avait interrompu, elle se tenait fièrement et de son regard perçant elle le fixait

- Il n’y a peut-être pas assez de place pour accueillir plus d’adultes mais les quelques enfants qui reste peuvent rentrer.

L’assemblée se retourna vers la jeune adolescente. Dans un moment de crise, là où les instincts de survie de tout le monde avaient pris le dessus et faisaient lois, cette fille aux yeux bleus dans lesquels on se noyait avait été la seule à n’avoir pas été égoïste. Il y avait des enfants qui en effet n’avait pas réussi à rentrer et eux, parmi tous, étaient les plus effrayés, les plus fragile. Personne n’osait rejeter cette idée et bientôt elle fut acceptée progressivement. Le soldat à l’entrée dans l’action cria

- Les enfants uniquement, mettez-vous en ligne

Très vite ils réunirent les petites âmes qui restaient et les firent rentrer un par un. Germo et Luna embrassèrent une dernière fois Parika

- On ne veut pas te laisser ici, dit Luna alors qu’on lui caressait la tête

- Adieu, s’exclama Germo

Avec le plus bienveillant de ses sourires elle eut le pouvoir de sécher les larmes des deux enfants

- Quand tout sera terminé, on ira jouer ensemble. Je ne vous ai pas encore montré tous mes jeux préférés !

Leurs visages s’illuminèrent de mille feux et plein d’espoirs ils rejoignirent la file qui s’était formée en faisant des grands signes de mains. Parika était soulagée. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour les mettre à l’abri et maintenant ils ne risquaient plus rien. Elle pensait réellement les mots qu’elle avait prononcés. Ils lui avaient redonnés du courage. Et maintenant que tous les dangers étaient écartés pour eux, tous les espoirs ne reposaient que sur le chevalier.

Elle se retourna. Son visage se déforma sous la peur aussitôt. Le chevalier était acculé. Les coups de la bête étaient de plus en plus puissant, il perdait sa concentration et chacune de ces esquives étaient in extremis. Il était à bout de force et pendant un instant elle l’avait vu poser le genou à terre. Le capitaine de la caserne depuis le haut des murs de celle-ci ordonnait, commandait les salves de flèches mais ces dernières s’avéraient inefficaces. Tombant comme une pluie sur la créature elles ne pénétraient pas sa peau. Dans un moment d’inattention le chevalier ne remarqua pas que la Mah-Goule balaya violement devant elle de son bras gauche et fut propulsé en arrière par la force du coup, par chance il avait utilisé son épée comme bouclier. Il glissa sur quelques mètres. Malheureusement il n’eut pas le temps de s’en remettre quand la créature suivit son coup par un autre qui venait des airs juste au-dessus de lui. Le chevalier réagit immédiatement en se servant une fois de plus de son épée comme d’un bouclier. Elle voulait l’écraser, elle mettait tout son poids sur son bras droit. Lui aussi résistait du mieux qu’il pouvait, il avait été pris par surprise. Il voyait de près les griffes de métal du démon, retenues avec pour seul barrière son épée qui pouvait céder d’un moment à l’autre. Il tenta de la repousser en faisant chauffer sa lamer mais le monstre profita de l’occasion pour saisir le guerrier dans le creux de sa main. Il était dans une position critique. La bête le souleva jusqu’à la hauteur de son visage. Elle resserrait son étreinte dans le but de l’écraser. Le chevalier sera les dents, il ne voulait pas satisfaire le démon en laissant échapper ses cris de douleurs. Exaspérée par sa présence, la Mah-Goule lança violement le chevalier vers la caserne. Celui-ci atterri au sol violement après avoir parcouru plusieurs mètres. Le bruit de son épée qui trainait au sol en l’accompagnant. Ce bruit métallique réduisit tous les espoirs qui avaient subsisté jusqu’à maintenant. Le dernier rempart était tombé. Le chevalier était au sol, repoussé presque aux porte de la caserne, inconscient. Les archers postaient sur les murs ainsi que le capitaine furent tétanisé quand la bête croisa son regard avec le leur et pointa l’une de ses griffes dans leur direction en signe terrifiant de provocation.

La Mah-Goule se mit à quatre pattes

- Elle va charger ! cria un soldat

Les cris s’intensifièrent. Le chevalier n’entendait rien. Sa tête bourdonnait alors que des acouphènes l’assourdissaient, son corps lui faisait atrocement mal. Il savait que la panique avait repris ses droits derrière lui mais ce n’était pas important. Ce qui était important, c’était de se relever immédiatement. En aucun cas il ne devait laisser son adversaire penser qu’il l’avait éliminé aussi facilement. Il rassembla et concentra progressivement les forces qui lui restait dans ses jambes. Il bougea un doigt, puis une main et bientôt il avait réussi à s’accroupir. Parika n’en croyait pas ses yeux. Ce guerrier, elle voyait bien qu’il avait due se briser une ou plusieurs côtes à la manière dont il se tenait l’abdomen et pourtant, exténué et blessé il faisait tout pour se remettre sur pied. Le chevalier avait réussi à se tenir debout. Il avait son épée à la main et s’en était servi pour se relever. La jeune fille voulu l’aider dans son combat. Dans cette état il ne pouvait pas l’affronter. Mais elle ne pouvait rien face à un monstre, cette pensée la frustrée, elle se détestait. Cependant dans la cacophonie et le brouhaha elle remarqua des objets se qui se trouvaient non loin d’elle. Ils étaient tombés des murs quand la Mah-Goule avait lancé les roches contre la caserne. Un arc et des flèches. Ils étaient intacts. Elle savait que les flèches n’avaient aucun effet sur la bête, mais inconsciemment elle s’était rapproché de l’arme. Elle s’était baissée pour les saisir. Cette voix, elle l’entendit encore quand elle serra l’arc et les flèches dans ses mains. « Je peux te donner un pouvoir si grand que rien dans ce monde ne saura te résister. Ce pouvoir est celui de courber toute chose à ta volonté, … ». Avec deux flèches dans la main elle s’approcha de la sortie. Le vent s’était levé alors qu’elle était à l’extérieur. Il avait fait levé sa robe, tombé sa mèche contre son visage. Le chevalier qui se trouvait devant elle était en position prêt lui aussi à charger. Elle leva la tête en direction de la bête qui était restée immobile, à quatre pattes, tremblante par moment. Parika lâcha un grand soupir, ses jambes étaient fixes, elle ne faisait qu’un avec le sol. Elle plaça les deux flèches sur son arc et prit une grande inspiration en le bandant. Elle tremblait comme une feuille et ne pouvait s’en empêchait mais au fur et à mesure qu’elle levait son arc la sérénité prenait le dessus. Son objectif comme celui du chevalier était de stopper la bête. Elle pouvait le faire.

La Mah-Goule se lança dans sa course. Le chevalier, péniblement, chargea à son tour. Et pour Parika le temps ralentit

« Je peux te donner un pouvoir si grand que rien dans ce monde ne saura te résister. Ce pouvoir est celui de courber toute chose à ta volonté, même ce qui est gravé ne sera que poussière face à toi. »

Au fur et à mesure que le temps retournait à sa vitesse normale, sa vision s’améliorait. Elle voyait la bête fonçait à toute vitesse vers eux, elle voyait chacune de ses blessures, chacun de ses mouvements. Tout autour d’elle tout devenait gris, peu à peu elle perdait les notions de couleur. Le blanc de ses yeux vira instantanément au noir tandis que le bleu de ses pupilles s’intensifia. Sa cible n’était qu’entièrement grise avec des points bleus apparaissant sur son corps. Deux en particulier brillaient plus que d’autres

Elle lâcha sa corde.

Les flèches s’échappèrent de l’arc et fendirent l’air. Elles fonçaient à toute vitesse vers la cible qu’on leurs avaient désignées. Le guerrier de Lode les vit et sentit passer près de sa tête alors qu’il chargeait et s’arrêta un moment dans l’action. Les flèches atteignirent la Mah-Goule à la tête et l’arrêtèrent dans sa course mortelle. Elles avaient pénétré ses yeux et avaient causé une giclée de sang, la créature se tordant de douleur et s’attrapant le visage, se mit à hurler. Dans la confusion la bête s’agitait. Le chevalier se retourna pour voir d’où venait cette précieuse aide et croisa son regard pendant un instant avec celui de l’archère. Il était impressionné par son geste. Il était captivé par son regard et pas juste par l’apparence étrange de ses yeux mais la détermination qui s’en dégageait pendant un moment. Elle qui avait été dominée par la peur pendant tout ce temps avait réussi à rassembler tout son courage pour lui donner une opportunité. Une opportunité qu’il n’allait pas gâcher.

La bête semblait s’être calmée mais était toujours désorientée, elle pouvait toujours utiliser son odorat pour se diriger. Il lui suffisait de se concentrer sur l’odeur de la chair fraiche. Cependant son odorat fut troublé par une odeur étrangère et imposante qui survint après qu’elle sentit que des flacons s’étaient brisés sur elle. C’était de l’huile. Avant qu’elle ne puisse réagir un bruit assourdissant se rapprochait d’elle à toute vitesse. Le chevalier chargea vers la Mah-Goule en faisant glissée son épée sur le sol derrière lui créant ainsi une magnifique trainée d’étincelles. Arrivé à sa hauteur il leva brusquement son épée les envoyant sur son adversaire qui s’embrasa automatiquement. Pris de panique et sous le coup de la douleur dut aux flammes qui dansaient sur son corps elle recula. Le guerrier profita de la confusion pour se glisser vers le genou de l’adversaire et le trancher d’un coup sec. Le démon à terre, essaya de riposter avec le revers de son bras gauche mais le chevalier en effectuant un pas de coté stoppa le mouvement grâce à sa lame incandescente qui l’entailla jusqu’à l’os. Il retira son bras aussitôt et répéta l’action mais cette fois-ci le chevalier, d’un coup robuste, trancha le bras du monstre à l’entaille précédente. Suivant le mouvement fluide de son geste il enchaina avec un coup à l’abdomen. Il glissait sur le sol et était porté par le vent lui-même. Tel un danseur macabre qui tourmentait sa proie il s’éloigna de la bête en faisant des pas précis, tournoyant et se remettant automatiquement en position d’attaque. Les flammes qui torturaient le monstre commençaient à baisser et soudainement il bondit sur le chevalier. Ce dernier fit un rapide mouvement de la main comme pour pousser l’air devant lui et une déflagration surgit devant le démon qui fut repousser instantanément. La fumée de l’explosion, noire et dense se propageait. Le chevalier savait que ce n’était pas suffisant, il entendait son adversaire se relever. Il était au bord de l’évanouissement. Encore une fois il avait poussé son corps jusqu’à ses plus grandes limites et pourtant il n’en avait pas fini. Il se remit en position et tout bas murmura

- Je ne ressens pas la douleur car aujourd'hui je me battrai jusqu'à ce que tu périsses …

Le combat n’était pas terminé. La fumée commença brusquement à bouger et sans prévenir elle se fendit laissant apparaître une gueule terrible qui s’abattit sur le chevalier. Sans hésitation il se jeta vers la Mah-Goule, épée pointée en avant. La lame traversa le crane du démon en passant par sa machoire et l’arrêta sur place. Les dents acérées de la bête n’étaient qu’à quelques centimètres de son visage et son sang tachait ses gantelets, elle bougeait encore.

- Puisses-tu payer pour tes péchés et les âmes que tu as prises.

Il retira sa lame d’un coup sec laissant son ennemie choir à ses pieds. La Mah-Goule avait poussé son dernier cri. La main qui tenait sa lourde épée tremblait. Il se retourna pour se diriger vers la caserne qu’il avait protégé de toutes ses forces. Ses pas étaient machinaux. Il ne réfléchissait plus et ne remarquait plus rien autour de lui. Tout ce qu’il voyait c’était l’archère à terre inconsciente, exténuée, libérée. Il ne vit pas les soldats qui accoururent vers lui pour l’aider à marcher. Sa vue s’embrumait. Il s’effondra au sol

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