Chapitre 18

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Le hurlement de ceux restés à l’intérieur résonne longtemps dans mes oreilles. Ce sont des cris de terreur pure. Julie se cramponne à moi, sa tête contre mes jambes. Elle me sert de plus en plus fort. Un haut le cœur me prend en pensant au destin de tous ceux qui sont dans le salon. Cyril me regarde avec un air apeuré. Il parvient à s’exprimer après quelques secondes :

« Putain de merde ! Qu’est-ce qui se passe ici ?!

- Ecoute, c’est très compliqué… Julie va t’expliquer. »

En entendant son nom, ma sœur relève sa tête. Pendant qu’elle lui explique, je sors mon téléphone portable pour appeler mes parents. La sonnerie parait durer une éternité. J’ai peur qu’ils n’aient pas leur téléphone sur eux. Heureusement, mon père décroche :

« Grégory ? Il y a un problème ?

- Papa ! Il faut que vous revenez tout de suite à la maison !

- Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

Je ferme les yeux pour tenter d’oublier les cris autour de moi. Je déclare enfin :

« C’est la cave. Il y a eu une coupure de courant et, et la cave s’est retrouvé ouverte et allumée ! L’esprit est en train de tuer tout le monde ! J’en ai sauvé quelques-uns mais, il y en a qui sont restés.

- Où est ta sœur ?!

- Elle est à côté de moi. Elle n’a rien.

- On arrive immédiatement. Ne bouge pas. »

Et il raccroche. Cyril me rejoint quelques instants après mon coup de fil. Il a un air grave. Ces yeux expriment toute l’incrédulité du monde. Je le comprends. L’aurais-je cru s’il m’avait raconté une histoire similaire ? Je n’en sais rien.

Je lui fais signe de me suivre pour retrouver les autres. On ne tarde pas à être trempé. Il faut s’éloigner. Je me rends compte que le silence est revenu. On ne perçoit plus que le bruit de l’eau contre le sol. Je crois que c’est bien plus effrayant que les cris. Nous laissons la maison derrière nous. Mon meilleur ami m’attrape par la manche :

« Il y a aucun moyen de butter ce truc ?

- Comment tu veux tuer un truc déjà mort ?

- Ouais c’est vrai. Alors ceux qui sont restés vont tous…

- Oui. »

Il baisse la tête et continue de marcher. Julie tient mon téléphone. Le flash nous sert de lumière dans la nuit noire. On ne tarde pas à voir les autres. Ils se sont abrités sous un grand arbre. Cyril s’arrête soudain de marcher. On dirait qu’il vient de penser à quelque chose. Il relève la tête et je vois une lueur étrange dans ses yeux :

« La machin vit bien dans ta cave ?

- Oui, pourquoi ?

- S’il n’y a plus de cave, il n’y a plus de problème ! Tu me suis ?

- Je ne pense pas que ça marcherait. Condamner la cave serait inutile.

- Je ne te dis pas de la condamner. Faut tout faire sauter. »

Je le regarder, abasourdi. Il n’est pas sérieux quand même ! Si ? Pourtant, en u réfléchissant, ça serait la meilleure solution. Je n’aurais qu’à allumer le gaz et ensuite jeter un briquet dans la maison, une fois que je serais à l’extérieur. Je regarde Cyril dans les yeux avant de déclarer :

« J’y vais. Occupe-toi de Julie ! Fais-en sorte qu’elle ne me voit pas ! »

Sans attendre sa réponse, je lui prends son briquet et je m’élance vers ma maison. Au loi, j’entends ma sœur crier mon nom mais je ne me retourne pas. Je le reverrai vite, il ne faut pas qu’elle s’inquiète. Sur le chemin, entre les flaques et les coulés d’eau, je repère un bout de bois un peu plus gros que les autres. Il pourrait me servir d’arme contre Adélie. Dès que j’aurais mis un pied dans la maison, je serais en danger. Il faudra que je me protège. Pour me tuer, elle doit pouvoir me toucher, donc, moi aussi je pourrais l’atteindre. Je prends le temps de le ramasser.

J’arrive devant la maison. Il y règne un silence glaçant. J’ai la surprise de trouver la porte grande ouverte. Un corps est également étendu. Je le reconnais immédiatement, il s’agit de Lia. Des frissons me parcourent le corps et je vomi sur le sol. Je me rends soudainement compte du danger auquel je me suis exposé. Et si je n’en revenais pas vivant ?

Malgré la peur qui me tétanise, j’essaye de prendre sur moi. Je dois le faire. Sinon, je ne pourrais plus jamais vivre dans cette maison. J’essuie ma bouche d’un revers de manche. Je prends une forte inspiration. Je bloque la porte d’entrée avec une branche qui trainait là. Je me dirige en courant vers la cuisine. Sur le chemin, j’essaye d’éviter de regarder les corps sans vie de mes amis. Je crois que je ne le supporterais pas. Malheureusement, je n’y parviens pas. Ils ont tous la poitrine ouverte. Du sang coule sous eux et s’étant jusqu’au corps suivant. Leurs visages affichent une expression de terreur pure. La bile remonte mon œsophage. Je me retiens de vomir à nouveau de justesse.

Arrivé dans la cuisine, j’ouvre le placard à côté de la cuisinière. Dans le même temps, je pose mon bout de bois sur la table. La bouteille est attachée à un tuyau. Je prends un couteau et tente de la trancher. Comme il me résiste, je décide de le deviser. Cela prend du temps. J’ai peur qu’Adélie pose la porte de la cuisine. Si c’est la cas, je serais totalement piégé. Je soupire de soulagement quand le tuyau se détache. Malheureusement, il n’y a pas d’autres bouteilles.

Je quitte la cuisine en portant mon fardeau. Je me place en haut des escaliers. Je donne ensuite un puissant coup de couteau dans le haut de la bouteille. Je veux décrocher le morceau de métal qui retient le gaz. Le choc contre le métal me fait lâcher le couteau des mains. J’observe mon œuvre pour savoir si j’ai réussi ce que je voulais faire. Ne voyant pas le moindre impact, je recommence. À chaque fois, je me retourne pour voir si elle est derrière moi.

J’arrive finalement à décapsuler la bouteille. C’est à peine perceptible mais l’air peut passer. Je m’apprête à laisser tomber la bouteille dans les escaliers. Mais je commets l’erreur de regarder dans la cave. Adélie est là. Elle me fait une espèce de sourire. Dans sa main, il y a u cœur dégoulinant de sang. Je me fige. La peur rentre en moi et je ne peux plus bouger. Mon propre cœur danse dans ma poitrine. Un son sort de ma bouche sans que je le veuille. Adélie commence à venir vers moi. Elle monte une marche, et encore une, et une autre. Elle vient pour me tuer.

Dans un ultime effort de volonté, je parviens à donner un coup de pied dans la bouteille. Je hurle en même temps. Elle continue sont chemin jusqu’en bas, en percutant 1délie au passage. La bouteille fini sa course dans la cave, à côté des anciennes bouteilles de gaz. Je ne perds pas un instant et fil directement dehors, en sécurité. J’ai réussi la première partie du plan.

Je pense alors aux bouteilles de gaz dans la cave. Si j’arrive à les ouvrir, l’explosion sera bien plus grande. Certes, je ne sais pas si elles sont fonctionnelles, mais c’est un coup à tenter. Le problème, c’est que si je rentre, Adélie me tuera immédiatement. La seule solution qui me permettrait de rentrer sans mourir, c’est de passer par les souterrains. Je fais donc semblant de partir pour ne pas qu’elle m’attende à l’intérieur. Dès que je suis sous les arbres, je fais demi-tour. L’entrée du tunnel est très repérable puisque la terre est retournée. Cyril avait dû mettre toute sa force pour déplacer autant de terre. Je m’y engouffre sans attendre.

Quand j’arrive en bas, une odeur de gaz me prend au nez. Je m’assure ensuite qu’Adélie n’est pas là. Je sors en faisant le moins de bruit possible. Si elle m’entend, je serais bloqué. La cave est ouverte. Je rentre et ferme la porte en laissant tout de même un espace pour faire rentrer de l’air. Sinon le gaz me tuera. Heureusement, la porte ne fait pas de bruit. Les bouteilles sont à ma droite. Ce sont des anciens modèles, tout en longueur. Pour les ouvrir, il faut juste dévisser les bouchons.

Mon cœur bat à cent à l’heure. Je m’active et réussit assez facilement. Je n’ai plus qu’à retourner dans le tunnel et jeter le briquet. Je marche jusqu’à la porte, quand, sans que je n’ai rien touché, elle pivote sur ses gongs. Adélie me fait face.

Je sens mon cœur tomber au fond d’un gouffre sans fin. Je suis bloqué. Je me retrouve incapable de bouger. Je ne peux pas m’en sortir. Elle s’approche de plus en plus de moi. Sa main se tend vers ma poitrine. Ses yeux brillent d’une lueur malsaine. Son sourire sinistre dévoile des dents tordues et sale. Elle a gagné. Je ne peux plus m’enfuir. Elle va me tuer.

Je parviens à faire un pas en arrière avant de tomber sur le sol. Mes genoux ne soutiennent plus mon poids. Le gaz m’engourdit. Je sais que c’est la fin. Je sens les doigts froids d’Adélie sur mes jambes. Comme dans mon cauchemar.

Je ne peux pas abandonner si près du but ! Adélie rampe vers mon cœur, les mains tendue vers ma poitrine. Dans un dernier regain d’énergie, je sors le briquet de ma poche. Je me sens de plus en plus faible.

J’allume le briquet.

En une seconde, tout explose. Je ne sens qu’une immense douleur, puis plus rien. Mes dernières pensées vont à ma sœur.

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