LE CONTE ÉTAIT TRUQUÉ

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LE CONTE ÉTAIT TRUQUÉ OU

( “ On vous avait prévenus, y fallait écouter”)

Deux hommes marchent l'un derrière l'autre sur un chemin de montagne. Le premier est jeune et ne prête pas attention à son aîné qui peine.

Petit à petit le plus jeune prend le large. Le vieux courbé sur son bâton regarde son jeune fils qui s'éloigne.

Il n'y a pas si longtemps il lui tenait la main redoutant le faux pas qui le ferait basculer dans les noirceurs de l'abîme qui bordent les chemins.

Toujours, quand ils marchaient, il lui parlait de celui-ci qui par étourderie ou celui-là par paresse se laisse abuser par les promesses flatteuses d'un bonimenteur.

Il ne sait pas lire et encore moins écrire mais il lui racontait une histoire héritée d'un conteur de passage.

Je vais vous raconté, l’histoire que cent fois mon père m'a radoté.

“Il y a bien longtemps, dans un petit village perché sur une colline, vivait un banquier qui avait une fille.

Elle était bien jolie et son père ne savait rien lui refuser. Elle se savait aimée et abusait de l'amour que le pauvre veuf lui donnait sans calcul.

Il avait beau être riche, il arriva un jours où les caprices de sa fille vinrent à bout de sa fortune.

“Un banquier sans un sous, voilà une catastrophe ! se plaignait-il. Mais comment vais-je faire pour marier ma fille ?”

Il fallait, avant que ça se sache, lui trouver un mari fortuné.

Un énorme problème se posait.

Comment allait-il faire au sujet de la dote ? Car qui dit riche mari dit dote riche( surtout quand la promise s'appelle Elisabeth. Si si je vous l'assure).

Chaque jour qui passait le mettait en soucis.

Pour faire illusion aux yeux de ses voisins et pour ne pas décevoir sa fille, lui le plus honnête des hommes, se servi dans la caisse de ses clients.

D'abord dans celle d'un ami à qui il avait un jour prêté un peu d'argent se disant qu'après tout il lui devait bien ça.

Mais la malchance voulut que ce dernier eut un besoin urgent de ses liquidités.

Il se crut perdu.

Un éclair de mauvais génie lui fît entrevoir une solution qui lui paru d'une grande simplicité.

Il avait comme client un riche seigneur qui jamais ne mettait son nez dans ses affaires.

“Ce n'est pas quelques milliers d'écus qui feront vaciller sa montagne de pièces d'or.”

Le seigneur eu la mauvaise idée de tomber de cheval lors d'une chasse à courre.

Il se brisa le cou et mourut sur le coup.

Les héritiers nombreux accoururent de suite pour voir si le partage allait bien avoir cour.

Le malheureux escroc décida d’envoyer sa fille chez une tante lointaine.

Il se barricada et puis se réfugia tout au fond de ses draps.

Les gens le crurent malade ce qui l'arrangeait bien.

Au bout de quelques jours le village trouva cela très s'inquiétant.

Personne ne répondait aux poings tambourinant la porte de celui qui veillait sur leurs biens.

Les villageois fébriles délèguent l'un d'entre eux pour se rendre à la ville se trouvant à vingt lieues pour trouver un savant qui remettrait sur pieds dans les plus bref délais leur cambiste préféré.

Le farouche volontaire fît la mauvaise rencontre d’une bande de malfrats qui écumait les routes à travers toute la plaine.

Le malheureux n'ayant comme toute possession qu'une bourse trop plate, les brigands demandèrent en échange de sa vie une lourde rançon.

Le maire réunit dans la salle du conseil tous ses concitoyens. Il leur paya un pot, ce qui était un juste retour des choses ( je sais elle est facile mais ça met un peu de sel dans la gabelle) et il leur expliqua l’exigence des ravisseurs.

Heureusement pour l’otage tout le monde l’aimait bien. Le village décida qu'il fallait mettre la main à la poche afin de cotiser la somme demandée

Mais celle-ci était vide pour la simple raison que la somme qui sonne et qui parfois trébuche se trouvait dans le fond du coffre de la banque.

Il fallait à tout prix faire sortir de sa retraite le banquier qui maintenant passait pour un véreux.

Le bourgmestre décida d'envoyer les agents . Quand notre “Argan” entendit qu'on défoncait sa porte et qu'il risquait dans l'heure d'être démasqué, le fourbe s'en approcha et déclara aux perdreaux qu'un client malveillant lui avait mis la peste.( je vous pris d’éviter les blagues les plus salaces).

Les gardes à ces mots s'enfuirent au plus vite et apportèrent la nouvelle au maire médusé.

Il appela le garde champêtre pour lui faire annoncer à qui voulait l’entendre qu'une affaire relevant de la plus haute importance serait débattue le soir même sur la place du village.

Tout le monde était là.( Ceux de Porto-Rico, ceux de Cuba)

On avait allumé les lampions pour que chacun entende bien ce que le maire avait à annoncer.

Tous se doutaient de quoi il s'agissait, mais lorsqu'ils saisirent la teneur du discours, un vent de panique parcouru la foule.

Certains hommes voulaient mettre le feu à la maison qui renfermait le mal dévastateur. Les femmes prirent les enfants dans leurs bras et commencèrent à fuir pour les mettre à l'abris.

C'est à ce moment là que monsieur le curé qui se trouvait sur l'estrade interpella ses fidèles et décréta que seule une messe pouvait éviter le malheur au village.

Il leurs dit que c'était le Seigneur qui leurs envoyait cette épreuve pour les punir de leurs péchés. Il omit naturellement de préciser lesquels. Comme tous étaient pécheurs, ils se mirent à genoux et écoutèrent le prêcheur sachant prêcher.

Cela faisait bien une heure que, la tête baissée, ils marmonnaient des prières lorsque résonnèrent sous la porte des remparts les sabots d'un cheval.

Les premiers qui le virent furent des enfants. Comme ces derniers se mirent à pleurer les parents et les autres se retournèrent aussi.

Sur une majestueuse monture blanche, vêtu d'un costume de cuir noir que l'on devinait de qualité, un homme.

Il descendit avec calme de sa selle et se dirigea vers la foule pétrifiée par la prestance du visiteur.

Quand plus tard on interrogea les habitants au sujet de cet étranger, les hommes le décrivirent comme un être inquiétant, les femmes l’avaient trouvé charmant alors que les enfants l’avait vu comme le diable.

Les gamins s'étaient réfugiés dans les jupes de leur mère pour échapper au regard du nouvel arrivant qui maintenant souriait. Ses traits s'étaient adoucis. Ses yeux reflétaient l'azur.

Il s'adressa au maire à voix haute, il était évident qu'il voulait être entendu par la population.

- Cher ami vous me paraissez quelque peu nerveux. Cette réunion ne me paraît pas refléter la joie. Il se dit dans la contré que vous auriez des soucis avec l'un de vos administré qui se dit malade et qui par sa situation ne vous permettrez pas de sauver la vie d'un homme.

Le maire était de fait (puisqu'il était maire ) une personne intelligente. Il dévisagea son interlocuteur.

Un observateur malin et averti ou mieux sa femme aurait pu lire sur son visage un doute fugace mais, ni l'un ni l'autre n'étaient présents

Le premier ne pouvait habiter au village quant à la seconde, il y avait bien longtemps que d'autres gentils occupaient son esprit qui se logeait à un endroit que les bigotes ne peuvent nommer.

-En effet. répondit le maire. Mais permettez-moi de m'étonner que vous fussiez au courant des malheurs qui frappent notre bonne ville.

- Ce n'est un secret pour personne. Et tout le pays est en admiration devant votre courage. Je parle du courage de tous les habitants et du digne représentant que vous êtes mon cher.

Je me permets à cet instant de l'histoire de faire une petite pause.

Afin de mieux saisir la scène qui se passe sous nos yeux, il faut revenir une bonne heure en arrière.

Chers Hannibaux( pluriel d'hannibal, pour le reste je resterai silencieux comme les agneaux), je vous demanderai de faire un petit effort.

Pour vous faciliter la chose je veux bien vous aider un peu.

Vous voyez la place ? Non ? Un peu de bonne volonté que diable ! Toujours pas ? Bon ! Si j'ai bien compris il va falloir que je me tape tout le boulot.

Fermez les yeux et imaginez:

C'est une douce fin de journée printanière, il a fait chaud et ce soir une petite fraîcheur bienfaitrice vous tombe sur les épaules.

Les femmes se sont drapées de leur châle et les hommes, les poils dressés sur leurs bras nus, se moquent de leur épouse. Les enfants courent au milieu des adultes. Quelques groupes se forment. Les femmes papotent tandis que les hommes discutent ou le contraire, peu importe.

Ils ou elles conversent en attendant que le maire se perche sur l'estrade montée dans l'après-midi.

-j'espère qu'il va nous annoncer de bonnes nouvelles dit l'un

-ça m'étonnerait. Dit l'autre

-ben ! pourquoi ? Dit un troisième

-ça sent pas bon dit le dixième

-ça t'as raison dirent les autres

-y fait soif dit l'un (pas le même l'un que tout à l'heure un autre)

-t'as raison dit l'autre (par contre là c'est le même. Je parle de l'autre pas de l'un.)

-si on allait boire un coup dit le troisième ( débrouillez vous )

-bonne idée dirent les autres (pareil)

Et c'est comme ça que l'auberge des trois faisans se remplit. On y retrouva même quelques notaires taillant le bout de gras avec des bourgeois. On se serrait autour des tables,on se concentrait sur "LE" sujet, on se perdait en conjoncture, l'alcool s'évaporait aidant les paroles à s'envoler alors que les cris restent .

Tout le monde était d'accord pour dire que l'on courait à la catastrophe, et chacun avait sa solution. Même l'un, l'autre, le troisième, le dixième et les autres.

Dehors les femmes s'inquiétaient de savoir comment, sans le sou, elles allaient bien pouvoir nourrir leurs rejetons quand le maire grimpa sur les planches suivi de près par monsieur le curé qui semblait chercher quelque chose ou quelqu'un sous ses chaussures.

On envoya les fils chercher leur père. L'auberge se vida, l'aubergiste suivit ses clients et ferma la porte de son estaminet derrière lui sans bien sûr avoir oublié de préciser que sa porte serait de nouveau ouverte dès le discours achevé.

Les fidèles firent une infidélité à l' angélus qui sonnait à toute volée au clocher de l'église. Il était déjà sept heures, il était temps de se préoccuper de choses plus importantes que les prières, ce qui réjouit la majorité des hommes. (Il ne vous aura pas échappé comme je l'ai raconté plus haut que le goupillon trouve toujours une occasion de mettre en joie ses grenouilles).

Il me faut ici avouer que j'allais oublier de parler des chiens errants qui se trouvaient sur le mail, et qui pour la suite de cette histoire ne revêtent aucune importance mais qui donnent au tableau une autre allure.

Par contre, vous pourriez imaginer les odeurs du figuiers, du chèvrefeuille et du jasmin virevoltantes parmi les dulcinées, les enrobant , les caressant, parfumant leurs chevelures noires de femmes du sud.

Mais nous ne sommes qu’au printemps et la chaleur de cette journée n'est qu'un leurre pour cette bourgade du nord perchée sur un des rares monts, mirages de cette région de plaines, et donc pas de jasmin ni de chèvrefeuille et des femmes au cheveux clairs.

Vu que vous ne possédez aucune imagination et que l'on peut vous faire gober à peu près tout ce que l'on veut, c'est empli d' une grande déception que je m'efforcerai de conclure sans fioriture cette triste histoire.

La fille du banquier tuera son père pour épouser le brigand qui se révélera être le fils de celui qui avait était envoyé par les villageois.

Le père du brigand étant l'amant de la femme du maire qui croyait avoir était élu parce qu'il était intelligent alors que ses électeurs, le considérant comme un parfait imbécile, avaient mis au point ce stratagème diabolique pour se partager le magot du coffre de la banque.

Le seul qui s'en tira sans déshonneur fut le bellâtre qui vint troubler la réunion de cette cité que l'on croyait paisible et qui ne se trouvait là que par simple curiosité.

Conclusion:

Croyez toujours les anciens quand ils vous disent qu'il faut se méfier de ceux qui se révèlent être incapable de tenir leurs contes.

'

Soufflées par les enfants,

Emportées par les vents

Les pensées sont des bulles, Des bulles de savon

Emmenant avec elles Les rêves que nous faisons

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