Vert (encore)

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(inspiré par une épaule (chacun ses influences))

Vert tendre des pousses, vert entre les gouttes de flocon, vert laine des grenouillères et des siestes sur le pouce. Vert des bleus aux jambes, et des fessiers dans l’herbe. Vert piquant des orties et frais humide de l’argile sur les mollets. Verte jeunesse où ruissellent les sources et sauterellent les clairières, nu comme un ver et l'œil papillon de merveilles à saisir. Vert jardin sous la main, plein les doigts de sève et de suc, vert à maquereau des sourires jusqu’aux groseilles. L’odeur vert molleton des cosses de fèves, et le vert sucré de l’eau après les artichauts. Vert entrouvert des paupières qui s’assomment au soleil des déjeuners sur l’herbe, chaleur de pain d’épice, jeu d’enfant et cardamome ; au bout du bois sur l’épaule, baluchon des fruits verts, pommes acides et poires d’ivoire à s’en pincer les gencives. Le vert brin de l’herbe qu’on sirote en creux de dent, dehors sous le cou vert des arbres élégants, la tête pleine d’oiseaux, la pie et le pic vert, le loriot glorieux sur la branche aux cerises.

Vert bouteille de l’enfance évaporée, des messages à l’amer, écume des frissons, la peau comme un herbier, les lèvres qui se découvrent, vert pelage des nuits melon d’eau, vert rêvé des virelangues dans les cahots qui grincent. Vert de zèbre des matins persiennes, le silence d’agave et des plis plein les draps plein le visage, repli vermeil sous la couette des plumes d’étang sans fond ni jour. Le vert des jeudis en bandoulière, vert des thés en terrasse, à parfumer l’été de menthe et verveine, au vert dépôt qui paillette le fond céladon des tasses tièdes.

Vert à pied, à pied les balades, la main à l’écorce, sous la colline qui frémit du vent. Vert mousse des pierres immobiles en racine, vert grimpant, vert liane comme un poème, de lierre et de vigne, vert vierge des sarments enroulés, étole des lignes en tortilles, tapis vert des chemins de bocage.

Vert jauni des années caduques, des jadis rouillés, vert écho des cuivres de pluie et des chansons de bain. Vert bruyère des avants de bohème, du verbe plein la bouche et la verdeur de vivre qu’on a lassée derrière. Vert fissure dans le béton, bouffée d’vert pur, vert bonsaï de salon, poli et empoté, fugace et primordial. Vertige des demains, châteaux de verre des averses subites, vert falaise des corniches aigres-douces, rougissant des colères, bris de vert contre les murs sourds-aveugles.

Le vert écru des espoirs, pourtant, vert des printemps d’après l’hiver, vert miel des vallées de travers et des enfants qui boitent d’avoir trop vieilli. Vert de jamais et de toujours…

Et un dernier, pour la route.

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